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Arts et culture

Christian Guay-Poliquin : « Ce qui compte, c’est l’envie de créer »

Crédit visuel : Joan Morejón — Courtoisie

Entrevue réalisée par Athéna Akylis Jetté-Ottavi — Cheffe du pupitre Arts et culture

Christian Guay-Poliquin est auteur québécois, titulaire d’un doctorat en études littéraires, chargé de cours et écrivain en résidence à l’Université d’Ottawa (U d’O). Il participera, le 21 mars prochain, au colloque « Écrire à l’air du temps : s’inscrire dans son époque par le biais de la littérature », organisé par le Département de français de l’Université.

La Rotonde (LR) : Quelles sont vos principales influences littéraires et philosophiques dans votre écriture ?

Christian Guay-Poliquin (CGP) : L’écrivain français Hubert Mingarelli a eu une grande influence sur moi. Il écrit des histoires simples, sur des moments du quotidien qui prennent une signification profonde. 

J’aime les auteur.ice.s qui valorisent une écriture accessible et épurée. Au Québec, je suis influencé par des écrivain.e.s qui explorent le territoire sous différentes formes, comme Mathieu Arsenault, dont le regard critique et urbain sur les régions m’a marqué.

LR : Vos romans abordent souvent la survie, l’isolement et la résilience humaine. Pourquoi ces thèmes vous fascinent-ils autant ?

CGP : Ce sont des thèmes qui mettent à l’épreuve les relations humaines. Dans mes romans, il ne s’agit pas d’un monde post-apocalyptique, mais d’un simple fait : il n’y a plus d’électricité. Cela modifie profondément les dynamiques sociales. L’électricité qui s’éteint met en lumière des tensions, des peurs, et oblige les personnages à se redéfinir. 

LR : Comment votre écriture a-t-elle évolué à travers votre trilogie (Le Fil des kilomètres, Le Poids de la neige, Les Ondes filantes) ?

CGP : Il s’est écoulé dix ans entre le premier et le dernier livre. J’ai voulu créer une certaine cohérence en conservant le même univers et le même style : une narration à la première personne, des phrases courtes et simples et une atmosphère où la panne d’électricité sert de toile de fond. Pour mon quatrième roman, j’essaie d’écrire avec plus de spontanéité, moins de rigueur construite, pour expérimenter une nouvelle approche du récit.

LR : Comment voyez-vous l’avenir de la littérature québécoise et francophone au Canada ?

CGP : Malgré un contexte culturel incertain, la littérature québécoise est vivante et variée. Elle a évolué, s’ouvrant à des thèmes plus diversifiés. Il y a 20-30 ans, on était encore beaucoup centré sur la survie du français, alors qu’aujourd’hui, on voit des œuvres plus assumées et ambitieuses. Cependant, il faut continuer à défendre et promouvoir notre littérature, notamment à l’international. La traduction joue un rôle clé pour faire rayonner nos œuvres canadiennes.

LR : Quels conseils donneriez-vous aux étudiant.e.s en littérature et en création littéraire, ou à tou.te.s ceux.celles souhaitant se lancer dans le monde des lettres ?

CGP : Mon premier conseil serait d’accepter le doute et de ne pas hésiter à travailler. Ensuite, je leur dirais de faire lire leur travail, de trouver trois ou quatre lecteur.ice.s de confiance, qui sont en mesure de donner des retours honnêtes, avant d’envoyer le texte à un.e éditeur.ice. Puis en dernier, se méfier du statut d’écrivain.e. Il ne faut pas se laisser écraser par les critiques négatives ni s’enivrer par le succès. Ce qui compte, c’est l’envie de créer et de continuer.

LR : Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec l’U d’O ? 

CGP : L’U d’O est un pôle central pour la culture francophone au Canada. Elle est située dans la capitale, en dehors du Québec, mais proche de lui, ce qui en fait un espace stratégique pour le développement et la diffusion de la littérature en français. Elle soutient la création par des initiatives comme la résidence d’écrivain.e, des cours de création et divers événements littéraires.

J’y suis écrivain en résidence, ce qui implique d’enseigner, de donner des conférences et d’accompagner les étudiant.e.s en mentorat. J’interviens aussi dans des événements, comme le Salon du livre de l’Outaouais. J’aime particulièrement échanger avec les étudiant.e.s sur leurs projets, les aider à développer leur réflexion et leur écriture.

LR : Que pouvez-vous nous dire sur votre prochain roman ?

CGP : Je suis en train de le terminer. Il sortira en hiver 2026. Chaque nouveau projet est un défi : il faut plonger entièrement dedans, c’est à la fois confrontant et stimulant. Ce sera une exploration différente de mon écriture.

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