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Dévoilement du plan directeur de l’Université : La communauté suffisamment consultée?

– Par Clémence Labasse –

Après près de trois ans de gestation, le plan directeur du campus de l’Université d’Ottawa arrive bientôt à son terme. Lors de journées portes ouvertes les 10 et 11 mars dernier, la communauté universitaire et les résidents de la Côte-de-Sable ont pu découvrir l’avenir du campus, tel que dévoilé par les représentants de la firme de consultants torontoise Urban Strategies en charge du projet. Toujours sujet à des changements, le plan final devrait être remis au Bureau des gouverneurs à l’automne.

Dans les grandes lignes

Ambitieux, ce plan directeur prévoit de nombreux chambardements pour l’Université. Nouveaux bâtiments, nouvelles installations, réaménagements touchant autant des édifices que des sites extérieurs, le plan paraît colossal. Les objectifs affichés sont autant d’agrandir le campus que de le rendre plus respectueux de l’environnement, plus favorable à l’intégration des communautés pour « créer une image positive et unie de l’Université. »

Parmi les transformations les plus notables, le Centre universitaire Jock Turcot et l’édifice Montpetit, bâtiments dont la construction remonte aux années 1970, devraient se voir rasés. De même, les résidences Brooks, Thompson et une grande partie des édifices présents sur la rue King Edward devraient disparaître. La rue serait complètement réaménagée pour y accueillir immeubles universitaires, logements étudiants et commerces.

Certains projets ont déjà été amorcés, comme la construction de la résidence Henderson depuis la rentrée 2014. D’autres débuteront de façon imminente. Une place centrale piétonne devrait apparaître à la rentrée, là où se situe actuellement le stationnement de la Faculté des sciences sociales. De plus, le Centre d’apprentissage sera accolé à l’arrière du bâtiment Lamoureux. Les travaux commenceront cet été. Pour les étudiants, l’impact le plus immédiat sera la multiplication des cours de soir afin de compenser pour les fermetures de salles nécessités par les travaux. Si ce plan dessine les grandes lignes du développement futur, plusieurs incertitudes entourent encore certaines propositions.

Ni l’emplacement du nouveau centre n’a été déterminé, ni les conditions de destruction de l’ancien. Pour autant, ce n’est pas de sitôt que beaucoup de ces bâtiments verront le jour. Le réaménagement proposé s’étale sur au moins une trentaine d’années.

La proposition de destruction des résidences Brooks et de ses 708 places peut surprendre, alors que l’Université doit s’efforcer en parallèle de combler la pénurie de place en résidence. Le plan directeur indique que 12 000 places, au mieux, pourraient être créées en résidence au terme des nombreux réaménagements. Du reste, l’acquisition le 18 mars du Quality Hotel devrait permettre à l’Université de proposer quelques 400 nouveaux lits dès cet automne.

L’accent mis sur la communauté

Le processus se veut transparent. Dans un article de La Rotonde de l’année dernière, l’architecte urbaniste Eric Turcotte, membre de l’équipe de consultants, expliquait déjà que les ateliers, en présence de différents membres de la communauté, s’étaient très bien passés. « On peut voir quelles sont les priorités de l’administration versus celles des étudiants et des professeurs. […] On veut que les acteurs puissent faire partie des solutions », avait-il déclaré.

Philipe Garcia-Duchesne, étudiant de deuxième année en étude des conflits et droits humains, a découvert les plans de l’Université lors de la journée portes ouvertes. « Il y avait surtout des grands panneaux pour lire et tu pouvais poser quelques questions. Après en avoir posées quelques-unes, je pense que j’en suis sorti plus confus qu’autre chose. Je ne sais pas si j’ai été écouté mais j’ai tenté de voir comment je pourrais être plus impliqué, en prenant des contacts », relate-t-il.

Jonathan Rausseo, gestionnaire au Bureau du développement durable, s’est impliqué dans les démarches, que ce soit lors de consultations ou sur les réseaux sociaux. « J’encourage les gens à participer et à donner leur avis, car en fin de compte, c’est notre campus et c’est à nous de décider ce qu’on veut pour l’avenir ».

Le gestionnaire aura pu participer à quelques consultations, sur des sujets spécifiques. « J’ai aimé pouvoir participer à ça. D’habitude on voit rarement des interactions avec la communauté dans les prises de décision. Cela étant, les groupes consultés par la firme pouvaient aussi être très spécifiques, par exemple, la consultation pour le Centre d’apprentissage n’était pas publique, seules des personnes spécialisées pouvaient y participer », a précisé M. Rausseo.

Pour la présidente de la Fédération étudiante, Anne-Marie Roy, les points de vue étudiants n’ont pas été suffisamment intégrés à la discussion. « Le plan n’a pas été fait en coopération avec les étudiants. Nous avons eu trois à quatre rencontres avec les architectes pour discuter de l’avenir du campus, et du Centre universitaire notamment mais il s’agissait bien plus de présentations auxquelles nous réagissions que de réels échanges », affirme-t-elle. La présidente souligne également qu’il lui a été refusé de participer au Comité consultatif du développement du campus de l’Université, auquel elle avait demandé d’être intégrée.

Manque de chiffres préoccupant

L’Université voit les choses en grand. S’il est possible de suivre les mises à jour du processus de consultation et l’avancement du projet grâce à un blog interactif, rares sont les informations chiffrées disponibles. On trouve, en particulier, peu d’estimation du budget qu’exigerait un tel développement s’il était entièrement mené à bien. Même s’il est forcément difficile d’estimer le total des investissements nécessaires, puisque tous les projets proposés ne sont pas décidés, leur impact sur les coûts de scolarité et sur les ressources pédagogiques reste inconnu.

À court terme, différents investissements ont été dévoilés sur l’état du budget de 2014. Cinq millions de dollars ont ainsi été investis pour le Centre d’apprentissage et l’édifice des sciences de la santé, mais cette somme ne couvre que le développement des plans et devis.

Davantage sur les coûts sera dévoilé de pair avec le projet final lors de sa présentation au Bureau des gouverneurs, prévue pour l’automne prochain.

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