Par Maeve Burbridge, journaliste
Le moment des adieux est venu pour la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). Paige Booth a débuté l’année en tant que vice-présidente aux affaires externes de la FÉUO et l’a terminée comme présidente par intérim. S’étant retrouvée au centre d’une période tumultueuse en matière de politique étudiante, Booth se prononce par rapport au démantèlement de la Fédération, aux politiques controversées de Ford, et à la transition vers un nouveau syndicat étudiant. Pour effectuer un retour sur l’année qui a vu la fin de l’institution, la dernière présidente de la FÉUO, Paige Booth, rend les comptes.
La Rotonde : À plusieurs moments au cours des derniers mois, vous avez exprimé des doutes quant à la faisabilité de la transition des services de la FÉUO au nouveau syndicat. Que pensez-vous de l’état actuel de cette situation?
Paige Booth : Ça va être difficile de faire la transition de tout, notamment des entreprises, mais je sais que moi et les autres membres de la FÉUO, présentement, on fait de notre mieux pour aider le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO). On a reçu un avis de vacances pour nous avertir de quitter les lieux de l’Université. L’espace appartient à l’Université, donc le nouveau syndicat doit entrer en négociation avec l’Université pour obtenir le droit à ces espaces. Ça va être difficile parce que je pense que l’Université veut reprendre beaucoup de ces espaces-là.
LR : Comment s’est déroulée, et va continuer de se dérouler, la transition ?
PB : Je pense que ça avance bien, mais c’est difficile parce qu’il y a beaucoup d’incertitudes. Le SÉUO devra signer une entente avec l’Université pour permettre à la FÉUO de transférer ses actifs au SÉUO. En ce moment, le SÉUO n’est pas dans une position où il est capable de prendre en charge les actifs de la FÉUO. On attend aussi que le SÉUO signe une entente pour reprendre les employés syndiqués, mais avec le référendum, il y a encore beaucoup d’incertitudes.
LR : L’année a été particulièrement mouvementée avec des allégations allant de la fraude à un environnement de travail toxique, pouvez-vous revenir sur ces moments et les défis qu’ils ont représenté ?
PB: La chose la plus importante qu’il fallait que la FÉUO fasse, c’était d’être à l’écoute des critiques. Je pense que cela a été une tâche particulièrement difficile pour la FÉUO, et la communication par rapport à ces situations était aussi un point faible. Oui, c’était très difficile, mais il y avait clairement des points où la FÉUO devait agir. Je suis fière qu’on ait vraiment essayé de faire des changements au niveau de la structure de la FÉUO, des procédures internes et de la constitution. On a entamé ces changements mais c’était déjà trop tard.
LR : Croyez-vous que le SÉUO va être en mesure de créer un environnement de travail plus sain ?
PB: Je pense qu’il y aura toujours un certain niveau de désaccord, mais il faut faire de notre mieux en tant qu’individus pour essayer de trouver des solutions aux désaccords. C’est impossible de plaire à tout le monde, et c’est un travail qui est vraiment difficile. Il faut être à l’écoute des commentaires et des critiques pour agir en fonction de ceux-ci. Il faut toujours garder de bonnes intentions pour assurer qu’on ne se trouve pas dans une situation toxique, mais je pense que le fait d’avoir des opinions fortes et des désaccords, ça fait partie de l’environnement du syndicat étudiant. Sans ça, on ne peut pas prendre des décisions informées. Je pense que c’est impossible d’avoir un syndicat parfait où il n’y a pas de désaccords.
LR : Est-ce que vous travaillez avec le SÉUO ? Si oui, de quelle manière ?
PB : Oui, on a des rencontres chaque semaine. Personnellement, j’espère vraiment qu’il puisse réussir, donc si jamais il a besoin de quelque chose, moi personnellement et la FÉUO, on va s’assurer qu’il a les ressources nécessaires. Personnellement, je ne veux pas m’impliquer officiellement dans l’organisation.
LR : Est-ce que vous pensez que le SÉUO risque de perdre encore plus de services au cours de sa transition ?
PB : J’espère que non. J’espère aussi que le référendum pour l’initiative Liberté de choix obtienne un oui pour pouvoir continuer à offrir ces services. Si le référendum ne passe pas, il ne va pas y avoir de syndicat ni de services. Rien ne va rester. Le transfert des services va dépendre de si on va pouvoir obtenir un financement pour les services ou non. Je pense qu’il faut faire preuve de créativité et d’innovation pour assurer la continuité de tous les services parce qu’on va avoir moins de financement. De la part de la FÉUO, on va contribuer avec toutes les ressources qu’on peut pour s’assurer que les services puissent continuer d’exister sur le campus, mais il y a une limite à ce qu’on peut faire.
LR : Qu’espérez-vous que le nouveau nouveau syndicat accomplisse pour la population étudiante ?
PB : On a besoin de plus de ressources pour la santé mentale. C’est aussi une très bonne idée qu’il y ait un commissaire aux affaires francophones pour faire plus pour les étudiants francophones sur le campus. Les étudiants francophones souffrent beaucoup en matière des études, de l’accès aux ressources de santé mentale, et de la représentation lors d’événements. J’espère voir le nouveau syndicat accomplir beaucoup sur ce plan-là. J’espère aussi qu’il sera en mesure d’entretenir une relation saine avec l’Université.
LR : Les élections du SÉUO sont en cours présentement. Comment réagissez-vous face au manque de candidats ?
PB : Je suis un peu déçue parce que j’ai vu beaucoup de mobilisation de la part des étudiant.e.s pour avoir un nouveau syndicat. Alors, ce serait bien s’il y avait plus de candidats. Mais je comprends que c’est un travail qui est difficile et incertain, vu le référendum Liberté de choix.
LR : Vis-à-vis le référendum sur les services, pensez-vous que le résultat va pencher vers le oui ou vers le non ?
PB : J’espère que ça penche vers le oui, parce que même si on obtient un oui, la plupart des services restent des paiements optionnels. Mais je ne peux rien prédire. Peut-être que les étudiants vont voir le montant qu’ils paient en cotisation, les 200 et quelques dollars, et tout simplement dire non. Donc, j’espère qu’ils vont voter pour le oui, mais je pense qu’on doit continuer à communiquer avec les étudiants pour les informer des conséquences potentielles de ce référendum.
LR : Vous prononcez-vous contre l’initiative de Liberté de choix du gouvernement progressiste-conservateur ?
PB : Oui, parce que je pense que tous les services sont essentiels. Le Centre de la fierté est un service essentiel, la Banque alimentaire est essentielle, les médias étudiants sont essentiels. Tous ces services sont essentiels.
LR : De manière générale, comment s’est passé votre année en tant que membre de l’exécutif de la FÉUO ?
PB : C’était difficile au niveau personnel. C’était difficile de continuer avec mes études et de prendre soin de ma santé mentale, mais en fin de compte j’ai beaucoup appris et je suis contente d’avoir vécu cette expérience. C’est une expérience dont je me souviendrai pour toujours.
LR : De quoi êtes-vous le plus fière dans votre rôle de présidente par intérim de la FÉUO ? Qu’est-ce que vous auriez pu mieux gérer ?
PB : Je ne peux pas me rappeler d’un temps où les relations entre la FÉUO et les corps fédérés étaient bonnes. Il y a toujours eu un écart. Cette année, j’ai eu l’impression qu’on a rétabli ces relations-là. On a beaucoup collaboré avec les corps fédérés et les clubs. J’ai beaucoup travaillé avec les syndicats sur le campus comme le Syndicat canadien de la fonction publique, l’Association des étudiant.e.s diplômé.e.s de l’Université d’Ottawa et l’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa. Je suis vraiment fière des bonnes relations que j’ai entretenues avec eux.
LR : Vous êtes la dernière présidente de la FÉUO, comment pouvez-vous décrire la situation dans laquelle vous vous trouvez ?
PB : Unique. Je ne trouve pas les mots pour la décrire. Je suis heureuse que j’aie l’opportunité de donner tout ce que je peux au nouveau syndicat pour leur permettre d’accomplir le plus possible. Ceci n’est pas la situation que j’avais en tête quand j’imaginais mon mandat au début de l’année, mais c’est une expérience unique et j’ai beaucoup appris.
LR : On l’oublie mais vous aviez été élue en tant que V.-P. aux affaires externes, comment évaluez-vous votre mandat dans ce dossier ?
PB : Ce n’était pas parfait, pas du tout, parce que j’avais beaucoup d’autres préoccupations. En termes de la collaboration avec les corps fédérés, je pense qu’on a beaucoup accompli. J’ai travaillé beaucoup avec l’Université, les corps fédérés sur ses politiques et avec le Centre des droits des étudiants pour créer des politiques justes. Je pense que j’ai beaucoup accompli sur ce plan-là, mais il y avait beaucoup plus d’objectifs que j’avais comme V.-P. externe.
LR : Si vous pouviez donner un conseil aux nouveaux membres de l’exécutif, que serait-il ?
PB : Ce serait de toujours garder des bonnes intentions à l’esprit, que c’est impossible de plaire à tout le monde, de travailler fort et de prêter l’oreille aux critiques.
LR : Que ferez-vous l’an prochain ?
PB : Je vais compléter mes études. Je veux travailler dans la communauté pour des causes entourant la santé mentale. Je veux aussi déménager pour être plus près de ma famille. Je veux juste continuer avec une vie plus calme. J’ai vraiment mis ma vie personnelle et mes études de côté pour m’occuper de la FÉUO cette année, mais je pense que c’était nécessaire.