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Débat | PKP au PQ

Débat– Par Nicholas DuBois, David Beaudin Hyppia et Nicolas Gauvin –

NG : La candidature de PKP est intéressante. Elle vient apporter une certaine expertise économique au Parti Québécois qui lui a toujours fait défaut. Il est à noter qu’aucun homme d’affaires québécois ne s’est prononcé aussi explicitement en faveur de la souveraineté du Québec.

D : S’il est vrai que PKP est un homme d’affaires d’envergure, il est aussi vrai qu’il ne représente aucune des « valeurs » québécoises chéries par le PQ. Il n’est pas traditionnaliste, ni socialiste. Pierre-Karl Péladeau, magnat des communications et propriétaire des fameux Sun News et etc., représente tout le contraire de ce que les premiers souverainistes voulaient d’un Québec libre. Ces penseurs, comme Pierre Vallières, voulaient un Québec de gauche, où les travailleurs seraient les premiers bénéficiaires d’un système économique socialiste. Comment un ancien chef d’entreprises, qui bénéficie encore d’environ 70 % des actions de son ancienne compagnie, qui est reconnue comme méprisant les syndicats, les conditions de travail et la qualité du produit vendu, peut devenir un sauveur économique? Si le Québec devient libre à cause de l’argent, il n’y aura de victoire que pour ceux qui peuvent s’acheter du champagne.

ND : Dans le contexte de la commission Charbonneau, qui dévoile tranquillement cette complicité insidieuse entre les grands partis politiques québécois, le monde des affaires et le monde criminel, la candidature de PKP au PQ ne peut qu’augmenter le cynisme des Québécois envers la chose politique. Le saut a été facile, en effet, pour Poulet Karl, d’Hydro-Québec à candidat-vedette du PQ. Avec cette tactique performative qui cherche à hausser la crédibilité fiscale du PQ chez l’électorat, le gouffre entre ce dernier et leurs représentants ne peut que s’élargir. Même lorsque l’on prétend parler des « vraies affaires », nous évitons, à travers ce « star-système », les débats de société autour des enjeux cruciaux. De plus, cette alliance souligne la victoire de l’idéologie néolibérale où l’entreprise est substituée à l’État, et la citoyenne devient la cliente.

NG : Je crois  au contraire que la candidature de PKP peut être interprétée comme la renaissance de la grande coalition. Il ne faut pas l’oublier mais le Parti Québécois est le résultat de l’union de gens de gauche et de gens de droite tous orientés vers l’indépendance. L’indépendance n’est ni à gauche, ni à droite, mais par en avant disait Bernard Landry. L’idéologie néolibérale dites-vous? Parfois je me dis bien que l’état québécois aurait besoin d’une cure néolibérale. Un rapport intéressant issu du centre de productivité du HEC indique que les dépenses de programmes des divers ministères et organismes gouvernementaux augmentent sans cesse. Pendant que l’investissement privé non résidentiel est en chute libre. Qu’est-ce que cela signifie? Cela veut dire que L’État québécois va disposer de moins de revenus pour plus dépenses. La rapport conclut deux choses : si les dépenses de programmes augmentent,  c’est parce qu’elles se traduisent  par un élargissement constant de services auprès de la population  et par des hausses constantes du salaire des employés de l’État. Bref… L’État québécois vit largement au-dessus de ses moyens. Un certain désengagement de l’État s’impose et ce désengagement doit aller de pair avec une valorisation de l’entreprenariat. C’est bien beau vouloir répartir la richesse, mais il faut d’abord la créer! Difficile de créer de la richesse, quand un lourd fardeau fiscal repose sur l’ensemble des  entreprises québécoises , difficile de créer de la richesse quand pour avoir un quelconque crédit d’impôt ou une quelconque aide ou subvention gouvernementale, l’entrepreneur doit faire face à une pile de paperasse à remplir l’idéologie néolibérale ou pas la réalité finit toujours par vous  rattraper. Il est selon moi désolant de ne voir aucun parti aborder explicitement le problème de la productivité et de l’entreprenariat. À cet égard, je trouve que la nomination de PKP vient revaloriser l’entrepreneuriat et vient apporter une certaine expertise en la matière.

ND : La question du néolibéralisme chez le PQ est intéressante, certes, mais ce débat semble interpeller plutôt la question de la candidature elle-même. Mis à part le conflit d’intérêts soulevé à maintes reprises entre la couverture électorale des affilies de Québecor et la candidature de PKP, je ferais le retour à l’élément de performativité chez ce candidat-vedette. Nous croyons (nous, puisque nous sommes tous aussi susceptibles à ces tactiques partisanes),  priori, que PKP sera nécessairement un bon « gérant » de l’État. Les hommes et femmes d’affaires, nous dit-on, se sont démontrés dans la « vraie vie » et méritent de nous diriger. La candidature de PKP est incroyable puisqu’elle est la caricature monstrueuse de l’illusion de la représentativité, cette foi en l’habilité de nos supérieurs de pouvoir démystifier notre société. Ce pari du PQ échouera peut-être (les sondages semblent l’indiquer), mais demeure qu’il s’inscrit dans la logique même de notre système démocratique ; la représentation sans substance.

NG : Dans un premier temps, il faut spécifier que la compréhension de l’état nécessité de prime abord un certain nombre de connaissances. Démystifier dites-vous? Je ne comprends  pas où vous voulez en venir. Nul besoin d’un quelconque pouvoir de démystification pour remarquer que la situation  actuelle de la société québécoise est en de  nombreux points très précaire. Lors des derniers jours, Radio-Canada a mené une série de sondages qui démontre que les Québécois sont relativement inquiets de la situation des finances publiques, de l’économie, du système de santé, etc. Un redressement s’impose. Cependant, ce redressement nécessite un agir collectif. Il ne faut jamais oublier que la société  civile dans le système représentatif occupe également un rôle particulier. Contrairement à ce que vous insinuez, on ne trouve pas dans le système représentatif des hommes et de femmes qui  détiennent le monopole du bon sens  et de l’agir, mais plutôt des acteurs essentiels qui agissent en complémentarité avec la société civile.

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