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Arts et culture

Dérives de glace: L’interdisciplinarité au cœur de la culture artistique du Nunavut

1 février 2016

Par Marie-Pier Pernice

Gauge (2015), un film collectif projeté sur trois murs se faisant face, captive le public en faisant miroiter l’existence éphémère des banquises du Nunavut. Telle la glace qui se forme et fond, l’image apparait d’abord d’un côté, puis disparait pour se reconstruire de l’autre. Entre-temps, un canevas naturel se crée, au rythme des jours et des nuits, et dessus, on devine les artistes qui y ont créé des œuvres temporaires. Dérives de glace, exposition collective mise en place par la commissaire Kathleen Nicholls,  propose un plongeon dans le monde artistique du Nunavut, à l’Axeneo7 du 26 janvier au 5 mars.

La sélection des 20 artistes qui ont eu la possibilité de participer à cette expérience ne s’est pas prouvé facile pour Nicholls. En effet, « l’immensité physique du Nunavut et sa faible population » ne laissent pas facilement deviner sa densité artistique exceptionnelle. On y retrouve, selon elle, « plus d’artistes par capita que n’importe où ailleurs dans le monde ». Dérives de glace ne laisse donc voir que la pointe de l’iceberg d’une communauté au patrimoine artistique important.

Bien ancré dans la riche culture « nunavummiut », l’art, traduit en inuktitut par toute « chose qui est faite à la main », peut y prendre plusieurs formes. La commissaire mentionne l’importance de « la nature interdisciplinaire des œuvres choisies », sans ne penser uniquement qu’à « l’utilisation de différents médiums ». Nicholls invite plutôt le public à réfléchir « au  travail et à l’existence interdisciplinaire et interconnectée » des participants, vivant à la fois le rôle « d’artiste, d’activiste, de mère, de père, d’étudiant, de professeur ».

Certaines œuvres, comme Gauge (2015), explorent la métaphore de la dérive de glace de façon implicite, tandis que d’autres incitent le public à chercher plus loin. Stephan St-Laurent, directeur artistique d’Axeneo7, a d’ailleurs remis en question la première impression qu’a eu Nicholls du dessin (sans titre) de Quavavau Manumie (2014). Cette œuvre aux traits légers de crayons de bois et aux couleurs vives peut laisser croire au public que la baleine qui y est dessinée se fait aider par les animaux qui l’entourent, mais on peut aussi comprendre qu’elle est plutôt prise au piège. Cette « étrange dualité » fait partie des nombreuses pistes à explorer se retrouvant au cœur de la superbe exposition Dérives de glace.

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