Mathieu Fleury
Par Maeve Burbridge
La Rotonde : Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer en politique municipale ? Qu’espérez-vous changer dans la communauté ?
Mathieu Fleury : Ça fait déjà 8 ans que je suis élu et c’est un privilège pour moi de représenter les résidents de la Basse-ville, la Côte-de-Sable et Vanier. Je me suis présenté pendant 8 ans avec les mêmes ambitions : d’améliorer la communauté et travailler en concert avec la communauté pour relever des défis. Pour moi, dès que je me suis lancé dedans, j’ai voulu aider.
LR : Comment comptez-vous remédier à la hausse des prix des loyers dans la Côte-de-Sable ? Qu’en est-il des étudiants universitaires dans ce débat ?
MF : On a assisté à un débat hier organisé par l’Association des étudiants en science politique, et on a parlé des enjeux qui touchent les étudiants, donc évidemment on a parlé du logement abordable. Le plus grand défi qu’on a dans cette partie de la ville c’est malheureusement que le milieu locatif est très cher pour les étudiants, et moi, ma responsabilité, c’est de faire mon possible pour assurer qu’il y a des logements abordables et locatifs. Je fais partie du conseil d’administration pour la Société de logement communautaire d’Ottawa, on est le plus gros propriétaire de logement abordable en ville. On veut travailler avec l’Université d’Ottawa pour bâtir des résidences sur le campus pour augmenter le nombre de logements pour étudiants sur le campus. On travaille aussi sur plusieurs fronts pour encourager la construction d’appartements locatifs, mais il n’y a pas de solution facile.
LR : Quel est votre point de vue vis-à-vis des maisons de chambre, qui deviennent de plus en plus problématiques pour les résidents de la Côte-de-Sable ? Quelle est votre solution ?
MF : Malheureusement la ville a amalgamé en 2001, et il y a eu un genre de changement de zonage qui a malheureusement permis les maisons à chambres qui ne sont pas bonnes pour la communauté, qui ne sont pas bonnes pour les étudiants non plus. On reçoit beaucoup de plaintes des étudiants. J’essaie de changer les lois de zonage depuis que j’ai été élu, une par année, pour protéger les espaces patrimoniaux à la Côte-de-Sable. Certains bâtiments et rues doivent être protégés, et on continue à travailler sur ça. Les propriétaires doivent être mis au défi de faire ce qui est mieux pour la communauté, et mettre une attention particulière aux espaces qui sont pour les étudiants et les jeunes professionnels.
LR : Environ 25% des résidents d’Ottawa-Vanier sont nés à l’extérieur du Canada, comment comptez-vous améliorer leur intégration à la communauté ?
MF : On doit travailler à enlever les barrières de l’accès aux services municipaux, les centres récréatifs, les piscines, les cours, ou que ce soit les services municipaux généralement. L’important pour les nouveaux arrivants c’est l’emploi et le logement. On va tâcher d’avoir des logements le plus tôt possible, au niveau des emplois je pense que la diversité de la communauté doit absolument être reflétée au niveau de l’administration municipale. Il y a beaucoup de travail à faire.
LR : Que pensez-vous du projet de construction d’un refuge de l’Armée du Salut dans le secteur Vanier et des répercussions qu’il pourrait avoir dans le quartier ?
MF : Tous les candidats municipaux sont du même avis que le refuge ne devrait pas être bâti. L’année passée, on a rassemblé la communauté, on a battu les records de présence communautaire, on a fait des présentations à l’Hôtel de ville, mais malheureusement on a perdu le vote. La prochaine étape est d’aller en cour. Ce qui nous préoccupe pour le moment c’est la levée de fonds pour amener en cour la meilleure équipe légale. Pour moi, la priorité, c’est de réduire le nombre de gens dans les refuges en bâtissant plus de logements abordables et avec services d’appui. Le but des refuges est de sortir les gens des rues et leur trouver un endroit où vivre dans un délai de 80 jours, chose qui n’est pas réalisée en ce moment. Alors ce dont on a besoin, c’est le logement. Il faut aussi fournir de l’aide au niveau de la santé mentale. Il faut un continuum rapide. Les gens se retrouvent dans la rue et en quelques jours ils ont accès à un logement et des services stables pour une longue durée. En ce moment, les gens vivent de nombreuses années dans les refuges, chose qui est malheureuse et inacceptable.
LR : Les candidats à la mairie ne semblent pas particulièrement intéressés par la question de la francophonie, comment comptez-vous assurer que la francophonie garde sa place à Ottawa-Vanier ? Appuyez-vous une ville bilingue ?
MF : C’est moi qui ai amené le projet d’Ottawa bilingue à la chambre des élus municipaux. On a pu avoir l’appui de la majorité des conseillers, et on a travaillé avec notre partenaire provincial pour amener les modifications à Ottawa et en Ontario, et rendre Ottawa officiellement bilingue de manière non juste symbolique mais aussi pratique. Les services doivent être offerts en français ou au moins des traductions, et on doit amener un plan stratégique pour savoir quels sont les objectifs pour les services en français, incluant les services municipaux dans les prochaines années.