Actualités
Par Mathieu Tovar-Poitras
Le Centre des Ressources autochtones est un service dont le mandat est d’offrir une multitude de services pour la communauté autochtone présente à l’Université d’Ottawa (U d’O). La semaine dernière, La Rotonde rencontrait Morning Star, ainée en résidence. C’est le sourire aux lèvres qu’elle a accepté de discuter de son rôle et des réalités de sa communauté.
La Rotonde : Quel est votre rôle à titre d’ainée en résidence?
Morning Star : Mon rôle est d’inspirer et de conseiller les étudiants, les membres du personnel et les employés de l’Université, qu’ils soient autochtones ou non. Je vais parler dans des salles de classe et j’organise différents ateliers ainsi que des cérémonies qui permettent aux étudiants d’atteindre leurs objectifs et de faire ce qui les inspire vraiment. Mon travail comme ainée est de leur transmettre les enseignements de nos traditions afin de les aider à contrôler leur vie physique, mentale, émotionnelle et spirituelle.
LR : Comment décrivez-vous cette dimension spirituelle?
MS : Pour moi, la spiritualité vient du cœur, et ce qui vient du cœur est sacré, comme la compassion, l’entraide et la paix intérieure. Tous ont une manière unique de savoir comment être spirituel à leur façon. Il faut parfois travailler pour identifier sa propre conception de la spiritualité, mais la spiritualité est pour nous tous. Tous ont une manière unique de savoir comment être spirituel à leur manière.
LR : Que constatez-vous quant aux ressources offertes par l’Université à la communauté autochtone?
MS : Il y a plusieurs autochtones sur le campus que nous ne connaissons pas, et qui ne nous connaissent pas. Nous devons travailler là-dessus. Pour les ressources, ce serait bien d’avoir un endroit où nous pouvons faire du tambour, chanter et bruler nos herbes purificatrices. C’est très important d’avoir ces activités culturelles, de prier et de se purifier, parce que ces rituels permettent aux étudiants de se sentir heureux, forts et valorisés.
LR : Quelles sont les préoccupations le plus souvent abordées avec vous?
MS : Les étudiants autochtones me consultent sur plusieurs dimensions. Les préoccupations émotionnelles et psychologiques sont souvent mentionnées, comme l’anxiété et la solitude. Vous savez, quand on étudie dans certains programmes qui parlent des Premières Nations ou de la colonisation, des souvenirs du passé peuvent revenir à la surface. Certaines émotions peuvent resurgir, et ils veulent en parler avec quelqu’un, partager cette expérience de manière confidentielle. Mon travail est de les conseiller d’une perspective spirituelle et traditionnelle.
LR : C’est donc une manière de les aider à se rapprocher de leur culture?
MS : Oui, et c’est important de le faire parce que cela nous permet de renforcer notre identité. C’est notre droit d’avoir accès à notre culture après qu’elle nous ait été prise, après le génocide que nous avons vécu et toutes les difficultés que nous avons dû combattre à travers l’histoire. Plusieurs autochtones viennent ici et commencent à en apprendre davantage sur leurs origines. Certains n’ont pas grandi sur des terres ancestrales et d’autres oui, mais ne sont pas vraiment en contact avec leur culture. On leur offre un point de départ. Il faut comprendre qui nous sommes afin de savoir où nous allons.
LR : Inspirer les jeunes est donc une raison importante pour vous d’être ici, n’est-ce pas?
MS : Exactement! C’est mon idéal le plus haut. J’espère être un espoir et une véritable source d’aide pour les jeunes. C’est si important pour moi, et je le dis du fond de mon cœur, parce que moi non plus, je ne connaissais pas ma culture lorsque j’étais plus jeune. [Pause] Je suis une survivante du système résidentiel. On m’a pris de ma famille lorsque j’étais enfant, et, avec le temps, j’ai retrouvé mon chemin vers ma vraie identité. J’aimerais dire à tout le monde, autochtone ou non, étudiant ou membre de la communauté universitaire, que ma porte est toujours ouverte afin d’aider d’autres personnes à trouver l’équilibre et l’harmonie à travers ma culture.