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Étudier à distance

Crédit visuel : Andrey Carmo – Directeur artistique 

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste

Après un peu plus d’une semaine en confinement, l’ennui ne se pointe pas à mon horizon. Mi-impressionnée, mi-étourdie par ce que nous sommes tous en train de vivre, je tente tant bien que mal de trouver des solutions pour réussir ma session.

Je commence, malgré tout, à me faire une idée de ce que signifie une session virtuelle. Chacun.e semble le vivre assez différemment.

Certain.e.s étudiant.e.s y trouvent assurément un avantage. Victor Pelletier, étudiant en anthropologie à l’Université d’Ottawa (U d’O), affirme qu’il a plus de temps pour faire ses dissertations finales. « Je suis moins stressé et je dors mieux », explique-t-il.

Pour ma part, lorsque j’ai appris que l’Université fermait, je me suis dit que j’aurais plus de temps pour réfléchir, faire une promenade ou même créer. J’ai pourtant réalisé bien assez vite que ce ne serait pas mon cas.

Un tourbillon d’informations

Afin de retrouver un semblant d’organisation, ma vie est maintenant régie par les alarmes : 30 minutes de tel devoir, une heure de cours en ligne par-ci ou une entrevue téléphonique par-là. J’ai du pain sur la planche. Ça avance vite une session sur le net.

Le temps me semble passer plus vite et j’ai l’impression que ma tâche de travail a doublé. Et ce, malgré le fait que plusieurs projets auxquels je participais ont été annulés.

Je réalise l’importance qu’est de sortir de chez soi pour étudier. C’est vital ! Maintenant que je reste toujours au même endroit, j’ai l’impression que tout se mélange : école, journal, dodo, famille. Ma concentration et mon sens de l’organisation en sont grandement affectés.

Le fait de consulter constamment Internet est sur le point de me rendre folle. Je suis toute confuse : la toile numérique est un trou sans fin et les possibilités sont sans limites. À cela s’ajoute le fait que la lumière de l’écran m’épuise aussi considérablement. Je n’ai donc parfois pas le choix, même si je n’ai pas achevé mon travail, de fermer mon écran et de ne plus l’ouvrir pour le reste de la journée.

Une précieuse leçon

Malgré l’anxiété et la fatigue, je demeure reconnaissante d’expérimenter ce mode de vie singulier. Oui, oui, vous avez bien lu : je pense que cela fait du bien que l’on soit obligé de sortir de notre zone de confort.

Je crois que je n’ai jamais aussi bien saisi ce privilège de l’accès à l’éducation que je possédais. La vie a maintenant plus de goût pour moi. Bien que je participe à des séances de groupe en vidéos, la présence d’autres humain.e.s physiques autour de moi lorsque j’étudie me manque. L’échange direct n’est plus le même lorsque des écrans nous séparent.

C’est comme si le rôle de l’Université prenait tout son sens lorsque l’on n’y a plus accès. Je ressens que j’ai mûri ces derniers jours. Toutes les leçons qui, dans un autre contexte, paraissent parfois banales semblent prendre leur sens dans une situation de crise comme celle-ci.

Je me retrouve face à moi, encore face à moi et de nouveau face à moi. C’est un peu comme si la vie me demandait quel est était mon degré réel d’autonomie. Je comprends que pour le moment, je dois diminuer mes attentes envers moi-même. Ce que nous sommes en train de vivre n’est pas ordinaire. Ça bouscule notre quotidien : une vie numérique, c’est pour moi une vie appauvrie. Il me manque les bruits de fond, les rires et les sourires de mes collègues, mes courses entre les cours et les conversations sans écrans.

J’ai hâte et je crains en même temps l’après de ce confinement. Je me demande ce qu’il va en rester. Maintenant, que nous avons un point d’histoire en commun avec le reste du monde, la vie semble prendre une toute autre couleur. 

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