Charlotte Côté
Cet incident n’a rien de commun, mais il nous interpelle : le 13 décembre dernier, au bout d’une heure et demie d’examen, les élèves du cours Introduction to Microeconomics sont informés que l’examen qui devait durer trois heures n’en durera que deux. La panique s’empare des élèves et la tension monte. Pour ajouter au drame, le professeur, Paul Makdissi, est en déplacement professionnel à Hawaï.
« Certains pleuraient à la sortie de l’examen », raconte une étudiante qui a préféré rester anonyme. La toute première session d’examens des étudiants d’ECO1104 a commencé d’un très mauvais pied. « 1 h 30 après le début de l’examen, on nous annonce qu’il ne nous reste que 30 minutes pour le compléter », raconte-t-elle, « nous étions furieux ».
Le professeur, Paul Makdissi, avait confirmé la veille par courriel que l’examen durerait trois heures. Il était cependant absent, donnant une conférence au Annual Health Econometrics Workshop à l’Université d’Hawaï aux États-Unis. Il s’explique : « C’est un malentendu. J’étais convaincu que j’avais dit 3 heures et [le responsable de l’examen croyait que ne n’était que] 2 heures. »
Frustration étudiante
« C’était une situation stressante : on devait se concentrer sur nos autres examens, mais on ne pouvait arrêter de penser à celui d’économie qui s’était si mal passé », explique Jake Quinton, étudiant du cours.
Certains ont contacté Mireille Gervais, directrice au Centre des droits étudiants. Ils n’ont pas été les seuls. « Le professeur lui-même m’a contactée, reconnaissant son erreur et affirmant que des mesures seraient prises pour régler le problème », explique Gervais. Le fait qu’un professeur soit aussi proactif est assez rare selon elle.
La situation s’est envenimée lorsque Makdissi s’est rendu compte que les étudiants, à la suite de leur expérience d’examen, avaient publié des commentaires négatifs sur son profil de RateMyProfessors.
Makdissi, affirmant être ouvert aux commentaires constructifs, faisait face selon lui à des propos « diffamatoires, inacceptables et absolument inappropriés ».
Dans un courriel adressé à ses étudiants le 17 décembre, il leur conseille fortement de supprimer immédiatement ces commentaires. « J’ai l’intention de faire plainte au Service de police d’Ottawa pour cyberintimidation si les commentaires sont toujours en ligne », écrit-il.
La menace aurait porté fruit : « certaines personnes se sont empressées d’écrire des commentaires positifs; d’autres ont supprimé leurs évaluations négatives. Sa moyenne sur le site est passée d’un 2.2 à un 4 en quelques heures », partage Quinton.
Dans ce même courriel, Makdissi tente de calmer le jeu : « Seule 1 heure et 30 minutes ont été accordées aux étudiants pour écrire leur examen dans des circonstances normales ». Il assure que les copies seront évaluées cas par cas et que des mesures seront prises pour corriger le tir. Il finira par baisser le dénominateur de l’examen à 80 au lieu de 100, ce qui fera augmenter la moyenne du groupe à 75 %.
Introuvable sur la toile
Depuis ce temps, le profil de Paul Makdissi a disparu du site web. Les administrateurs nous ont confirmé que « tout instructeur d’une université canadienne peut demander la suppression de son profil sur notre site ». « Les commentaires ne respectaient pas les conditions d’utilisation », explique Makdissi, selon la clause sur la diffamation.
En attendant, Mireille Gervais nous assure que les étudiants paraissent satisfaits des accommodements de leur professeur, car elle n’en a plus entendu parler.