
Élections générales de la FÉUO : Même cirque, même clique, mêmes critiques
Frédérique Mazerolle
Le vendredi 12 février, aux alentours de 4 heures du matin, alors que la population étudiante dormait encore paisiblement, les résultats non-officiels des élections générales de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) sont apparus sur la page Facebook de celle-ci. La diversité électorale n’aura pas été au rendez-vous, Campus Alliance ayant raflé quatre postes au sein de l’exécutif, contre deux candidat.e.s indépendant.e.s. Retour sur une période électorale qui ne se démarque guère des années précédentes.
Pour Nick Robinson, étudiant en physique et administrateur nouvellement élu au sein du Conseil d’administration de la FÉUO, la période des élections n’a pas été une période de répit. Membre du parti Étudiants d’abord, qu’il considère comme étant « une opposition », il explique que les deux semaines des élections ne sont qu’un petit échantillon de tout le travail qui se fait en coulisses.
« Je dirais que la partie qui m’a le plus dérangé jusqu’à maintenant, c’est comment les plaintes ont été gérées par la directrice des élections », explique-t-il. Il fait dès lors référence à des affiches de publicité électorale qui auraient disparu ou qui auraient été déplacées à des endroits où il y avait une interdiction d’affichage.
En effet, Diyyinah Jamora, candidate au poste de vice-présidence aux affaires d’équité, avoue ne pas avoir apprécié la façon dont les règlements concernant les affiches n’ont pas été pris au sérieux.
« J’ai l’impression d’avoir été ciblée directement quant à mes affiches, que j’ai retrouvées mises à d’autres endroits ou par-dessus les affiches d’autres candidat.e.s, alors que c’est quelque chose que je ne ferais pas parce que je préférais faire une campagne équitable », raconte l’étudiante en communication et science politique.
Il faut préciser que le règlement 15.2.1 indique qu’« aucune annonce concernant les résultats du scrutin ne sera faite avant que tout le matériel électoral, notamment les affiches publicitaires, ne soit retiré par les candidat.e.s et les comités, ainsi que leurs représentant.e.s officiel.le.s immédiatement après la fermeture des bureaux de scrutin lors du dernier jour du scrutin. » Or, les résultats non-officiels ont tout de même été rendus publics dès les petites heures du matin vendredi dernier.
La directrice des élections, Erin Callary, semble avoir accordé peu d’importance à ce règlement, déclarant que « la question des affiches n’a aucune incidence sur le résultat du vote [puisque la période de vote est terminée] ». Selon celle-ci, les candidat.e.s doivent retirer toutes leurs affiches dès la fermeture des scrutins pour assurer le remboursement de leurs matériaux électoraux. « Je suppose que certains candidats croient que la punition n’est pas suffisamment stricte », confie-t-elle.
Quand l’exclusion fait la force
Cette année, les membres élu.e.s au comité exécutif de la FÉUO démontrent une faible variété d’idéologies, en comparaison à l’an dernier. Le parti Campus Alliance, qui avait à son actif trois membres de l’exécutif actuel – soit Roméo Ahimakin, Vanessa Dorimain et Hadi Wess – sont de retour pour une deuxième année consécutive. Dorimain et Wess reprendront leurs rôles respectifs, alors qu’Ahimakin occupera la présidence pour l’année 2016-2017. Francesco Caruso, qui était également membre de Campus Alliance, occupera le poste de vice-président aux services et communications.
Ayant participé aux élections partielles en automne dernier à titre d’indépendant, Nick Robinson trouve de même qu’il peut être bénéfique de partager certaines idées. « Plus on s’unit avec des gens qui partagent la même idéologie, plus on a de chance à se faire connaitre », déclare-t-il.
Malgré une hausse significative de candidat.e.s indépendant.e.s lors des élections, seuls Morissa Ellis et Rizki Rachiq ont été choisis pour combler respectivement les postes de vice-présidente aux affaires d’équité et de vice-président aux finances.
Selon Nick Robinson, le problème reste tout de même au niveau du faible taux de participation. « Les élections de la FÉUO, ce ne sont pas des élections, mais bien des concours de popularité », affirme-t-il. Selon lui, la FÉUO démontre un certain retard en matière de méthodes de vote et il encourage fortement la mise en place d’un système de vote en ligne.
Le taux de participation, selon les résultats non-officiels, se situerait à 7,82 %, ce qui représente près de 2560 étudiant.e.s, un taux plutôt faible, en comparaison à celui de l’an dernier, qui se situait à 11,47 %.
Le français dans tout ça?
Au lendemain de la fin de la période des élections, les candidat.e.s élu.e.s se sont empressées d’exprimer leur gratitude sur les médias sociaux. Au niveau du nouveau comité exécutif, tous, à l’exception de Rizki Rachiq, ont écrit un message uniquement en anglais. Il est à noter que plusieurs candidat.e.s, lors de la période d’élection, ont utilisé l’argument de l’ajout de services et d’activités en français offerts par la Fédération étudiante.
Dans un article publié dans le Fulcrum le 9 février dernier, le journal a critiqué de vive voix le manque de bilinguisme et le manque de cohésion au niveau des réponses émises par les candidat.e.s en français. Le vice-président aux services et communications actuel, Roméo Ahimakin, a refusé d’émettre tout commentaire, considérant la chose comme un conflit d’intérêt, alors qu’il faisait campagne pour la présidence.
Erin Callary a confirmé que le test administré aux candidat.e.s était en effet de niveau intermédiaire et répondait aux exigences linguistiques de la FÉUO. « L’Institut des langues officielles et du bilinguisme (ILOB) est un organisme totalement indépendant, dans lequel ‘Mesure et évaluation’ est l’un de ses quatre domaines d’expertise », explique la directrice des élections. « L’utilisation de l’ILOB est de pouvoir s’assurer à ce que le test de bilinguisme pour les candidats est cohérent avec les autres tests de bilinguisme de l’Université. »
Conflits d’intérêts au rendez-vous
Une étudiante, qui a préféré garder l’anonymat, a dénoncé par l’entremise d’une plainte officielle faite à l’égard du Bureau des élections, que Chloé Rockarts, étudiante à l’U d’O qui travaille au sein de la Fédération étudiante, était également gérante de campagne pour le parti Campus Alliance. Celle-ci, accusant l’étudiante d’être mêlée à un conflit d’intérêts, semblerait être contredite par la directrice des élections.
« Un conflit d’intérêts existerait en effet si un membre de la commission électorale pour l’élection de cette année avait pris part à la campagne. Cependant, Chloé est une membre de la FÉUO, et elle n’a pas enfreint l’article 9 du règlement. De plus, si nous devions examiner les règles régissant les droits de l’exécutif de la FÉUO et l’appliquer à ceux qui travaillent à la FÉUO, elle aurait eu le droit de travailler pendant une campagne électorale », a déclaré Callary.
Les membres de l’exécutif nouvellement élu.e.s seront ratifié.e.s lors de la prochaine réunion du Conseil d’administration de la Fédération, qui aura lieu le 28 février.