– Par Vincent Rioux –
Le 4 septembre dernier, 16 associations étudiantes à travers le pays ont lancé une campagne de désaffiliation de la Fédération canadiennes des étudiants et étudiantes (FCÉÉ). Les associations étudiantes qui ont lancé le mouvement font présentement circuler des pétitions afin que la Fédération reconnaisse leur droit de la quitter. Les associations étudiantes du Collège Dawson, de l’Universités de la Colombie-Britannique, de l’Université de Toronto, de l’Université York, de l’Université Ryerson, de l’Université Capilano et de l’Université polytechnique Kwantlen, sont les seules à avoir publiquement annoncé leur démarche de désaffiliation. Toutefois, le porte-parole francophone du mouvement, Nicholas DiPenna, étudiant au Collège Dawson, assure que ce ne sont pas les seules associations. « Il y en a plusieurs qui ne veulent pas être nommées pour différentes raisons », affirme-t-il.
Une structure défaillante
Pour M. Di Penna, « il y a un mélange très éclectique » de raisons qui poussent les associations étudiantes à quitter la FCÉÉ. « Leur démocratie semble atteint d’un cancer nommé capital social », propose d’abord l’étudiant montréalais. « Le favoritisme au sein de la FCÉÉ, la question des employés permanents qui peuvent passer des motions et qui peuvent être impliqués dans la démocratie étudiante, c’est très malsain », poursuitM. Di Penna. « La FCÉÉ n’est pas une entité démocratique. En voulant à tout prix se garder en vie et se protéger des franges conservatrices, elle
sacrifice son intérêt premier, qui est de se battre pour les étudiants », martèle-t-il. Le porte-parole du mouvement croit qu’il faut qu’une association étudiante puisse « reconnaître sa propre mortalité ». « [Les associations étudiantes] mourront et renaîtront, il faut ça pour avoir un changement naturel au sein de la démocratie étudiante », croit l’étudiant en anthropologie. Une nouvelle fédération étudiante à l’image de celles du Québec Le mouvement « d’exode de la FCÉÉ » veut tenir un congrès en 2014 pour définir les lignes directrices de cette nouvelle fédération étudiante qui devra être « vraiment progressiste ». « Nous voulons prendre exemple sur l’ASSÉ (Association pour solidarité syndicale étudiante) et avoir une association qui se base sur ses congrès et qui n’a pas nécessairement de président et de système démocratique en pyramide, [comme à la FCÉÉ] »,avance M. Di Penna. « Lors de la création d’une nouvelle fédération étudiante, la question des salariés au sein des associations étudiantes va certainement être débattue », promet-il. « Un activiste salarié, ça crée des perturbations. Ça crée une dynamique où les salariés disent “moi je suis payé et pas toi donc je suis plus légitime que toi”. Cela met en place des hiérarchies inutiles et malsaines », selon lui.
Vers une représentation inexacte de l’ensemble des étudiants canadiens
Au Québec, l’association étudiante du Collège Dawson était la dernière à encore être affiliée à la FCÉÉ. Rappelons que les associations étudiantes de l’Université Concordia ont voté pour une désaffiliation de la FCÉÉ, mais que ce vote n’a toujours pas été reconnu par cette dernière. C’est pourquoi les étudiants concordiens ont entrepris des démarches judiciaires pour que le résultat du vote soit reconnu par la FCÉÉ et que leur désaffiliation soit effective. Outre le Québec, cette vague de désaffiliation pourrait laisser la Colombie-Britannique et le Manitoba sans aucune association affiliée à la FCÉÉ, en plus d’avoir une faible représentation en Alberta de même que dans les provinces maritimes, selon le communiqué de presse. La FÉUO et la GSAÉD entendent continuer leur partenariat avec laFCÉÉ Anne-Marie Roy, présidente de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), et Seamus Wolfe, commissaire aux affaires externes de l’Association des étudiant.e.s diplômé.e.s (GSAÉD), assurent que leurs associations étudiantes respectives n’ont aucune intention de quitter la FCÉÉ.« À la FÉUO, nous voulons continuer à travailler avec la FCÉÉ et à utiliser leur matériel promotionnel. Les enjeux [que la FCÉÉ met de l’avant] nous tiennent à cœur », lance Mme Roy. Contrairement à M. Di Penna, la présidente ottavienne croit que la FCÉÉ est démocratique puisque « les délégations étudiantes sont invitées à débattre et à présenter leurs motions lors des assemblées générales annuelles ». De plus, Mme Roy ne croit pas que la structure de la FCÉÉ doit être réformée. Enfin, Mme Roy rappelle que la FCÉÉ a fait des gains importants ces dernières années, notamment en ce qui a trait aux permis pour travailler hors du campus pour les étudiants internationaux et aux programmes de prêts et bourses du gouvernement fédéral. Même son de cloche pour M. Wolfe, qui croit que la FCÉÉ est le meilleur moyen de promouvoir les luttes des étudiants de la GSAÉD. Toutefois, M. Wolfe admet qu’il y a certaines lacunes au sein de la FCÉÉ et croit qu’elles devront être adressées au cours des prochaines années.