Dossier sur la sexualité : Coup d’oeil sur le Laboratoire de recherche sur la sexualité
– Par Frédérique Mazerolle –
Établi en 2002, le Laboratoire de recherche sur la sexualité humaine de l’Université d’Ottawa s’intéresse aux diverses facettes de la sexualité, un sujet qui ne cesse de changer au cours des générations. Composé d’une équipe de chercheurs spécialisés dans la matière, d’étudiants à la maîtrise et d’étudiants bénévoles au premier cycle, le Laboratoire tente de comprendre et d’expliquer ce qu’est la sexualité au XXIe siècle.
« D’un côté, la sexualité est le sujet de conversation préféré lors d’une fête entre amis et nous sommes également constamment bombardés d’images et d’informations hypersexualisées, mais de l’autre, il y a un certain inconfort par rapport à certains sujets reliés au sexe, qui peut être illustré par la réticence du gouvernement de l’Ontario à raviver le curriculum d’éducation sexuelle dans les écoles », explique Elke Reissing, professeure au département de psychologie de l’Université d’Ottawa et directrice du Laboratoire.
Ayant obtenu son doctorat en psychologie clinique, Elke Reissing a été engagée au département de psychologie de l’U d’O en 2002, la même année où le Laboratoire de recherche sur la sexualité humaine a été créé. Elle a complété sa thèse de doctorat sur le vaginisme, une dysfonction sexuelle psychologique retrouvée chez les femmes.
Pour elle, l’importance d’un laboratoire de la sorte réside dans l’idée que nous sommes peu informés par rapport à certaines facettes de la sexualité, en raison des tabous de la société. « La recherche est nécessaire pour objectivement comprendre toute forme d’expression sexuelle pour enseigner, normaliser, et dans le cas échéant, offrir des traitements aux gens pour qu’ils puissent explorer leur plein potentiel érotique de façon éduquée et sécuritaire », explique-t-elle.
Depuis ses débuts, les divers chercheurs du Laboratoire ont effectué plus d’une dizaine d’études sur des sujets comme les premières expériences sexuelles et leurs effets sur le fonctionnement sexuel chez les hommes et les femmes, l’impact psychosocial des mariages de même sexe et les soins de santé offerts aux femmes souffrant de vulvodynie. Cinq études sont également en cours.
« L’Université d’Ottawa est particulièrement chanceuse d’avoir des professeurs à plein temps et à temps partiel, comme moi, par exemple, qui ont de l’expertise dans le domaine de la sexualité », explique Jocelyn Wentland, professeure au département de psychologie et chercheuse au Laboratoire de recherche en sexualité humaine. « Ce n’est pas commun au Canada, où nous avons qu’un nombre restreint d’institutions postsecondaires qui s’intéressent au sujet. J’aimerais bien voir le département de psychologie tenter d’instaurer une branche plus formelle en études de la sexualité et prendre avantage de son personnel qui est actuellement disponible, surtout avec le grand nombre d’étudiants qui seraient intéressés à participer ».
Même si les étudiants démontrent un intérêt dans les diverses questions de la sexualité, Elke Reissing et Jocelyn Wentland appuient toutes deux que la sexualité est encore un sujet difficile à aborder en salle de classe. Cependant, avec les avancées qui sont faites par le biais de recherches et d’études, les étudiants deviennent normalement plus informés qu’ils ne l’étaient auparavant.
« Nous sommes peut-être bombardés de contenu sexualisé sur une base régulière, mais peu d’entre nous vont prendre la peine de s’arrêter et de réfléchir sur notre propre définition de ce qu’est la sexualité ou bien de comment nous nous sentons face aux relations », rajoute Jocelyn Wentland. « Je crois que c’est l’un des aspects les plus satisfaisants de mon travail en tant que professeure, soit celui de donner la chance à mes étudiants d’avoir une meilleure réflexion sur leur sexualité et les valeurs relationnelles ».
Tout comme Jocelyn Wentland, Elke Reissing croit qu’il est primordial de bien éduquer les étudiants, qui pour certains n’en sont qu’à leur première éducation sexuelle objective. Cependant, elle consent qu’il peut tout de même être difficile d’entreprendre des recherches sur la sexualité et par le biais de celle-ci, offrir des bonnes informations aux étudiants.
« La nature appliquée de nos recherches et les constats que nous trouvons suite à celles-ci contribuent énormément et immédiatement à l’enrichissement de nos connaissances sexuelles », conclut Elke Reissing. « Cependant, le financement pour de telles recherches peut être difficile. Le fonctionnement, le dysfonctionnement et la satisfaction sexuelle ne sont pas des candidats évidents aux yeux des agences de financement et la culture de la béatitude sexuelle n’a pas encore de base ancrée ».