Par Slim Essid-Chef du pupitre sports
Après avoir été une joueuse emblématique de l’Université de Moncton pendant quatre ans, et réalisé par la suite une belle saison avec les Gee-Gees, Émilie Bouchard a été repêchée par les Canadiennes de Montréal. Ce tournant dans sa carrière professionnelle lui a valu une certaine notoriété dans le milieu universitaire.
Quels sont tes sentiments par rapport à la saison dernière ?
C’était comme une année de transition pour moi. C’est sûr que je jouais avec les mêmes personnes pendant quatre ans, j’avais les mêmes habitudes donc j’ai dû changer avec de nouveaux entraîneurs et de nouvelles coéquipières. On a eu une belle année quand même. On a gagné un match en série éliminatoire, ce que l’Université n’avait pas fait depuis longtemps. Côtoyer des filles qui ont joué au plus haut niveau, contre des olympiennes, McGill, donc en tant que gardienne de but cela m’a permis d’améliorer mon jeu, la vitesse par exemple. Ça m’a surtout aidé à me rendre où je suis cette année.
Comment fais-tu pour t’intégrer aussi vite au sein d’une nouvelle équipe ?
C’est plus ma position de gardienne de but. Oui on est un sport d’équipe, mais le rôle de gardien est très mental. On est seuls avec nous-mêmes durant le match, donc pendant quatre ans à Moncton j’ai pratiqué une concentration sur ma respiration, ce qui m’a permis de mieux gérer mon stress. Ça m’a aidée dans mon jeu. On a besoin de ce genre de pratique parce qu’on est jeunes, on a l’impression que tout est rose, tout est beau, mais plus tu grandis, plus la pression monte. Tu joues à un plus haut niveau, tu étudies en maîtrise à l’Université. Avec l’âge, tu deviens plus mature et tu comprends que le hockey est important dans ta vie, mais qu’il ne faut pas le laisser empiéter sur ta vie personnelle. Il y a une expression qu’un de mes coachs m’avait dit: « Take a ride on hockey but don’t let hockey take a ride on you ». En gros, ne pas aller à l’extrême, ne pas se perdre dans sa passion. C’est ça que j’ai appris avec l’âge. Ce ne sont pas forcément tes heures au gym qui vont t’aider à mieux performer, mais ta manière de gérer tout ça.
Justement, par rapport à la position de gardienne de but, pourquoi l’as-tu choisie ? Qu’est-ce qui t’a plu dans ce rôle ?
J’ai commencé en tant que défenseure. J’ai donc toujours eu ce côté défensif. Le plus drôle dans tout ça c’est que la première fois que j’ai essayé d’être gardienne, je n’avais pas aimé. Je trouvais que l’équipement était trop grand, je n’étais pas à l’aise. Mais j’ai toujours eu cette envie de réessayer, je ne sais pas pourquoi. Je l’ai refait et j’ai beaucoup aimé. Ça a cliqué et je suis tombée amoureuse du poste. Pour moi, c’est comme une fondation. Le gardien de but a tout le match devant les yeux. C’est une position stratégique où tu peux voir tout le jeu.
Y a-t-il un souvenir qui a agit comme un déclic dans ta carrière ?
Oui, je dirais que c’était mon premier match en tant que gardienne. J’avais 12-13 ans, je crois, et j’avais découvert ma vraie fonction. Généralement, les gardiens commencent plus tôt, moi c’était assez tard, mais j’avais tellement aimé que je voulais continuer là-dedans. Je jouais en plus avec les garçons, ce qui a accéléré ma progression. Bon coach, belle équipe, que de bons souvenirs.
T’as été repêchée par une équipe professionnelle, les Canadiennes de Montréal, et tu étudies à la maîtrise en même temps. Est-ce que tu vas choisir une voie ou essayer de jumeler les deux ?
On va y aller au jour le jour, mais j’aimerais bien jumeler les deux. Je le fais déjà cette année avec ma dernière année en physiothérapie, et les gens de mon programme savent que le hockey est très important pour moi. Jouer au hockey professionnel est une rare opportunité, surtout chez les femmes. J’ai beaucoup de gens autour de moi qui m’aident et qui savent en quoi je me suis embarquée… Quelques fois, ils disent que je suis folle, dans quoi je me suis embarquée ! (Rires)