Crédit visuel : Andrey Gosse
Par Maeve Burbridge – Cheffe de la section Actualités
Le campus de l’Université d’Ottawa (Ud’O) est en adaptation constante. Pourtant, le bilinguisme garde sa place en tant que pilier fondateur de l’Université. Pour révéler le point de vue de l’administration et faire face aux lacunes dans le domaine, Patrick Charette, Directeur des communications stratégiques, rend les comptes sur le bilinguisme à l’Ud’O.
La Rotonde: En 2018, le taux d’inscription des étudiant.e.s francophones sur le campus était plus bas que jamais, soit 29%. Est-ce une inquiétude pour l’administration? Si oui, comment planifiez-vous augmenter ce taux?
Patrick Charette: L’Université recrute des milliers d’étudiant.e.s francophones et la proportion se maintient autour de 30%. Il faut se souvenir qu’il y a eu une baisse globale du nombre d’étudiant.e.s en Ontario et au Canada. L’Université a comblé cette baisse en intensifiant son recrutement international.
La Rotonde: L’Ud’O accueille fièrement un corps étudiant international. En quoi recruter davantage d’étudiant.e.s internationaux a influencé la francophonie et le bilinguisme de l’Université?
Patrick Charette: Les données les plus récentes sont de l’automne 2018 et elles indiquaient que l’Ud’O comptait à ce moment-là 12 555 étudiant.e.s francophones, soit 30% de la population étudiante totale. Ces étudiant.e.s internationaux viennent de 145 pays différents: la Chine, l’Inde, le Maroc, le Nigeria, la France, la Côte d’Ivoire, l’Iran, le Congo, le Sénégal et l’Arabie Saoudite sont les top 10. À souligner que cinq d’entre eux sont des pays francophones. L’apport d’étudiant.e.s francophones internationaux est très enrichissant pour la diversité sur notre campus. Ces étudiant.e.s partagent la même langue que nos étudiant.e.s francophones mais viennent avec une différente culture et nous encourageons tous les étudiant.e.s à s’ouvrir à cette diversité. Le recrutement d’étudiant.e.s francophones internationaux a aussi permis de compenser en partie la baisse du bassin d’étudiant.e.s francophones en Ontario.
La Rotonde: Bon nombre des cours offerts à l’Ud’O, notamment en sciences, sont donnés seulement en anglais, bien que l’Université se dise bilingue. Est-ce que l’administration prévoit prendre des mesures pour combler cette lacune?
Patrick Charette: 13 000 de nos étudiant.e.s fréquentent plus de 350 programmes de formation entièrement en français. […] En septembre 2015, l’Université a officiellement obtenu une désignation de ses services et de ses programmes d’études au premier cycle en français en vertu de la Loi sur les services en français (LSEF). Cela garanti la pérennité des services et des programmes en français sur le campus. Il s’agit d’une désignation partielle car en effet, certains programmes ne sont pas complètement offerts en français, notamment dans les domaines des sciences et du génie. L’Université continue à mettre tout en œuvre pour combler cette lacune. Notre recteur a présenté au gouvernement provincial une proposition pour bonifier cette offre de service, une proposition associée à une demande de financement supplémentaire. Les discussions se poursuivent à ce sujet.
La Rotonde: À l’Ud’O, les étudiant.e.s ont le droit de remettre leurs travaux et communiquer avec leurs professeur.e.s en français ou en anglais. Toutefois, plusieurs professeur.e.s de l’Université sont unilingues. Cela ne contredit-il pas le mandat de l’Université?
Patrick Charette: Je peux vous dire qu’il y a des obligations de bilinguisme associées à l’embauche des professeur.e.s réguliers, en vertu de la convention collective de l’Association des professeur.e.s de l’Université d’Ottawa (APUO).
La Rotonde: Selon vous, quels sont les points forts de l’administration présente quant au bilinguisme et quels sont les points à améliorer?
Patrick Charette: L’Ud’O est la plus grande université bilingue française-anglaise au monde. […] Le contingent d’étudiant.e.s francophones sur notre campus est de près de 13,000, ce qui en fait un groupe plus important que certaines universités au Québec. Nous sommes un pôle d’attraction non seulement pour les étudiant.e.s mais aussi pour les chercheur.e.s francophones qui voient en l’Ud’O une tête de pont pour faire avancer leurs recherches et créer des partenariats au Canada et en Amérique du Nord. Nous avons l’un des plus importants programmes d’immersion en langue française au pays ce qui nous permet d’exposer des milliers d’anglophones et francophiles à la richesse et à la diversité de la culture francophone, tout en consolidant leur bilinguisme. […] Mais ce n’est pas parfait. Il y a des choses à améliorer par exemple au niveau de la qualité de la langue dans certains services sur le campus, mais l’Université y travaille.
La Rotonde: Quel message l’administration voudrait-elle livrer aux étudiant.e.s de l’Université par rapport au bilinguisme et à la francophonie?
Patrick Charette: Les étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa devraient être fiers de leur université où ils peuvent étudier, travailler et se divertir en français et en anglais. Cette année, le UoShow a mis en vedette Loud, ce n’est pas rien! L’Ud’O représente une force pour la francophonie ontarienne et canadienne.