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Arts et culture

Derrière les murs, un documentaire poignant

Crédit Visuel : Galerie SAW

Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe du pupitre arts et culture 

Alarmées par l’augmentation de femmes en prison au Canada et inspirées par l’engagement de la sénatrice Kim Pate pour changer les choses ; trois réalisatrices – Nance Ackerman, Ariella Pahlke et Teresa Macinnes – se sont lancées dans la création du documentaire Conviction. Celui-ci a été présenté à la galerie SAW le 2 mars à 18h.

Le documentaire a été créé en collaboration avec l’Association canadienne des Sociétés Elizabeth Fry, auparavant dirigée par Kim Pate. L’organisation lutte pour offrir aux femmes une alternative à l’emprisonnement, plus de justice ainsi que de meilleures conditions à l’intérieur des murs. Les profits des visionnement publics ont été reversés à l’Association. 

Ce long métrage explore la dure réalité des femmes emprisonnées, directement à travers les yeux de ces dernières. Pour se faire, la démarche détonne ; elle propose aux femmes incarcérées  de participer directement et en collaboration, à toutes les étapes de la création du film.

Équipées d’une musico-thérapeute et d’une artiste de slam, l’équipe de création confie la caméra à quatre détenues : Bianca Mercer, Treena Smith, Laura Tony, et Caitlin Hill. Le documentaire cherche ainsi à briser la frontière créée entre « nous » et « elles ». 

Porté par le souffle

La forme du documentaire est poignante. Le spectateur ou la spectatrice se trouve emporté, dès le début, par la puissance d’un choeur de souffles de femmes.

Leurs échos accompagnés de tambours rappelle la bataille et la force continuelle de ces femmes. La caméra suit leurs visages et infimes réactions de près, offrant ainsi une perspective qui contraste avec le voyeurisme habituel. 

Très rapidement, les réalisatrices établissent un lien entre les combats qui nous appartiennent et ceux qu’elles vivent. La sensibilité intrinsèque de ces femmes est mise à nue grâce aux ateliers d’art-thérapie, donnés par l’équipe de création.

L’art agit ici comme un baume entre les scènes plus difficiles, filmées à la façon d’un selfie. Elles témoignent de passages difficiles lors de leurs sorties de prison, comme la prise de drogues ou des comportements auto-destructeurs. Ces moment compliqués, « coup de poing », sont toutefois incroyablement touchants. 

Pour se faire entendre 

Ayant accès aux histoires personnelles des incarcérées, il est frappant de constater la violence des vies de ces dernières. Marquées souvent par la pauvreté, le traumatisme, les troubles de santé mentale ou la dépendance, ces femmes racontent avoir eu peu d’appui de la part de leur communauté.

Livrées à elles-mêmes, la violence ou l’auto-destruction ont servies d’habiletés d’adaptation. Isolées à nouveau entre ces quatre murs, elles peinent à trouver de nouvelles manières pour s’en sortir. 

Ce film expose non seulement la dure réalité des prisons, mais aussi les causes systémiques qui la perpétue. Une des causes flagrante semble être la pauvreté, souvent criminalisée, et qui limite les ressources de ces femmes pour aller mieux.

Il est possible d’organiser un visionnement, d’appuyer la cause ainsi que de militer pour de meilleures conditions des femmes emprisonnées via le site internet du documentaire.

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