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École de gouvernance : Une initiative qui ne fait pas l’unanimité

27 janvier 2014

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– Par Sara Ghalia et Sinda Garziz –

Depuis la fin 2013, le projet de création d’une nouvelle « École des études gouvernementales » (aussi précédemment appelée « École des hautes études politiques et internationales ») semble de plus en plus concrétisable, malgré les différentes critiques de professeurs et d’autres facultés.

D’après les discussions finalisées dans le rapport Plamadon, l’« École des études gouvernementales » répondrait aux besoins de programmes liés à la fonction publique fédérale canadienne. Elle serait donc spécialisée dans les affaires politiques nationales, dans l’éducation et dans le « perfectionnement professionnel » de cadres de la fonction publique. L’Université d’Ottawa, de par son emplacement et sa politique bilingue, serait alors l’institution idéale pour assumer la création d’une telle école.
Ceci dit, ces mêmes programmes universitaires en politique et en administration publiques existent déjà dans d’autres facultés, notamment à l’École d’études politiques. Celle-ci, dans son assemblée générale de novembre 2013, n’était pas favorable à la création de la nouvelle école. L’apparente future compétition entre les facultés, ainsi que la mission trop vague de l’école ont été critiquées.

Plusieurs recommandations du rapport ont aussi été fortement revues par Claude Denis, directeur de l’École d’études politiques, dans un document dans lequel il liste les différentes « zones grises ». Il fait remarquer que la nouvelle école ne serait pas différente des écoles de politique existantes, et que la seule nouveauté serait le nom. Il parle alors de « branding », en rappelant qu’il suffirait peut-être d’améliorer les programmes existants au lieu de créer une nouvelle faculté. M. Denis reproche aussi aux auteurs leurs connaissances assez modérées quant au travail de professeur et aux initiatives déjà existantes au sein de l’Université. Plusieurs professeurs participent déjà en tant qu’experts, conférenciers, témoins, etc., pour des organismes publics et privés.

Un des points en faveur de l’existence d’une « École des études gouvernementales » est celui argumentant que les futurs diplômés ne sont pas assez préparés pour une carrière dans la fonction publique. Il leur est recommandé d’ajouter une option coopérative (déjà existante dans plusieurs programmes, avec une option de stage et/ou d’échange).

Le rapport prévoit 1000 inscriptions à l’École des études gouvernementales, dont 40 % provenant d’étudiants de l’étranger. L’École aurait des recettes et des dépenses d’environ 20 millions de dollars.
Il est aussi recommandé que l’École soit une faculté à part entière, et dans le cas contraire, qu’elle soit du moins indépendante et qu’elle dispose du même statut qu’une faculté.

Le 13 janvier dernier, plusieurs directeurs et doyens ont reçu une lettre suscitant leur consultation et leur implication dans un projet que le recteur de l’Université d’Ottawa, M. Allan Rock, vient de lancer. Ce projet consiste à la création d’une nouvelle faculté à l’Université d’Ottawa, sous le nom de la Faculté des études gouvernementales. Le processus de réalisation de ce projet est sous la direction du vice-recteur aux études, M. Christian Detellier, et son groupe de travail.

Parallèlement à ce groupe de travail, M. Rock a embauché un consultant de la firme Plamondon, qui s’est chargé de présenter un rapport détaillé du projet. Ce rapport a été remis aux professeurs avec la lettre, ainsi qu’au doyen de l’École des études politiques, suite à laquelle une consultation de deux jours a été organisée la semaine dernière, donnant l’occasion aux professeurs concernés d’exprimer leurs réactions, critiques et suggestions au groupe de travail dirigé par M. Detellier.

Cette Faculté des études gouvernementales, selon le rapport Plamondon, serait indépendante de la Faculté des sciences sociales et aurait comme noyau l’École supérieure d’affaires publiques et internationales (ÉSAPI), avec ses professeurs et ses programmes en additionnant les programmes de l’administration publique qui font partie actuellement de l’École des études politiques.

Le directeur de l’École des études politiques, M. Denis, et le directeur adjoint André Lecours, chargé des programmes de sciences politiques ainsi que tous les professeurs d’études politiques se sont assemblés le 16 janvier dernier pour formuler leurs suggestions et leurs commentaires, qu’ils ont ensuite présentées jeudi dernier au groupe de travail de M. Detellier.

Selon ce groupe de professeurs, ce rapport n’a pas apporté une grande nouveauté à ce qui est déjà offert actuellement par l’École d’études politiques et les autres unités de la Faculté des sciences sociales. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’éléments intéressants, selon M. Denis. « L’idée de rassembler tous les professeurs, chercheurs et programmes sous un même portail rendrait plus visible leurs exploits et faciliterait l’accès à ce qui se fait à l’Université d’Ottawa dans le domaine d’études politiques et publiques et des enjeux contemporains », affirme-t-il.

Les professeurs de l’équipe de M. Denis expriment la volonté de participer à ce projet, mais « ça ne requiert pas la création de nouvelles unités et le déplacement des programmes et des professeurs. Il y a des moyens plus simples que ce que propose le rapport Plamondon », ajoute M. Denis.

Dans cette perspective, les points fondamentaux sur lesquels l’équipe de M. Denis ont insisté jeudi dernier lors de la consultation seraient tout d’abord que les professeurs soient en faveur de ce projet si l’idée de base est de renforcer les capacités de l’Université d’Ottawa et d’élever son profil dans le domaine des études politiques et publiques. La seule question sur laquelle il n’y a pour l’instant aucun consensus est la manière d’y arriver.

Le parcours suivi jusqu’à présent pour réaliser ce projet manque toutefois la consultation et l’implication des gens les plus intéressés, selon M. Denis. « S’il y aurait eu un meilleur processus d’accès sur l’implication et sur la participation des professeurs dans la création de ce projet, nous nous serons rendus aujourd’hui à une meilleure étape. Ce que nous voulons c’est travailler avec le groupe de M. Detellier de façon constructive pour accomplir l’objectif fondamental, qui est de renforcer les capacités de l’Université dans le domaine des politiques publiques », a-t-il conclu.

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