Inscrire un terme

Retour
Actualités

Dynamiser la francophonie à l’Université d’Ottawa avec Ève Tremblay, nouvelle Commissaire aux affaires francophones

Crédit visuel : Courtoisie

Entrevue réalisée par Mireille Bukasa — Cheffe du pupitre Actualités

Défendant un bilinguisme inclusif et diversifié, Ève Tremblay entrera en fonction au sein du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) comme Commissaire aux affaires francophones à compter de mai 2025. Elle succède à Daphnée Veilleux-Michaud, qui a quitté son poste il y a quelques mois pour des raisons personnelles. En entretien avec La Rotonde, Tremblay résume sa vision pour la francophonie sur le campus en trois mots : visibilité, accessibilité et dynamisme.

La Rotonde (LR) : Que peut-on savoir au sujet d’Ève Tremblay ?

Ève Tremblay (ET) : D’origine franco-ontarienne avec des parents québécois, je poursuis actuellement mon baccalauréat à l’Université d’Ottawa (U d’O), en privilégiant le français chaque fois que c’est possible.

Je suis depuis toujours très engagée dans la communauté francophone. À 16 ans, j’ai obtenu mon premier emploi à l’ACFO SDG. Je fais actuellement partie de l’équipe d’équitation de l’U d’O, et j’ai récemment organisé sa toute première séance d’information en français. J’assure également les communications du club de course uOttaRun, pour lequel j’ai conçu l’image de marque bilingue.

LR : Qu’est-ce qui vous a motivée à postuler pour le poste de Commissaire aux affaires francophones ?

ET :  Après avoir travaillé comme superviseure des ressources humaines au Service de raccompagnement de l’U d’O, j’ai découvert le Syndicat étudiant et le fonctionnement de la communauté exécutive. J’ai réalisé que je voulais voir des changements au niveau de certains aspects de l’Université, et qu’il fallait s’impliquer pour que les choses changent, surtout en tant qu’étudiante francophone.

J’ai souvent constaté que les activités francophones étaient trop ciblées, tandis que les événements bilingues, bien que plus dynamiques, étaient majoritairement en anglais et attiraient surtout des étudiant.e.s anglophones. Mon objectif est donc d’organiser des événements bilingues, où tout le monde se sent libre de parler dans la langue de son choix, sans compromis. Mon expérience et ma passion me motivent à contribuer à ces changements, ce qui m’a poussée à me présenter.

LR : Comment envisagez-vous de renforcer le respect et l’équilibre entre les deux langues officielles ?

ET : Je ne cherche pas uniquement à promouvoir le français : il est important de tenir compte des nombreux.ses étudiant.e.s francophiles sur le campus, qui pourraient ne pas se sentir à l’aise dans des événements strictement francophones. Mon objectif est donc de rendre les événements véritablement bilingues.

Lors de ma campagne, par exemple, l’une des suggestions reçues était d’ajouter les langues parlées par les participant.e.s sur les étiquettes nominatives lors des événements de réseautage, afin de faciliter les échanges dans la langue de choix de chacun.e. Je m’engagerai aussi à maintenir un haut niveau de bilinguisme dans les communications du SÉUO, en procédant par essais et ajustements pour trouver la meilleure approche pour assurer le bilinguisme sur le campus et l’épanouissement des étudiant.e.s francophones. 

LR : Le fait de reprendre un poste précédemment occupé par une personne qui a exprimé des contraintes dans son travail représente-t-il un défi pour vous ?

ET : J’ai rencontré Daphnée pendant ma campagne électorale, et elle m’a donné de bons conseils. Je pense que c’est important de savoir avec qui on travaille. J’ai vraiment hâte de collaborer avec Jack Coen et Alex Stratas. Ce sont des personnes que j’ai déjà rencontrées et que je respecte énormément :  je pense que ça va bien se passer.

Pour moi, il s’agira de clarifier dès le départ mon rôle, mes besoins et mes objectifs, afin qu’il.elle.s puissent m’aider de la meilleure façon possible. Il est vraiment important d’avoir ces discussions afin que je puisse avoir l’espace nécessaire pour accomplir ce que je veux faire et répondre aux attentes des étudiant.e.s. Je préfère ne pas commencer avec l’idée que je vais être limitée, mais garder l’esprit ouvert et être prête à échanger avec mes collègues. 

LR : Avez-vous une anecdote marquante qui illustre votre engagement pour la francophonie ?

ET : Lors de ma première année à l’U d’O, j’ai assisté à un événement pour la Journée des Franco-Ontarien.ne.s. J’avais été attirée par les gaufres gratuites. Alors que j’étais assise avec ma gaufre, une fille est venue me voir et m’a demandé : « Are you alone ? ». Sur le moment, j’ai trouvé ça un peu ironique, étant donné que j’étais à un événement francophone. J’ai répondu que oui, et nous avons commencé à discuter. Finalement, elle est devenue l’une de mes meilleures amies.

Cette étudiante était francophile : elle parlait français, mais ce n’était pas sa première langue. Elle était venue par curiosité, pour découvrir la culture franco-ontarienne et participer à l’événement. Cette expérience m’a fait réaliser l’importance d’inclure les francophiles et de s’assurer qu’il.elle.s se sentent les bienvenu.e.s dans les activités francophones.

Tout le monde n’oserait pas faire comme elle et aborder quelqu’un dans une langue qui n’est pas la sienne, surtout dans un contexte où il.elle.s peuvent se sentir minoritaires… Mon objectif est donc de créer un environnement où chaque étudiant.e, qu’il.elle soit francophone ou francophile, se sente en confiance pour participer et échanger avec les autres.

LR : Si vous pouviez accomplir une seule chose durant votre mandat, quelle serait-elle ?

ET : L’offre de cours en français me semble être un véritable problème. Je suis consciente qu’il y a d’autres enjeux qui y sont liés, comme les budgets, le financement des professeur.e.s… Mais en tant qu’université bilingue, nous devrions être capables d’offrir des cours dans les deux langues officielles. Je travaillerai en collaboration avec les gouvernements étudiants reconnus pour y parvenir.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire