Crédit visuel: Catherine Gagnon-Jones
Par Alex Benimana
Depuis ce vendredi 19 juillet, la réadaptation en film du dessin animé Disney, Le Roi lion, est à l’affiche au cinéma. Bien que le phénomène des réadaptations pour la caméra ne soit pas nouveau pour le studio, il s’est considérablement accéléré ces dernières années: sur les treize films sortis à ce jour, neuf l’ont été après 2014. Douze autres réadaptations sont déjà annoncées, dont quatre d’ici fin 2020.
Une formule qui gagne de l’argent…
Le dernier film de la série Avengers, sorti en avril cette année, affiche déjà un revenu de 2.7 milliards de dollars en 12 semaines. Ce chiffre égale le record d’Avatar, sorti il y a dix ans, qui était resté à l’affiche jusqu’à 34 semaines. La compagnie Walt Disney est une entreprise cotée à Wall Street, qui n’échappe pas aux lois du marché poussant les chiffres vers le haut.
Tandis que les coûts des grandes productions hollywoodiennes se chiffrent maintenant en centaines de millions de dollars, la prise de risque artistique semble être devenue une folie rarement permise. Alors que les studios s’accrochent à des valeurs sûres, les films se transforment en franchises qui se rallongent, renaissent et s’entrelacent dans une grande foire aux célébrités et effets spéciaux.
Et pour attirer le public, Disney fait de la nostalgie une arme de choix. En ressortant ses classiques acclamés, la compagnie peut compter sur la notoriété de l’oeuvre pour faire sa campagne de publicité.
Au prix de la créativité
Mon propos n’est pas de critiquer le spectacle, qui peut être divertissant, et parfois même sublime. Et c’est une bonne chose qu’une nouvelle génération puisse découvrir des oeuvres comme Le Roi Lion ou Aladdin. Mais ne seraient elles pas mieux mises en avant retravaillées pour la qualité d’image et son? Le réalisme est-il systématiquement la voie à suivre? J’ai du mal à l’imaginer pour des personnages comme Sébastien le crabe de La petite sirène ou encore Stitch.
Les oeuvres originales sont plus risquées à produire que les sentiers battus. John Carter ou encore Un raccourci dans le Temps ont été de cuisants échecs commerciaux et critiques. Mais les studios Disney ont aussi montré qu’ils savaient toujours compter de belles histoires avec des oeuvres comme Moana et Coco.
La littérature pour amener de nouveaux films en salle ne s’est pas soudainement épuisée, et les écrivains et scénaristes ayant de l’imagination n’ont pas disparu. Pourtant, année après année la liste d’oeuvres annoncées ont une allure de déjà vue, entre les déclinaisons, volets quatre, cinq ou huit et les histoires n’ayant pas changé d’un pouce.
Au final, ce sont les spectateurs qui perdent des possibilités de nouvelles histoires mémorables, pour des histoires réchauffées. L’auditoire n’a pas pour seule possibilité de consommer, mais aussi d’influencer les choix futurs des studios vers plus de créativité.