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Arts et culture

Entretien avec Philippe Brach : Monsieur Révélation de l’année

Par Didier Pilon

Révélation de l’année de l’ADISQ. Révélation de l’année Radio-Canada. Grand gagnant de la 18e édition des Francouvertes et de Ma première place des Arts. Décidément, la carrière du Saguenay-Jeannois Philippe Brach a pris son envol. Fraichement revenu d’une première tournée en France, l’auteur-compositeur-interprète sera de passage au Centre national des Arts le 23 avril pour partager son folk sale et contemplatif.  

La Rotonde : Ta carrière est déjà bien décorée, mais tous ces prix semblent te laisser un peu indifférent. Quelle est ton opinion de ces distinctions?

Philippe Brach : Ben tsé, moi je m’en câlisse un peu de ces affaires-là. J’y attache pas beaucoup d’importance. Je sais déjà où je m’en vais dans la vie et j’ai pas besoin de ça. La concrétisation de ma carrière, c’est quand je couche des créations sur une bande sonore et que j’endisque un album.

Le Félix, ça ne représente aucune vérité autre que le choix de quelques personnes dans l’industrie. C’est cool, mais ça ne me fait pas un pli sur la poche. Si je suis allé l’accepter, c’est pour publiquement remercier toute l’équipe Spectra qui se donne corps et âme tout au long de l’année.

LR : Tes chansons, quoique parfois très belles et poétiques, explorent aussi le côté crasseux et laid du quotidien. Comment ces images reflètent-elles ta vision du monde?

PB : C’est pas autant ma vision du monde, mais plutôt de mon monde. C’est dans mes jours d’inconfort que mon crayon se fait aller. J’aimerais bien ça écrire des belles affaires quand je suis en amour, mais Dany Bédar le fait trop bien. À chaque fois que j’écris de quoi du genre, je ne suis pas satisfait. C’est pas mon range. Ce qui fait la cut, ça reste les tounes plus dark.

LR : Tes vidéos débordent d’images sordides au style des films d’exploitation – prostitution, violence extrême, vomissure, abus de substance – mais avec une mise en scène polie et artistique. Quelle est l’importance de ce contraste dans ton expression artistique?

PB : Je m’inspire beaucoup des réalisateurs que j’aime quand je fais mes vidéoclips : Gaspar Noé, David Fincher, Quentin Tarantino. J’ai travaillé avec Akim Gagnon pour tous mes clips à date et c’est ce que ça l’a donné. Mais j’aime ben ça aller à d’autres endroits aussi, c’est juste que professionnellement, je n’y suis pas allé encore. Comme là, on est en train de faire le clip d’« Alice » avec Chloé Robichaud et on est complètement ailleurs. Ma zone de confort, c’est bien, mais je ne m’empêche pas de me challenger.

LR : Ton premier album, La foire et l’ordre, devait s’appeler Les années suicidaires. Pourquoi ce changement de dernière minute?

PB : Ce que je voulais au début sur la couverture, c’était une peinture de moi en papillon avec un nœud coulant autour du cou. La maison disque a dit : « Woah, buddy! Donne-nous une chance au moins. » Mais moi, je m’en crissais. Les années suicidaires, c’était une bonne trame narrative, mais il avait quand même plusieurs chansons avec lesquelles ça fonctionnait moins. L’idée de La foire et l’ordre a été lancée et, finalement, résumait un peu mieux l’album.

LR : Tu as sorti ton deuxième album, Portraits de famine, juste un an après ton premier alors qu’il gagnait encore en popularité. Pourquoi le rush?  

PB : Il n’y a pas eu de rush. Quand j’ai enregistré le premier album, il avait plein de chansons qui étaient prêtes, mais qui provenaient d’un autre cycle de composition. C’étaient de bons piliers pour le deuxième et ça m’a encouragé d’écrire. Ça pas été trop long que je rentrais en studio. Mais le troisième ne sortira pas dans 6 mois, ce coup-ci.

LR : C’est plus facile de t’imaginer en concert dans un dive bar bien arrosé qu’au Centre National des Arts. À quoi peut-on s’attendre de ton spectacle au CNA?

PB : Dans la première tournée, on jouait plus dans les bars et on avait plus le contenu pour le faire. Le premier album avait plus de tounes rock qui groovent. Des tounes que t’écoutes avec la bière en t’en crissant un peu. Mais le deuxième album est plus introspectif. J’haïs pas ça avoir des shows assis. C’est un buzz un peu plus contemplatif. C’est une autre dynamique et pour certaines tounes, je la préfère. Pis de toute façon, on a un été plein de festivals qui suit.

LR : Quelle chanson suggérerais-tu aux lecteurs qui aimeraient découvrir Philippe Brach?

PB : Tabarnak, faudrait que checke qui c’est. Je ne recommanderais pas la même chanson à ma mère qu’à mon frère. Écoute « Alice » ou écoute « Héroïne », pis tu vas avoir une vision complètement différente du projet. La meilleure chose : écoute pas l’album, pis viens au show.

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