
Débat | Ce qu’il faut retenir du référendum sur les Assemblées générales
Ce qu’il faut retenir du référendum sur les Assemblées générales. (En réponse à votre réponse)
– Par Nicolas Gauvin –
La fameuse annulation de la victoire du OUI lors du référendum est révélatrice. Avec un taux de participation de seulement de 3,9 %, le OUI dû concéder le fait que sa campagne n’a pas su mobiliser une frange importante de la populace étudiante. J’aimerais bien savoir ce que vous pensez du fait que les représentants du OUI entendent répéter l’expérience en février prochain. Cependant, je prédis encore une nouvelle défaite. Pourquoi donc? Tout simplement parce que je crois sincèrement que le projet des Assemblées générales n’attire aucunement la population étudiante. On peut dénoter à travers ce taux de participation un manque d’intérêt manifeste et justifié.
Comme je l’ai mentionné dans ma première lettre, donner le pouvoir aux Assemblées générales c’est donner le pouvoir à une minorité de militants radicaux. Ne trouvez-vous pas que d’accorder un quorum de 5 % soit irresponsable de la part de FÉUO? Quand on y pense, 3,9 % est quand même proche de 5 %. Imaginez un référendum gagnant [ce qui n’arrivera pas], avec un taux de participation d’à peine plus de 5 %. Quelle va être la légitimité du camp du OUI? Cela serait quelque chose à revoir. Dans votre réponse à ma lettre, on mentionne « il existe une pluralité d’étudiants et d’étudiantes qui pourront participer directement aux débats et aux prises de décisions ». Une supposée plus grande possibilité d’expression, d’accord. Mais à quel prix? Au risque de laisser des pouvoirs importants entre les mains d’une minorité de gauchistes radicaux? Non merci.
Je crois que vous idéalisez les supposées vertus de la démocratie directe. Entre un système représentatif qui a ses lacunes, j’en conviens, et un système supposément beaucoup plus participatif, je préfère infiniment le premier, car dans le premier, il y a absence de ce risque. Par contre, l’assemblée générale, malgré ma critique virulente, peut avoir une mission pertinente en tant qu’espace d’expression. Oui à l’assemblée générale en tant qu’espace d’expression, oui à l’assemblée générale en tant qu’espace de discussion, oui à l’assemblée générale en tant que contrepoids aux institutions politiques actuelles [une démocratie saine nécessite des mécanismes régulateurs], mais non aux assemblées générales en tant qu’instance décisionnelle suprême! Je suis sûr que l’on peut trouver une mission alternative aux Assemblées générales dans le cadre institutionnel actuel.
… C’est que c’est une opportunité pour tous
– Par Nicholas DuBois et David Beaudin Hyppia –
L’argument qui suggère que le manque d’intérêt serait « manifeste et justifié » repose sur une logique circulaire qui renforce le statu quo ; les gens ne participent pas, donc il serait inutile d’accorder une plus grande opportunité de participation. Cette perception condescendante désigne la politique comme étant le domaine d’experts ou de techniciens, qui sauront tempérer les passions de cette masse, tantôt portée à l’apathie, tantôt à l’excitation spontanée de l’okhlos. Le OUI a obtenu plus de voix que n’importe quel candidat élu aux élections partielles de la FÉUO ; la tenue du deuxième référendum au mois de février donne non seulement l’opportunité au camp du OUI de solidifier ses gains mais aussi au camp du NON de s’organiser, de chercher à rejoindre les étudiants, et de faire valoir leur position vis-à-vis les AG.
Ici se retrouve le noyau du conflit : avec l’argument d’homme de paille qui peint les AG comme un forum appartenant uniquement à la méchante « minorité gauchiste », ce bonhomme sept-heures qui semble se cacher sous chaque pupitre, ceux qui s’opposent aux AG offusquent le potentiel d’une telle institution. Celle-ci permettrait autant la droite du campus d’organiser un mouvement démocratique que la gauche. Un tel mouvement pourrait lutter contre la « minorité » qui siège présentement au CA de la FÉUO et mettre de l’avant des projets qui correspondent aux principes de la droite. Même si le scénario tant déploré de la prise de contrôle gauchiste se réaliserait, ceux qui s’y opposeraient disposeraient des moyens institutionnels de combattre cette minorité, tandis que le système actuel permet effectivement à une minorité de saisir le contrôle et de demeurer « l’instance décisionnelle suprême » jusqu’à l’année suivante. Ce système demande à l’étudiant-e de voter une fois, et ensuite l’exclut en présumant représenter ses intérêts.
Il ne faut surtout pas oublier que, sur les 1415 votes, 1199 supportaient le Oui (216 pour le Non). Ce qui fait qu’environ 84 % des votes étaient en faveur des Assemblées générales. Une différence de 1000 votes entre les deux camps démontre bien un intérêt pour les AG. Les élections officielles de la FÉUO, en février, ne dépassent que très rarement le 10 % de participation étudiante. Lorsque le Upass avait été présenté et nécessitait un vote référendaire pour son adoption, le référendum s’était produit en même temps que les élections de février et le taux de participation avait atteint quelque chose comme 15 %. Cela nous démontre qu’il ne faut pas confondre participation étudiante et intérêt étudiant.