
Faculté des études supérieures et postdoctorales : Quand transformation rime avec disparition
Par David Beaudin Hyppia
Dans le but d’alléger sa charge de travail et d’effectuer ses tâches plus efficacement, la Faculté des études supérieures et postdoctorales continue sa métamorphose. Le 8 juin dernier, les membres du Sénat de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont, une fois de plus, approuvé la restructuration de la faculté des études supérieures. Elle continuera de reléguer la grande majorité de ses tâches aux autres facultés de l’U d’O. Claire Turenne-Sjolander, doyenne de la Faculté, se dit en accord avec les changements apportés à la faculté.
Un plan qui ne fait pas l’unanimité
Ce plan de remodelage, qui découle directement du projet Destination 2020, vise à décentraliser la Faculté en question. Depuis quelques années, ses pouvoirs décisionnels et ses tâches ont été graduellement transmis aux autres facultés, qui possèdent leurs propres écoles d’études supérieures. Certains s’inquiètent de cette fragmentation et considèrent qu’il serait imprudent d’abolir la Faculté. « Il ne s’agit pas d’une abolition de la Faculté, mais bien d’une restructuration », nous rassure la doyenne. « De tels changements sont nécessaires », ajoute-t-elle. D’après l’U d’O, cela rendrait l’expérience étudiante plus agréable, puisque ceux-ci n’auront plus à souffrir d’une bureaucratie inefficace.
Avec l’augmentation des inscriptions aux études supérieures, la Faculté n’arrivait plus à répondre efficacement à la demande. Encombrée par la bureaucratie grandissante, l’U d’O veut éliminer les redondances dans son système. « On veut que le système soit plus efficace, pour qu’il soit efficace, pas juste pour sauver de l’argent », affirme Mme Turenne-Sjolander. Au début de la décennie, la création des écoles d’études supérieures, particulière à chaque faculté, avait permis à la Faculté de se délester de quelques tâches. Dès lors, ce sont ces écoles d’études supérieures qui verront leurs tâches augmenter.
La GSAÉD, l’Association des étudiants diplômés, exprime clairement son désaccord face aux mesures prises par l’université. En effet, l’Université n’aurait consulté que 73 personnes, dont 9 étudiants, 31 professeurs et 14 administrateurs académiques pour produire son rapport. L’Association dénonce le manque de rigueur de l’Université quant aux consultations.
La GSAÉD déclare que le rapport du groupe de travail ne propose pas d’alternative quant à quelle instance prendra en charge la grande majorité des tâches de la Faculté lorsque celle-ci sera dissolue.
De plus, l’Association ajoute que les demandes d’admission seront grandement affectées, au détriment des étudiants. « Comme il n’y aura plus de standards englobant l’ensemble des facultés, comment prouver alors que chaque demande sera traitée de la même manière dans chaque faculté? » demandait Giancarlo Cerquozzi, commissaire aux affaires universitaires de la GSAED dans son discours au Sénat présenté le 8 juin dernier. Pour la GSAÉD, cela nuira à l’expérience étudiante, puisque les étudiants qui font des études supérieures n’auront plus de faculté bien à eux.
« C’est un processus que plusieurs des grandes universités à l’échelle du pays ont déjà entamé, et qui est le résultat très direct de la croissance que l’Université a vécu tout au long de la décennie », déclare la doyenne. Elle croit que la Faculté doit s’adapter à sa nouvelle réalité. L’ancien professeur Denis Rancourt affiche son mécontentement face à cette décision sur son blogue U of O Watch et explique que cette lente restructuration cherche à donner plus de pouvoir à l’Université quant à la direction des facultés. Il appuie la décision de la GSAÉD.
Une restructuration lente
Cela fait bientôt 10 ans que l’Université modifie petit à petit sa structure interne. On peut lire dans le procès-verbal de la réunion du Sénat, le 18 octobre 2005 : « En faisant un suivi de la double cohorte [c.-à-d. les cohortes de 2e année pour la maitrise et en 4e année de pour le doctorat, ndlr], on apercevra une croissance importante au niveau de la maitrise en 2007-08 et au niveau du doctorat en 2009-10 ». La population étudiante inscrite dans un programme de deuxième ou de troisième cycle a effectivement quadruplé les années suivantes.
Chaque année, le Sénat approuve la restructuration de la Faculté. Plus il y aura d’étudiants, plus les restructurations se multiplieront. En 2011, à la rencontre du mardi 29 mars, les membres du Comité de planification scolaire ont alors décidé de ce qui serait fait dans les dix années à venir : « Au terme de la discussion on convient d’explorer plus en profondeur l’option de créer une école décentralisée ». La doyenne confirme cet énoncé.
Enfin, le 8 juin 2015, la menace d’abolition est apparue. Si tout va comme prévu, l’U d’O serait la première université au Canada à abolir sa Faculté d’études supérieures et postdoctorales.
*Dans une version préliminaire de l’article, le nom de la doyenne de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, Claire Turenne-Sjolander, avait été mal orthographié.