– Par René Charivari –
Qu’en est-il aujourd’hui de la situation entre les francophones et les anglophones sur le campus? La Rotonde a cherché à démêler le pourquoi du comment des protestations de la minorité anglophone qui surgissent dernièrement à l’Université d’Ottawa (U d’O). Et il semble que la situation soit loin d’être reluisante.
L’anglophonie célébrée à coup de hamburgers
Ce mois-ci, comme tous les ans, c’est le Mois de l’Anglophonie. Partout sur le campus, on voit fleurir des panneaux avec des hamburgers, afin de rappeler aux badauds que ce qui représente une langue, c’est évidemment son plat emblématique. Jean-Félix Péquelin, responsable du Service marketing de l’U d’O, explique : « Nous avons mis un hamburger sur nos affiches, mais ce n’est que pour un évènement parmi tant d’autres, la fête du Hamburger. » Rappelons que l’année dernière, un dessinateur était venu à l’Agora du UCU pour faire des caricatures des membres de la communauté étudiante assez courageux pour attendre 30 minutes dans une queue remplie de francophones.
Patrick Miles, étudiant en 4e année en Sciences infirmières témoigne : « C’est incroyable, le campus est censé être bilingue… mais quand le dessinateur parlait en anglais, l’étudiante faisait mine de ne rien comprendre. Il a été obligé de switcher au français! »
Entre étudiants, les anglophones constamment moqués
Au centre universitaire (UCU), ils sont nombreux à voir jour après jour les mêmes comportements se répéter.
« Hier, alors que j’avais dans les mains une barquette de Ocean Rolls (en français, sushis), une des caissières du Pivik s’est contentée de me balancer ‘bonjour’ quand je suis arrivé à sa caisse. C’était horripilant, j’ai pensé qu’elle se moquait des anglophones. Elle m’a expliqué qu’elle essayait de pratiquer son français. Je lui ai rétorqué que les anglophones étaient en minorité sur le campus et qu’elle devrait me saluer dans les deux langues pour laisser le choix aux clients, et elle m’a ri au nez, et m’a demandé si je voulais ma facture… en français », témoigne John McKleggan, étudiant en 1e année en Sciences politiques.
Kerwin Tamboise fait partie des 7 % d’étudiants ayant voté aux dernières élections de la Fédération étudiante (FÉUO). Il confie : « Vous avez lu les plateformes des candidats? Quand je les ai lues, j’ai cru que c’était une blague, on dirait qu’ils ne savent pas écrire anglais. Ils ne peuvent pas passer leurs textes sous Grammarly? Où sont les traducteurs quand on a besoin d’eux? » Il ajoute : « Peu importe qu’un mois nous soit, en théorie, consacré. Tant qu’on ne nous prendra pas en considération pour de vrai, cela ne servira à rien. »
Ainsi, il semblerait que ce Mois de l’Anglophonie ne soit au final qu’un autre moyen pour le campus le « plus bilingue au monde » de se moquer de la culture anglaise. Le vendeur de hot dogs sur Laurier se dit offensé, puisqu’il pense que le hamburger ne représente pas du tout l’anglophonie à Ottawa. D’autres personnes disent que le Mac’n’Cheese est plus représentatif, mais en fin de compte, la question reste la même : « Qu’est-ce que je vais bien faire à manger ce soir? Est-ce que je vais tomber dans l’appropriation culturelle? »