Entrevue web
Par Miléna Frachebois
La Rotonde : Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer en politique municipale ? Qu’espérez-vous changer dans la communauté ?
Matt Lowe : Je me suis engagé dans la politique parce qu’on m’a volé ; ils m’ont volé moi, mes voisins. Je pense que je n’ai pas bien été représenté par l’Armée du Salut. Je vis dans un quartier, je suis un immigrant. Je crois qu’une fois que tu es citoyen d’un pays, et que tu votes, tu devrais être protégé. C’était dans ma liste de choses à essayer, et je sens que c’était le temps pour le faire. Je ne comprends pas pourquoi on a autant de problèmes parfois, on a tous ces groupes et je pense que je peux régler ça.
LR : Comment comptez-vous remédier à la hausse des prix des loyers dans la Côte-de-Sable ? Qu’en est-il des étudiant.e.s universitaires dans ce débat ?
ML : On a besoin d’avoir des réglementations, et on doit faire sûr que si vous payez un loyer élevé, vous avez un meilleur service. Vous payez trop de loyer et en ce moment on ne sait pas comment faire. Ça commence avec le conseil municipal et je suis d’accord que les loyers sont trop élevés, même pour des appartements de 3-4 chambres c’est trop cher. Je peux aller n’importe où dans mon quartier et pour 500 $ tu peux avoir une chambre décente. Les étudiants paient ça pour une toute petite chambre. Je pense qu’il ne faut pas seulement compter sur le niveau municipal, mais aussi sur le niveau provincial. Pour l’instant, je n’ai aucune idée comment on peut le faire au niveau municipal. Dans ma position d’outsider en ce moment j’ai besoin de faire partie du conseil pour avoir des idées sur qu’est-ce que peut faire un conseiller, quel est son pouvoir. Cela est un problème, mais sinon ça fait perdre de l’argent à quelqu’un et quand ces corporations perdent de l’argent, ils n’aiment pas ça. Parce pour une personne c’est rien, mais si tu baisse le loyer de 1 000$ pour 1 000 personnes ça fait beaucoup d’argent. Je pense que ces développeurs vont résister. C’est très difficile de cette façon de répondre au problème.
LR : Quel est votre point de vue vis-à-vis des maisons à chambres, qui deviennent de plus en plus problématiques pour les résidents de la Côte-de-Sable ? Quelle est votre solution ?
ML: Ma solution est plus de tours de logements abordables. On a besoin d’au moins un ou deux bâtiments comme 45 Mann pour tous les étudiants, pas seulement les premières années. On en a vraiment besoin de 2 car Mann est plutôt rempli pour les étudiants de différentes années, et moins cher, parce que 1 000 $ une chambre… C’est ce que je paie pour plusieurs chambres. On doit avoir un système de réglementations proactif pour s’assurer qu’il y a un accès à une salle de bain, un espace pour étudier, accès au Wi-Fi, etc. On ne doit pas en construire plus, on doit réguler celles qui existent. On doit aussi limiter le nombre de personnes par espace.
LR : Environ 25 % des résidents d’Ottawa-Vanier sont nés à l’extérieur du Canada, comment comptez-vous améliorer leur intégration à la communauté ?
ML : C’est moi ! Premièrement c’est offrir un accès gratuit à des cours de langue pour les personnes de tous âges, en incluant les adultes ; on a besoin de plus d’éducation pour les adultes. Si vous sponsorisez une famille, vous vous assurez que la famille soit informée sur la communauté ; à quoi elle peut s’attendre, où elle va, et quelles langues sont parlées. Car la langue est une grosse barrière, spécifiquement si tu vis à Gatineau ; je sais par expérience ce que c’est que d’être immergé dans une langue que tu comprends pas donc la langue et l’éducation culturelle sont des priorités. Vanier francophone offre beaucoup de choses pour les gens mais je pense que c’est important de guider les nouveaux arrivants. C’est très important, particulièrement pour moi, car quand je suis arrivé je n’avais aucune idée à quoi m’attendre. Et je veux rendre cet accès à des cours de langues gratuits, on a des médicaments gratuits, des services gratuits, donc je ne vois pas pourquoi les cours de langues ne peuvent pas être gratuits, surtout que ce sont les deux langues officielles du Canada, donc faire payer pour apprendre une des deux langues officielles serait vraiment une mauvaise idée. Si moi j’avais eu cet accès-là, mon français serait bien meilleur.
LR : Que pensez-vous du projet de construction d’un refuge de l’Armée du Salut dans le secteur Vanier et des répercussions qu’il pourrait avoir dans le quartier ?
ML : Je ne suis pas d’accord, c’est vraiment une mauvaise chose. Pas seulement pour la communauté mais aussi pour les gens qu’ils mettent dedans. On parle de 350 personnes avec des lits superposés. Je suis totalement contre cela. La communauté a demandé à Mathieu Fleury ce qu’il savait. Et il n’a pas de réponse claire. Dans les deux dernières semaines, on a reçu trois de ces courriels qui disent que nous sommes hors contexte, alors que quand je vois les emails, quasiment une année avant, où il mentionnaient même l’Armée du Salut, et le projet, il savait. Il savait un an avant que ça soit public, il peut le nier, demander du soutien mais le fait est : il nous a menti. Ces emails montrent clairement qu’il savait cela des mois, voire des années avant que la communauté le sache. Je supporte l’idée de 42 à 50 lits, j’aimerais voir pas plus de 50 lits par logement, éparpillés dans différents quartiers. L’Armée du Salut accueille 150 personnes et c’est beaucoup. Je ne sais pas comment l’Armée du Salut est une association chrétienne qui peut faire ça pour sa communauté. C’est mauvais pour eux, la communauté, les gens. Je n’aime pas l’Armée du Salut. Ça me fait commencer à donner à des charités plus petites. La solution serait de plus petits refuges, placés dans chaque quartier.
LR : Les candidats à la mairie ne semblent pas particulièrement intéressés par la question de la francophonie, comment comptez-vous assurer que la francophonie garde sa place à Ottawa-Vanier ? Appuyez-vous une ville bilingue ?
ML : Oui, je suis pour une ville bilingue. L’habileté de parler français ne veut pas forcément dire mauvais ou bon dirigeant. Le maire parle français et ça fait 8 ans qu’il essaie de régler le problème.