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Discrimination et harcèlement durant les stages

10 février 2014

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– Par Sinda Garziz –

Le Centre d’équité en matière des droits de la personne de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a organisé jeudi dernier sa conférence annuelle sous le volet Diversité et accessibilité sur le Campus (DAC), ayant pour thème la discrimination et le harcèlement durant les stages. La Rotonde était parmi les participants pour rapporter les différents points discutés durant cette conférence.

Le panel de discussions a débuté avec l’intervention de la professeure et directrice des programmes de premier cycle en études sur l’équité à l’Université York, Tania Das Gupta, qui s’est basée sur les soins infirmiers comme domaine d’étude pour démontrer l’ampleur de la problématique reliée au racisme dans le milieu de travail des infirmières au Canada. Elle explique que les infirmières aujourd’hui font face tous les jours à la discrimination sur la base de leur couleur de peau, qui servirait de critère important pour juger leurs compétences et leur professionnalisme. Cette discrimination est percevable dans plusieurs situations, que ce soit des patients qui expriment un malaise et une réticence à se faire soigner par des infirmières de couleur ou bien des directeurs d’infirmières qui parfois ne les traitent pas toutes de manière égale. Selon la professeure, cette discrimination est très dangereuse de nos jours car elle n’est pas directe, mais exprimée de manière subtile et implicite. Il s’agirait donc de racisme démocratique, la forme discriminatoire qui permet à la démocratie de coexister avec le racisme et la discrimination et qui va jusqu’à les légitimer. C’est également du racisme de race relatif à l’incompétence individuelle.

Ce type de discrimination est toutefois difficile à prouver. « Généralement, s’il y a une infirmière qui vient se plaindre et rapporte qu’elle a été victime de propos racistes, on va lui dire qu’elle est très sensible ou bien qu’elle joue la carte de la discrimination raciale pour couvrir son incompétence. Depuis des années, les infirmières ont arrêté de rapporter tous les dépassements auxquels elles font fassent, car elles ont perdu la foi dans le système », explique la professeure de l’Université York. Pour appuyer cet argument, la directrice du Centre de recours étudiants de la FÉUO qui se charge de présenter et de défendre les étudiants victimes de discrimination sur les lieux de stages, Mireille Gervais, mentionne « que le processus d’appel est très long et il y a beaucoup de résistance de la part de l’université et des responsables sur les lieux de stages à croire que les étudiants peuvent vivre ces situations lors des stages. C’est ce qui explique que depuis 2007, jusqu’au 11 décembre 2011, nous n’avons gagné aucun dossier d’appel concernant les sciences infirmières ».

M. Yavar Hameed, un avocat spécialisé dans la défense des droits humains des libertés civiles, a conclu la conférence en présentant un aperçu des difficultés communes rencontrées lors d’un passage à la cour de justice. « Parmi les problèmes stratégiques pour la préparation d’un dossier de discrimination systémique devant le tribunal des droits de la personne de l’Ontario, il y a une réticence du tribunal à aborder des sujets aussi complexes, tels que la discrimination », affirme-t-il. La gouvernance des écoles des sciences infirmières n’a d’ailleurs pas une bonne connaissance de l’étendue du problème que pose la discrimination systémique. Il n’est pas dans leur intérêt d’avoir un nombre aussi élevé d’appels, car ils sont couteux et leur priorité reste pédagogique. Il est donc nécessaire de structurer un programme d’appel transparent, équitable et qui respecte un délai de temps raisonnable.

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