– Par Sarah Hoy –
En juillet dernier, près de 5000 personnes de la communauté scientifique ont manifesté dans les rues d’Ottawa. Le rassemblement a pris la forme d’une marche funèbre, suivie d’un cercueil symbolisant la mort de la preuve scientifique.
L’idée d’un rassemblement de la « Mort de la preuve scientifique » est venue à Katie Gibbs, une étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O) récemment diplômée d’un doctorat en étude de la biologie de la conservation, alors qu’elle était dans un pub avec ses collègues. Avec le Pr Scott Findlay du département de biologie, le groupe a décidé d’agir contre la censure des scientifiques gouvernementaux. Ce problème constitue une préoccupation croissante face à la mise en place de politiques qui censurent les scientifiques canadiens et les scientifiques internationaux qui travaillent au Canada. Le groupe a donc décidé d’organiser un événement parallèle à la tenue d’une conférence scientifique, organisée durant l’été 2012.
« J’ai commencé à être frustrée de savoir que tant de connaissances scientifiques étaient produites, mais […] qu’elles n’étaient pas utilisées actuellement dans le domaine politique. Je sentais que la politique avait pris du retard en ce qui concerne les sciences », explique Mme Gibbs.
Créer une organisation pour la science et la démocratie
En janvier dernier, le Pr Findlay et Mme Gibbs ayant participé au
rassemblement de la « Mort de la preuve scientifique » ont fondé une
organisation nommée « Évidence pour la démocratie ». Les buts de l’organisation consistent à « suivre les décisions politiques et vérifier si elles sont basées sur des évidences scientifiques ou non, […] informer le public des raisons pour lesquelles les preuves scientifiques doivent être utilisées dans la prise de décisions […] et faire des campagnes pour la promotion des enjeux importants […] comme la campagne Science: Uncensored (la science sans censure), qui a lieu en ce moment », explique Mme Gibbs.
Selon le Pr Findlay, « la chose à laquelle je m’intéresse particulièrement est de promouvoir, chez les Canadiens, l’idée que ça fait partie du rôle d’un gouvernement responsable de montrer quelles sont les preuves qui soutiennent une décision particulière. Si vous, en tant que gouvernement, dites que votre objectif est de faire « Y » et que, afin d’accomplir « Y », vous ferez « X », alors je pense que ça incombe aux Canadiens [d’exiger les preuves qui montrent que « X » produira « Y »]. Selon moi, si les Canadiens étaient plus enclins à poser ce type de questions, nous serions dans une meilleure situation. » Le Pr Findley ajoute qu’il veut promouvoir un « scepticisme constructif » chez les Canadiens.
Le lancement officiel de l’organisation
« Évidence pour la démocratie » devrait avoir lieu sous peu. Le travail d’information du public que vise l’organisation est déjà amorcé à travers les nombreuses informations disponibles sur la science et la censure sur son site web. Le groupe dénonce notamment la fermeture de laboratoires et d’institutions de recherche, la réduction des budgets de recherche de plusieurs organismes canadiens et la fin de l’obligation de remplir la version longue du recensement.