– Clémence Labasse –
Lundi 4 avril, lors de leur rencontre mensuelle, les sénateurs de l’Université d’Ottawa (U d’O) se sont retrouvés confrontés à une réalité du campus trop souvent oubliée entre les quatre murs de la salle du Sénat de Tabaret. Carolyn Laude, toute nouvelle conseillère principale aux affaires autochtones de l’U d’O leur a exposé les résultats de trois mois intensifs de travail sans passer par quatre chemins. La Rotonde a rencontré la gestionnaire mohawk pour en apprendre plus sur la situation des étudiants autochtones à l’U d’O.
La Rotonde : Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein de l’Université?
Carolyn Laude : Mon mandat est divisé en deux points. Tout d’abord, je suis chargée de conseiller l’U d’O dans les affaires autochtones, en fonction de son orientation stratégique, et je dois également faire la liaison entre les programmes et les facultés qui ont déjà des programmes en place et les étudiants pour créer un réseau de ressources plus complet.
LR : Comment est-il possible d’augmenter la qualité des services offerts aux étudiants autochtones, ou tout simplement leur visibilité sur le campus?
CL : Eh bien, il est nécessaire de savoir qui ils sont avant tout. La première phase de mon travail consiste à établir le profil démographique des étudiants issus des Premières nations, Métis et Inuits, ou PNMI, à l’U d’O. Je me suis rendu compte que si l’Université a des chiffres officiels, à ce jour nous n’avons aucun moyen de savoir combien d’étudiants autochtones parcourent véritablement les couloirs du campus. Il y a 990 étudiants déclarés, mais ce chiffre ne représente pas la réalité, tout simplement parce que les moments où les étudiants peuvent s’identifier sont trop rares : soit lors de leur registration à l’école avec le OUAC, soit quand ils répondent au questionnaire de fin de programme, en 4e année.
LR : Qu’avez-vous appris à ce jour?
CL : Nous savons maintenant que le taux de rétention de ces étudiants est très faible. 29 % partent après leur première année, et 31 % après la seconde. Les étudiantes autochtones ont 30 % moins de chance de finir leurs études que leurs congénères. De plus, il semblerait qu’il est 15 % moins probable que les PMNI anglophones finissent leur diplôme que les francophones. Un fait troublant enfin est que seuls 4 % de cette population utilise les services de soutien proposés par l’Université. Clairement, les structures en place ne marchent pas.
LR : Quelles sont les prochaines étapes maintenant?
CL: Je vais tout faire pour qu’un processus de self-identification soit mis en place avant la fin de l’année fiscale. Je savais ce que je faisais lors de ma présentation au Sénat, il faut que le travail se fasse de façon plus horizontale à partir de maintenant. Je veux que l’Université considère les personnes, et non les nombres; des personnes avec un éventail d’expériences bien réelles et différentes.