Essai controversé de Jean-Pierre Couture : Des étudiants exigent des clarifications
– Par Elise Vaillancourt –
Dans une lettre déposée le 14 mars auprès d’Allan Rock, recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O) et de Marcel Mérette, doyen de la Faculté des sciences sociales, 23 étudiants demandent l’obtention de davantage de renseignements en rapport au congé de maladie de Jean-Pierre Couture, professeur à l’École de sciences politiques de l’U d’O.
Dans cette lettre, trois exigences sont formulées: la mise au clair par l’administration du récit de ce cas dérangeant ; la nature des plaintes portées contre Jean-Pierre Couture, les critères d’évaluation et les acteurs en lien dans cet enjeu ; l’engagement du doyen à traiter ce litige de manière juste et transparente pour la communauté universitaire.
Un congé de maladie inhérent à la mauvaise réception de l’écrit?
Le 4 mars dernier, La Rotonde rapportait que le congé de maladie de M. Couture, qui devait alors s’étendre jusqu’au 14 mars, semait de nombreux doutes dans la communauté universitaire. Au cœur de cette polémique, la publication de l’ouvrage Les nouveaux visages du nationalisme conservateur au Québec, coécrit par M. Couture et Jean-Marc Piotte, professeur retraité de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Les auteurs dénonçaient, par le biais de leur essai, l’existence d’une « maison » d’intellectuels nationalistes conservateurs au Québec, qui tenterait « au nom d’un passé mythifié et d’une nation surplombante et divinisée, [de] liquider l’héritage des multiples luttes pour la liberté, l’égalité et la solidarité qui ont traversé le Québec ». Sur la base de cinq critères, les auteurs sont parvenus à identifier ce qu’ils croient être les six têtes d’affiches de ce mouvement. Les idées présentées par les auteurs ont été mal reçues et de nombreuses plaintes internes et externes ont été déposées contre M. Couture. « Il y a beaucoup de rumeurs qui […] viennent faire le lien entre les plaintes et le congé de maladie de Jean-Pierre [Couture] », expliquait Xavier Dionne, candidat au doctorat supervisé par le professeur. Depuis lors, le congé de maladie de M. Couture a été prolongé jusqu’au 15 avril.
Des précisions demandées
C’est par la dénonciation du flou régnant autour du départ de M. Couture que les 23 signataires de la lettre ont choisi de s’organiser pour demander à l’administration davantage d’informations. « Nous cherchons plutôt à rappeler à l’administration de la Faculté des sciences sociales qu’elle se doit d’assurer un climat universitaire dynamique, discursif, ouvert, et parfois même polémique. L’École d’études politiques ne doit pas chercher à occulter les enjeux politiques universitaires auxquels elle prend part », est-il écrit dans ladite lettre.
Ainsi, plutôt qu’une prise de décision dure et ferme, l’objet premier de la lettre est d’avoir plus d’informations sur ce dossier, expliquent Remi Latulippe et David Beaudin Hyppia, tous deux étudiants de quatrième année en sciences politiques et signataires de la lettre. « On n’est pas là pour le défendre, mais pour savoir ce qui se passe. On veut que l’Université sache que les étudiants sont conscients de la situation et qu’ils désirent être informés […]. On est laissés dans le flou total par l’U d’O en ce moment, on ne peut pas laisser faire », explique M. Hyppia. Pour sa part, M. Latulippe rappelle que l’acte n’est pas purement symbolique et qu’une réponse de l’Université est attendue par l’ensemble des signataires de la lettre.
« Je pense que [M. Couture] se soucie de nous, il ne veut pas trop qu’on s’engage dans ces batailles. C’est quelqu’un qui n’a pas froid, qui n’a pas peur de se défendre. Il est important de comprendre que les propos exprimés proviennent de nos propres réflexions », précise M. Latulippe.
Jusqu’à présent, l’Université reste muette sur ce dossier, justifiant ce silence par « l’obligation de maintenir et de protéger l’aspect confidentiel et privé des renseignements personnels des étudiants et des employés tel que stipulé par la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée. »