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Arts et culture

L’ile intérieure d’Alejandra Ribera

Arts et culture

Par Myriam Bourdeau-Potvin – Cheffe de pupitre Arts et culture

ENTREVUE

La jeune femme sera de passage au CNA le 17 mars pour présenter son plus récent opus, This Island. Rencontre avec une auteure-compositrice-interprète qui n’a pas peur d’explorer le monde de possibilités de la musique ni de philosopher sur ces moments musicaux « entre la suspension et le relâchement, qui englobe un monde possibilité et de potentiel ».

La Rotonde: Comment avez-vous commencé à faire de la musique?

Alejandra Ribera : Je suis originaire de Toronto. C’est là que j’ai étudié la musique et commencé ma carrière, j’ai toujours été attirée par la musique déjà enfant, surtout la musique classique. C’est principalement ce qu’on écoutait dans ce temps-là : la radio CBC jouait de la musique classique le jour. […] J’ai aussi été dans des chorales. C’était toujours une expérience très profonde pour mon petit corps de sentir toutes ces voix résonner autour de moi. Il y avait quelque chose de magique que je ne comprenais pas, mais que j’aimais bien. […] Ensuite j’ai commencé à apprendre la guitare et à écrire de la musique et à environ 26 ans j’ai commencé à jouer de la musique dans les bars à Toronto. J’ai été très chanceuse, après seulement un an je pouvais vivre uniquement de ma musique.

LR: Comment comparez-vous votre plus récent album, This Island, à votre premier, La Boca?

AR : Cet album, il n’y avait pas de producteur. J’ai vécu à Montréal pendant trois ans, puis j’ai commencé la tournée en trio avec deux gars de là-bas et je suis tout simplement tombée en amour musical avec eux. Il y avait tellement de chimie entre nous et j’ai décidé de faire confiance à cette énergie que nous vivions en spectacle et à la réaction qu’on obtenait de la foule pour essayer de capturer ça en studio. On voulait faire quelque chose de simple et direct. Quelque chose de très honnête, et d’ajouter seulement ce qui était absolument nécessaire. Pour La Boca, j’avais cet extraordinaire producteur de renommée internationale qui pouvait créer de magnifiques arrangements très riches. Cet album a donc beaucoup de couches, ce qui donne une atmosphère sonique différente et un sentiment très différent [de l’album plus récent], qui donne plutôt l’impression d’être dans notre salon, avec une ambiance plus intime.

LR: Cette ile, est-ce que c’est celle de Montréal?

AR : C’est en quelque sorte l’ile de Montréal, et c’est aussi le sentiment que j’avais à ma première année à Montréal puis ma première année en France. Parce que quand je suis arrivée à Montréal, je ne comprenais pas un mot de français. On m’invitait à des fêtes, mais je restais très gênée. À Paris, j’étais devenue à peu près fluide en français, ou du moins le français canadien. Assise à une terrasse avec un café, j’avais parfois ce sentiment d’être une complète étrangère. Je me sentais comme une ile qui regardait tous ces bateaux passer en espérant que l’un d’eux s’arrêterait sur ma côte pour me donner de l’attention! J’étais plutôt seule. C’est donc cette solitude que je ressentais d’abord comme barrière linguistique, puis parce que j’étais dans un tout nouveau pays. Ça parle des moments où on se sent isolé, c’est ça l’ile.

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