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Entrevue avec Meghan Ede, la « fée des technologies »

14 octobre 2021

Crédit visuel : Dot Findlater – Courtoisie

Entrevue réalisée par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités 

Meghan Ede, surnommée la « fée des technologies », travaille à l’Université d’Ottawa (l’U d’O) depuis le début de la pandémie de la COVID-19. La Faculté des sciences sociales (FSS) l’a engagée afin d’aider à la transition des cours en présentiel vers les cours en ligne, puis des cours en ligne vers les cours bimodaux. Une cinquantaine d’étudiant.e.s, les pixies, l’aident dans cette tâche. La Rotonde s’est entretenue avec elle pour en découvrir plus sur son parcours, son rôle au sein de l’Université, ainsi que son opinion sur le système d’enseignement bimodal.

LR : Quel a été votre parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui, avant votre arrivée à l’Université d’Ottawa ?

ME : Je suis née dans le nord de l’Ontario, j’ai étudié à l’U d’O, mais je suis allée travailler aux États-Unis, à la Silicon Valley, dans le domaine de l’expérience des utilisateur.ice.s (user experience). L’an dernier, je suis allée visiter mon fils à Montréal, mais, je ne sais pas si vous avez remarqué, il y a eu une pandémie. Puisque Donald Trump ne prenait aucune mesure pour y faire face, j’ai décidé quand la frontière a été fermée que ce serait mieux de rester au Canada.

Je connais la doyenne de la FSS de l’U d’O, qui m’a demandé, lorsque le campus a fermé en mars 2020, d’aider les professeur.e.s à transitionner vers l’enseignement en ligne. En effet, le Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage (SAEA) n’avait pas assez d’employé.e.s pour y faire face.

LR : En quoi consiste votre travail en tant que tech fairy ?

ME : Au début de la pandémie, j’ai expliqué comment utiliser Brightspace, Zoom ou encore Adobe Connect aux professeur.e.s, et j’ai répondu à leurs questions techniques. J’ai voulu leur montrer comment on pouvait profiter d’internet et de l’enseignement en ligne. J’ai été surnommé la fée techno, un titre que j’apprécie beaucoup.

Lorsque les cours étaient encore exclusivement en ligne, la FSS m’a permis d’engager des étudiant.e.s en coop. Ils.elles aidaient les professeur.e.s avec des petites tâches, comme la programmation de questionnaires ou la lecture de PowerPoint, afin d’alléger leur charge de travail.

Depuis le retour partiel en personne en septembre, j’ai commencé à engager des pixies, dans le cadre du régime travail-études, afin d’assurer le bon déroulement des cours bimodaux. J’ai également animé des formations cet été pour préparer les professeur.e.s à ce nouveau mode d’enseignement hybride. Beaucoup de professeur.e.s avaient d’ailleurs oublié leur mot de passe ou leur carte d’accès, après un an sans en avoir besoin !

LR : Comment définiriez-vous le rôle de ces pixies ?

ME : Il peut être difficile pour les professeur.e.s d’enseigner à la fois en ligne et en personne. Pour pallier ce problème, les pixies se rendent dans les salles de classe pour s’assurer que le système fonctionne et pour répondre aux demandes des professeur.e.s. Ils.elles sont présent.e.s pendant le cours pour gérer la caméra, le chat et, de façon générale, être là en cas de problème. La présence de la pixie permet d’éviter que l’attention du.de la professeur.e doive constamment se diviser entre deux groupes, entre deux façons d’enseigner.

LR : Est-ce selon vous une bonne chose que la Faculté des sciences sociales ait cette année décidé d’offrir des cours bimodaux ?

ME : Absolument. Même si avoir des étudiant.e.s en ligne et d’autres dans la classe peut être difficile, la plupart des professeur.e.s sont vraiment heureux.ses de pouvoir retourner à l’enseignement en présentiel sur le campus. Les professeur.e.s ont également beaucoup progressé depuis mars 2020 avec l’enseignement en ligne et la maîtrise des différentes plateformes.

L’enseignement en ligne puis l’enseignement bimodal ont permis d’ouvrir le champ des possibilités, de développer des choses merveilleuses auxquelles on ne pensait pas avant. La possibilité de choisir d’étudier en ligne permet également à n’importe qui de suivre des cours à l’U d’O, peu importe où l’étudiant.e se trouve dans le monde.

Je ne pense pas que l’U d’O veuille devenir une université en ligne, je pense qu’elle comprend l’importance du contact humain dans l’enseignement. Néanmoins, pour l’instant, il faut profiter du matériel, des possibilités qu’offrent les nouvelles technologies et de l’expérience d’une année d’apprentissage en contexte de pandémie.

LR : Quel a été selon vous l’impact du passage aux cours en ligne sur l’avenir de l’éducation ?

ME : Il y a eu des impacts négatifs de la COVID mais aussi beaucoup de changements positifs : on a révolutionné la manière d’enseigner, qui n’avait pas changé depuis si longtemps. L’éducation en ligne a radicalement changé les façons d’enseigner, d’évaluer les étudiant.e.s, de communiquer avec eux.elles.

Cela a permis aux professeur.e.s, surtout ceux.celles qui sont un peu âgé.e.s, d’ouvrir quelque chose. Les cours en ligne ont changé la manière dont on interagit et nous ont paradoxalement à la fois éloignés et rapprochés. Tout le monde est loin mais aussi tellement proche, car il n’y a plus de sièges éloignés, les élèves sont tou.te.s d’une certaine manière au premier rang. Certain.e.s étudiant.e.s qui n’auraient jamais participé aux cours en présentiel ont levé la main ou ont écrit dans le chat, ont eu des contacts avec les profs qu’ils.elles n’avaient pas auparavant.

LR : Vous avez beaucoup de responsabilités à la FSS. On pourrait dire que le système entier des cours bimodaux repose sur vous. De plus, vous gérez une équipe assez importante d’étudiant.e.s. Comment réussissez-vous à gérer cette pression ?

ME : J’aime les étudiant.e.s, ils.elles sont fantastiques, ils.elles m’étonnent ; je n’étais pas aussi mature à leur âge, je n’avais pas autant d’expérience du monde. Cela me plaît d’être proche des étudiant.e.s, d’aider les professeur.e.s. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans ce travail pendant la pandémie. Cela fait presque 30 ans que je travaille dans la haute technologie, et c’est un secteur créatif et excitant, où l’on crée un nouveau monde, mais c’est aussi beaucoup de travail et de pression.

C’est un vrai cadeau de pouvoir aujourd’hui retourner à la vie universitaire et rencontrer des étudiant.e.s et des professeur.e.s. Tout le monde a changé avec la pandémie, moi cela m’a permis d’être ici et m’a donné du temps pour essayer de nouvelles choses. J’ai actuellement plus de 50 pixies sous ma responsabilité, je n’avais jamais géré un aussi gros groupe avant.

Les étudiant.e.s ont de très bonnes idées. J’essaie de leur laisser un espace pour qu’ils.elles puissent essayer de nouvelles choses, puissent découvrir leurs capacités. Je les encourage à jouer avec la technologie. J’espère que cela leur servira dans leur vie future et dans le cadre de leur profession. J’espère créer un espace où l’on peut avoir des échanges, où des étudiant.e.s de toutes les facultés et de diverses capacités peuvent apprendre les un.e.s des autres.

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