
Entrevue avec Mehdi Hamdad : « Le bilinguisme est ancré dans ma démarche artistique »
– Par Julien Dupont –
Leader du groupe de rock Mehdi Cayenne Club, d’origine algérienne et française, ayant vécu au Québec, en Acadie et en Ontario, Mehdi est un musicien actif dans la région et au-delà. Avec six nominations au Gala des prix Trille Or et à quelques semaines du lancement du deuxième album du Club, le jeune homme a le vent en poupe. Dans un café du Marché By, l’auteur-compositeur nous a livré ses impressions sur ses futurs projets, le bilinguisme dans sa musique, ainsi que sa démarche artistique.
La Rotonde: Quand as-tu commencé à jouer de la musique?
Medhi Hamdad: Mes parents n’avaient pas les moyens de me payer des cours de musique, mais nous avions un petit clavier sur lequel j’aimais bien me défouler. J’ai commencé la guitare à quinze ans pour impressionner une fille dont j’étais amoureux. Bien du chemin a été parcouru depuis.
LR: Parle-moi de l’album de ton groupe qui sort prochainement.
MH: Na Na Boo Boo est notre deuxième album et, encore une fois, tout a été réalisé de manière indépendante. C’était à moi de coordonner le tout: subventions, production, distribution… C’est beaucoup de travail, mais ça ne me dérange pas. J’aime apprendre mon métier et j’ai l’intention de faire de la musique toute ma vie, du coup acquérir cette expérience est primordial.
LR: Mehdi Cayenne Club est nominé au Gala des prix Trille Or. Dans quelles catégories? Quelles sont tes attentes par rapport à cette cérémonie?
MH: Nous sommes nominés pour meilleur(e) pochette, site web, découverte, réalisation – c’est Olivier Fairfield qui est nominé –, vidéo – pour la chanson « O Canada » –, et groupe qui s’est le plus illustré hors Ontario. Je préfère ne pas me concentrer sur les prix. Être nominé et avoir la possibilité de jouer sa musique sur des chaînes de télévision à grande audience, en direct, c’est déjà bien.
LR: Comment vit-on l’expérience d’artiste bilingue à Ottawa, en Outaouais et au-delà?
MH: Il y a une espèce de schisme entre Gatineau et Ottawa. On dirait qu’on ne traverse pas vraiment les ponts et c’est bien dommage. Quant au bilinguisme, il y a souvent confusion, parfois on n’a même pas le temps d’être mal vus, on n’est juste pas vus. Personnellement, j’essaye d’ouvrir les portes et de célébrer le transculturel. Je suis impliqué dans le maintien et le développement de la francophonie dans la région, je vais souvent dans des écoles secondaires pour partager mon expérience avec les jeunes. Je pense que, pour qu’une culture survive et s’épanouisse, elle doit être constamment ouverte aux autres, sinon c’est le déclin qui l’attend. Ceci dit je n’essaye pas d’être une icône francophone, même si je comprends que je remplis parfois ce rôle aux yeux des jeunes pour lesquels nous jouons. J’écris en anglais et en français, et c’est l’esprit de la chanson, la prosodie et l’idée ou l’émotion qui guident mon choix, et non l’idéologie, même si cela fâche certains puristes. Je cherche un rapport émotionnel plutôt que conceptuel avec l’auditoire.
LR: Quelles sont vos échéances les plus immédiates?
MH: Le lancement de l’album aura lieu fin mai. Nous aurons des spectacles entourant la date de lancement du disque. Nous jouons au Bluesfest le 13 juillet. Il est possible de découvrir le groupe sur Facebook, Bandcamp et iTunes.