Illustration Andrey Gosse
Par Maeve Burbridge
Le comité administratif de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a tenu sa deuxième rencontre de l’année scolaire le 14 octobre. À l’ordre du jour se trouvent l’enquête judiciaire, les tensions internes et la mise en place d’un comité éthique.
En début de rencontre, la Faculté de génie ainsi que la Faculté de médecine ont fait valoir quelques inquiétudes auprès de l’exécutif, toujours composé de seulement deux personnes, Paige Booth (VP externe et présidente par intérim) et Faduma Wais (VP aux affaires sociales). Premièrement, la Faculté de médecine a laissé savoir qu’elle n’avait été invitée à aucune rencontre pour gérer le scandale dans lequel se trouve présentement la FÉUO, malgré le fait que ce fut le cas pour des représentants de toutes les autres facultés aient été invités. En réponse, Paige Booth a suggéré qu’ils n’avaient peut-être pas été rajoutés au le groupe Facebook de ces rencontres, simplement par mégarde.
Deuxièmement, Ben King, représentant de la Faculté, exprime son inquiétude quant à l’accréditation des diplômés en génie sortant de l’U d’O. En raison du récent scandale, il s’interroge sur l’effet que cela aura sur les ingénieurs en devenir et leur potentiel d’accréditation, qui leur permettrait de travailler dans leur domaine. Ce-dernier compte rencontrer Michel Guilbeault, vice-recteur associé aux services aux étudiants, pour adresser cette situation. De plus, il y a une volonté au sein de l’Association des étudiants en génie de fournir certains services, autrefois fournis par la FÉUO, de manière indépendante. Pour déterminer lesquels, l’Association participera à un vote sur le sujet.
Mise à jour sur l’enquête
Le déroulement de l’audit judiciaire, portant sur les activités frauduleuses alléguées de la Fédération, se poursuit en trois phases : premièrement, le travail de terrain, ensuite, un rapport préliminaire paraîtra, et une semaine plus tard, le rapport final devrait être publié. Le travail de terrain a déjà été effectué. Le rapport préliminaire sur les trouvailles de l’enquête serait paru le 19 octobre, selon Booth. Le rapport final devrait donc être révélé le 26 octobre. L’exécutif n’a pas voulu répondre aux questions à propos de la portée de l’enquête.
Les partis provoquent le débat
Au cours de la rencontre, une motion a été proposée pour empêcher les membres du conseil administratif, ainsi que l’exécutif de la FÉUO de former des partis, c’est-à-dire des factions idéologiques à l’intérieur de l’organisme. Cette motion a été proposée en vue de la mise en lumière des problèmes de gestion interne de la FÉUO. La salle a été très divisée sur le sujet. Plusieurs sont d’avis que ce genre d’alliance favorise la productivité au sein de l’organisme, d’autres soutiennent que ça encourage l’exclusion des nouveaux élèves et un environnement de travail « toxique ».
L’exécutif a pris forte position contre l’empêchement d’alliances : « Je suis contre l’amendement. Quand tu fais partie d’un parti, c’est que tu as des principes et valeurs fondamentales que tu voudrais instaurer au sein de l’organisation », fait valoir Faduma Wais. En revanche, Priyanka Goel, représentante de la Faculté des sciences, dénonce l’effet que peuvent avoir les partis sur le milieu social : « Cette année, nous avons vu un environnement de travail toxique. Nous avons vu des étudiants qui ne faisaient pas partie du parti majoritaire démissionner à cause de ça ». Plusieurs autres membres reprochent le fait que l’alliance à laquelle ils appartiennent semble influencer davantage leur travail, leur expérience au sein de la FÉUO et leurs chances de se faire élire que leur plateforme et leurs valeurs.
Par opposition, une membre du conseil a affirmé que « la FÉUO est un syndicat étudiant mais aussi une entreprise… Ça ne marche pas d’avoir de multiples opinions différentes ». Une représentante par proxy de la Faculté des sciences a ensuite rétorqué : « Tu es élu à la FÉUO à cause de ta vision et ta plateforme, ce n’est pas juste de dépendre d’un parti. [Les membres de] l’exécutif devrait pouvoir prouver qu’ils sont capables de travailler avec des gens d’autres opinions ».
Finalement, les membres du conseil administratif seront effectivement empêchés de former des alliances entre eux, mais la résistance de l’exécutif a été assez véhémente pour leur permettre de se soustraire à ce règlement. Toutefois, un membre du conseil souligne que les alliances pourront tant bien que mal perdurer au sein de la FÉUO, puisque le règlement stipule que seulement les partis sont interdits, mais non les alliances, les factions ni les groupes. Le règlement serait donc facilement contournable.
Le comité éthique suscite des tensions
La Fédération a approuvé l’embauche d’experts-comptables externes qui devront effectuer des audits à intervalles réguliers pour garder le syndicat redevable financièrement. Une mesure similaire existait déjà, mais elle n’était pas suffisamment rigoureuse ni régulière pour empêcher la situation dans laquelle la FÉUO se trouve présentement.
La FÉUO voudrait également mettre sur pied un comité éthique réciproque qui tâcherait de garder non seulement la Fédération redevable pour ses actions mais aussi le Bureau des gouverneurs, du côté de l’Université. Seulement, si l’Université n’accepte pas, le comité éthique n’entrera en vigueur ni pour le Bureau, ni pour la Fédération étudiante. « J’espère que ce comité sera une manière de remettre la FÉUO et l’Université sur un pied d’égalité, parce [l’Université a] plus d’autorité que nous en ce moment », se plaint un membre du conseil.
Toutefois, quand est arrivé le moment de voter sur l’approbation de la mise en place du comité éthique, tous les membres du parti Uni.e.s ont quitté la salle en même temps. Conséquemment, la réunion du conseil administratif a dû cesser immédiatement, le nombre de personnes présentes étant désormais insuffisant pour continuer la rencontre, ce qui a également empêché le vote sur l’approbation du comité éthique.