Arts & Culture
Par Gabrielle Lemire
Vendredi soir, dans le violacé de la quatrième scène du Centre national des arts se tenait sur scène un jeune homme calme, le regard comme s’il était ailleurs. Originaire de Caplan en Gaspésie, c’est une demeure au bord de la mer que Cédrik St-Onge quittait pour étendre sur la capitale son voile de folk ambiant. On dit de lui qu’il a une âme mature qui ne fait pas son âge et que sa musique n’est qu’une manière de l’exprimer. Entretien avec le Gaspésien de 20 ans qui nous livre le EP Les yeux comme deux boussoles.
La Rotonde : Comment as-tu commencé à t’intéresser à la musique?
Cédrik St-Onge: J’ai commencé à écrire des chansons en anglais à l’âge de 14 ans. Quand je suis allé à Petite-Vallée dans un camp de chanson en écriture, j’ai eu un coup de coeur pour la langue française donc depuis ce temps-là j’écris juste en français et il n’y a rien qui sort en anglais. Je n’ai aucun background théorique, je joue vraiment à l’oreille.
Je pense souvent au fait qu’un jour je vais manquer d’inspiration, mais je pense que c’est quelque chose que tout le monde qui écrit des tounes se dit. Ce n’est pas quelque chose de sûr, ça se peut que demain je n’aie plus d’idées du tout.
LR : Comment décrirais-tu ton processus créatif?
CSO : Rarement, je vais avoir un sujet en tête dont je vais vouloir parler. Ce qui arrive souvent, c’est que j’ai un riff de guitare et une suite d’accords qui me font me sentir d’une certaine façon. Après j’écris là-dessus. Souvent, je fais des va-et-vient avec ma voix pour voir où je pourrais ajouter des mots et je les ajoute après. Dans la vie, je suis auteur-compositeur mais, c’est rare que je vais écouter de la musique du même style. Je pense que c’est un peu pour me distancer. Ça arrive souvent que tu aies une idée, mais que finalement ce n’est que ton subconscient qui a entendu ça quelque part. Quand tu essaies de te faire un son, je pense qu’il ne faut pas trop que tu écoutes les autres.
LR : On dit de toi que tu ne fais pas ton âge. Qu’est-ce qui suscite cette impression chez les gens selon toi?
CSO : Je pense que ça repose sur le fait que quand j’étais plus jeune, je me tenais toujours avec du monde plus vieux. Mais je ne me sens pas plus vieux que les autres. Je pense que m’engager à écrire de la musique, ça m’a peut-être rendu un peu plus sérieux.
LR : Louis-Jean Cormier a produit ton premier album, as-tu aimé travailler avec lui?
CSO : C’est le genre de chose que tu ne t’imagines pas qui va t’arriver. C’est un peu irréaliste. Je suis vraiment content parce que je pense que ça a donné un boost au projet, mais en même temps c’est la première direction artistique que j’ai eue dans ma vie. Avant j’étais toujours tout seul. Que quelqu’un arrive et qu’il prenne des décisions à ma place, c’est important que ce soit quelqu’un que je respecte musicalement. Et Karkwa, c’est probablement un des bands qui m’a le plus marqué quand j’étais jeune. C’est la meilleure personne qui aurait pu faire le EP.
Cédrik fait également partie du projet Chansons rassembleuses/Nikamu mamuitun formé de quatre artistes québécois.e.s et quatre artistes autochtones.