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Exploitation des sables bitumineux : Une croissance qui créerait des inégalités

25 novembre 2013

– Par David Beaudin Hyppia et Marc-André Bonneau –

Un rapport portant sur les conséquences économiques des sables bitumineux, publié par Équiterre et par l’Institut Pembina, remet en question les bénéfices de l’exploitation de ce pétrole, souvent reconnu comme étant « le plus sale » au monde.

Intitulé « Risques Bitumineux », ce rapport présente les conséquences économiques de l’exploitation du pétrole albertain. D’emblée, cette étude évoque que « la croissance de l’industrie des sables bitumineux a permis à quelques régions du Canada de s’enrichir considérablement. En 2011-2012, le gouvernement albertain a tiré 4,5 milliards $ en redevances de la production des sables bitumineux, ce qui représente 11,4 % des recettes totales du gouvernement ».

Toutefois, cette croissance non renouvelable a aussi augmenté les inégalités entre les provinces. L’exportation du pétrole albertain à l’international influence la valeur de la devise canadienne de façon importante. Le rapport indique que puisque le prix du baril est à la hausse, la valeur du huard monte. Cette croissance a des conséquences négatives sur d’autres marchés.

L’industrie a pris une telle ampleur qu’en moins de dix ans, l’impact économique sur le secteur manufacturier s’est fait grandement ressentir. Selon Serge Coulombe, enseignant en économie à l’Université d’Ottawa, « Le boom a amené une appréciation du dollar canadien, ce qui a amené une baisse de la compétitivité de nos exportateurs, particulièrement des produits manufacturiers, que l’on retrouve surtout en Ontario et au Québec. Il y aura près de 200 000 pertes d’emploi. »

M. Coulombe a expliqué qu’« au Canada, on connait un boom des ressources naturelles qui est [conséquent de] l’une des créations de richesse les plus importantes que l’on ait observées depuis les dix dernières années. Cela représente plus de 50 % de la hausse des revenus. Le gros de la création revient dans trois provinces, soit l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve. Les gains directs n’ont pas été bien répartis entre les provinces canadiennes. »

Selon le rapport, plus d’un tiers du ralentissement observé dans le secteur manufacturier est dû à l’exportation de ce pétrole. Les disparités qui sont créées entre les provinces sont importantes. De plus, l’investissement fait dans les sables bitumineux pourrait contribuer à d’autres secteurs de l’économie canadienne. Il est lisible sur le site d’Équiterre qu’« une étude antérieure montrait qu’un investissement d’un million $ dans les énergies propres suffit à créer 15 emplois, tandis que la même somme ne crée que deux emplois dans le secteur pétrolier et gazier. »

M. Coulombe a cosigné une recherche qui indique qu’« entre 2001 et 2011, les disparités entre les provinces ont augmenté de 10 %. » Celui-ci évoque que « les revenus des ressources naturelles ont tendance à augmenter et diminuer très rapidement, ce qui fait que c’est un secteur très instable, et cela rend l’économie canadienne plus instable. […] C’est sûrement la façon la plus couteuse pour produire du pétrole, au niveau environnemental et économique. »

Le rapport, qui est disponible sur le site d’Équiterre, conclut que « la population canadienne a droit à un débat éclairé et inclusif concernant l’évolution de son économie ». Comme cette étude le rappelle, cette exploitation a des conséquences qui vont au-delà des finances albertaines.

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