– Par Alex Jürgen Thumm –
Ce n’est pas tout le monde qui rêve de vivre en colocation et de ne pas être maître chez soi. Si l’on accueille souvent parents et amis, un appartement avec une deuxième chambre est bien pratique. Or, selon les loyers moyens à Ottawa, chaque chambre d’extra ajoute 200 $ au loyer. Airbnb.com est devenu une solution pour plusieurs gens qui veulent un plus grand chez-soi tout en gardant le contrôle de qui est là et quand. L’idée a du potentiel, mais la légalité est contestée et un surplus de nouveaux hôtes rend peut-être cette option de moins en moins rentable.
Airbnb se trouve dans plus de 34 000 villes autour du monde et plus de 25 millions de gens ont été hébergés depuis sa création en 2008. Il s’inscrit dans le phénomène de l’« économie du partage ». Le concept est simple : quiconque a une chambre d’extra, ou même toute une maison, peut la louer à autrui comme un gîte.
Plusieurs centaines de chambres et d’appartements au complet à Ottawa-Gatineau sont inscrits sur Airbnb. Les chambres à coucher coûtent en moyenne 40 $ la nuit et des tarifs hebdomadaires et mensuels sont souvent proposés. Même si tant d’unités paraissent dans le répertoire, plusieurs hôtes n’offrent leur chambre que pour quelques jours par mois, même seulement pendant quelques semaines de l’année. Airbnb est souvent utilisé pour remplir et rentabiliser sa maison lorsqu’on est parti en vacances.
La Rotonde s’est entretenue avec trois jeunes hôtes Airbnb à Ottawa-Gatineau, dont des étudiants, qui souhaitent garder l’anonymat. Tous les trois sont de nouveaux membres du site, s’étant inscrits le semestre dernier. Une personne s’est inscrite afin de mettre en usage une chambre non utilisée et pour rencontrer des voyageurs intéressants. Elle n’a toujours pas eu de réservation. « Je pense que les gens préfèrent réserver une chambre qui a déjà des recommandations, donc il est difficile de se mettre le pied dans la porte. Il y a beaucoup de gens sur Airbnb maintenant ».
Un autre nouvel hôte a pourtant eu du succès : « Je suis devenu hôte Airbnb pour une raison très simple : je suis arrivé de [l’étranger] juste avant le début des cours et j’avais donc besoin d’un appartement rapidement. J’en ai eu un presque sans délai, mais il avait deux chambres. Je ne voulais pas d’un colocataire cette année ». Il a eu quatre invités le semestre dernier. « La rentabilité est bien meilleure qu’avec un colocataire. Si je sous-loue une chambre à un colocataire, je gagne 300 $ dans les 30 jours d’un mois. Pour arriver à ce montant, je n’ai qu’à mettre à disposition ma chambre pour des clients Airbnb pendant huit jours ».
Illégal?
« La légalité d’héberger avec Airbnb est complexe », a constaté un hôte, malgré que la plupart des hôtes publient leur nom complet et des photos de l’extérieur de leur immeuble sur le site. Plusieurs villes américaines pénalisent ce qu’elles appellent la sous-location à court terme. À San Francisco, ce sont souvent les voisins qui déposent des plaintes. Un hôte Airbnb à New York a reçu une contravention de 30 000 $.
Quant à l’Ontario, Mark Weisleder, avocat du droit immobilier, a écrit dans le Toronto Star qu’il n’est pas explicitement illégal, mais il y a d’autres facteurs qui le rendent difficile. Premièrement, il faut avertir sa compagnie d’assurances, ce qui va sûrement augmenter les primes. Le plus important : la loi stipule qu’un locataire ne peut pas sous-louer son unité à un frais plus élevé que le loyer, or c’est presque toujours le cas sur Airbnb.
Au Québec, un hôte doit avertir son propriétaire, se procurer un permis annuel de 250 $ et charger une taxe de 2 à 3 $ la nuit. Selon les statistiques, il est clair que la plupart au Québec sont clandestins. Le Québec a enquêté sur le cas de 2000 hôtes en 2013. Les amendes s’élèvent jusqu’à 2250 $ par jour.