Par: Gabrielle Lemire, cheffe Arts et culture
Le genre du roman dystopique n’a pas été autant popularisé dans le secteur littéraire canadien-français. C’est l’avis de Charles-Étienne Ferland, un ancien de l’Université d’Ottawa qui a publié son premier roman Dévorés le mois dernier. Le roman met en scène un Montréal envahi par des guêpes mutantes mesurant un mètre de long et se nourrissant de sang humain. Après avoir « dévoré » les 211 pages du récit, La Rotonde a rencontré l’auteur et vous livre ses commentaires sur le roman.
Jack est un jeune homme de 24 ans. Selon Charles-Étienne Ferland, « ce n’est pas un héros, c’est quelqu’un qui échoue, qui n’a pas tout le temps la solution. C’est quelqu’un qui va se relever et réessayer mais aussi qui peut abandonner des fois ». Justement, Jack rencontre souvent des obstacles sans nécessairement prendre la décision idéale au développement de l’histoire. Dès l’invasion des guêpes, Jack élabore des plans pour atteindre une île où ses parents et sa soeur seraient potentiellement toujours en vie. Entretemps, le garçon tente de survivre tant bien que mal entre les attaques d’autres survivants et le manque de nourriture.
Réflexions sur la condition humaine
Comme tout bon roman dystopique qui se respecte, Dévorés aborde la remise en question de la fidélité envers nos valeurs en cas de crise. Lors de l’invasion des guêpes mangeuses d’hommes, les gens se regroupent et se tournent tous les uns contre les autres pour lutter pour leur survie respective. Les thèmes de la perte de confiance, du meurtre et du suicide ponctuent le roman et font réfléchir le/la lecteur.rice sur les décisions à prendre en cas de crise.
La lâcheté de Jack est également dénoncée lors d’un incident d’harcèlement dans le métro, fournissant une preuve supplémentaire de l’imperfection du héros, mais également une réflexion sur la nature humaine et à la protection du plus faible que soi.
Recherches biologiques
Après un baccalauréat comportant une majeure en étude de l’environnement avec mineure en biologie, Ferland s’est lancé dans une maîtrise en science : « Après mon bac je suis allé faire deux mois de bénévolat dans une station de recherche qui faisait du tri d’insectes alors j’ai beaucoup appris », explique Ferland. L’auteur indique également que sa participation à des conférences scientifiques et une année de préparation à la maîtrise lui ont permis d’accumuler des connaissances très techniques en biologie. Le jargon scientifique (phytophère, anthropophage, etc) pourrait être un bémol pour le/la lecteur.rice qui n’est pas à l’aise dans le domaine. C’est un apprentissage intéressant et un défi pour les curieux.
Somme toute, même si la fin nous laisse sur notre faim, Dévorés est un roman propulsé par un tel dévouement de la part de Charles-Étienne Ferland, qui a lui-même conçu le graphisme pour la couverture du roman ainsi qu’une pièce musicale originale pour le livre.
Cette composition pour piano n’est pas le seul élément musical de Dévorés, chaque chapitre du roman comporte également les paroles d’une chanson associée aux thématiques du chapitre. Ferland indique que ces chansons sont « un point commun avec le/la lecteur.rice. Les gens ouvrent le livre et connaissent [la chanson] ». Un autre ajout artistique qui sera apprécié du lecteur/de la lectrice de 2018.