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Arts et culture

De la poésie unifiante pour le SLO

PHOTO : LOIC GAUTHIER LE COZ

Par Emmanuelle Gingras

Du 28 au 3 mars dernier, le Salon du Livre de l’Outaouais célébrait ses quarante ans. Suite à une année où la culture francophone en Ontario a dû se serrer les coudes, La Rotonde a souhaité couvrir deux événements se déroulant la soirée du 2 mars : la soirée de poésie Oser la résistance suivie du Bordel littéraire.

Soirée de poésie Oser la résistance

C’est sur la scène étriquée et sous les éclairages tamisés du Bistro-Brasserie Gainsbourg que les éditions Prise de Parole ont présenté une série de poètes de grande envergure. La thématique de cette année, fidèle aux circonstances politiques, est « Oser la résistance ». C’est sous une orchestration dirigée par Stéphane Cormier, organisateur de la soirée, et Stefan Psenak, animateur et président d’honneur, que le public a pu témoigner d’une série de mises en lecture affamées d’opposition.

Derrière la thématique et la sélection des poètes sur place se cache le collectif La Lumière de notre colère, un poème « rapaillé » ayant fait le tour des réseaux sociaux cet hiver. L’initiatrice de ce collectif : Andrée Lacelle, qui a été nommée poète lauréate de la ville d’Ottawa en 2017. Alarmée par les coupures de Ford, celle-ci s’est procurée le bottin de l’Association des auteurs et auteures de l’Ontario : « J’ai regardé pour les poètes qui pourraient être concernés par ça », affirme la poète. C’est suite à un courriel que celle-ci a su recruter dix-neuf poètes de la région pour unir ce même bouillonnement par une arme influente à la culture franco-ontarienne : la poésie.

Témoin de cette réponse ayant rapidement pris de l’ampleur, les éditions Prise de Parole ont contacté Andrée Lacelle : « Prise de Parole a vu ça et m’a dit : “Si tu veux, Andrée, tu seras celle qui va diriger ce collectif et on va faire un livre avec ça” », explique-t-elle. « Ça vaut la peine de faire un livre et de réunir avec cette idée de résistance », enrichit-elle. Intitulé Poèmes de la résistance, le livre est présentement en chantier pour être publié en mai prochain et il était possible d’en écouter quelques extraits au cours de la soirée.

Pour Stéphane Cormier, organisateur de la soirée et codirecteur général et directeur de la commercialisation des éditions Prise de parole, la poésie est l’un des moyens les plus efficaces de résister à Ford. Soulignant l’appel au sentiment et l’engagement qu’elle évoque, « un de ses avantages [poésie], c’est que ça se véhicule par le livre, mais aussi par la représentation, le spectacle ». Cette double capacité d’utilisation lui donne un ton plus revendicateur, selon lui.

La poésie représente l’un des premiers genres littéraires en Ontario français, souligne Cormier. « Pour Prise de Parole, le premier livre publié, c’est de la poésie. Justement parce qu’avec la poésie, on a un accès direct au texte puis à la culture franco-ontarienne, comme plusieurs cultures minoritaires. C’est créé en grande partie par l’oralité », souligne-t-il.

Ce n’était toutefois pas que des poètes franco-ontariens qui étaient sur place. Certains Québécois ont présenté des textes qui touchaient la thématique de la résistance, mais selon différents contextes : la résistance au colonialisme, le machisme, l’appropriation des corps, la résistance électrique/des matériaux, etc.

Le Bordel littéraire

Suite à la soirée de poésie, Oser la résistance, le public a pu se diriger vers un concept où celui-ci « visite » la poésie. L’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais (AAAO) invitait les gens à conclure la soirée au petit matin à la Maison Fairview, intime lieu de rencontre selon une thématique… vertigineuse.

Michelle Lapierre est directrice générale de l’Association depuis maintenant un an. Celle-ci est une fervente de la littérature, lieu échappatoire qui la fascine : « Depuis toute jeune, la littérature a été un vecteur de joie et de grandes émotions, d’aventures, un endroit où puiser l’énergie, la détermination, la résilience qui me manquaient ». C’est avec la directrice adjointe générale, Mélanie Rivet, que les deux amies ont proposé ce concept il y a un an.

Le déroulement de la soirée est simple, tout en étant peu conventionnel. Le public se déplace où il veut, tant qu’il n’enfreint pas une porte fermée. Dans chaque salle, « [des] auteurs d’ici et d’ailleurs élaborent des mises en scène et choisissent des extraits de textes érotiques de leur cru qu’ils liront à un public averti », explique Lapierre. Dans la salle à manger principale, le DJ Simon Charron Poggioli, faisait vibrer toutes les salles de sa musique.

L’événement était gratuit. Lapierre croit en effet à l’accès à la culture pour tous. « Je crois que nous devons, en tant qu’organismes culturels, aspirer à se réapproprier le lieu commun, à sortir du cadre pour stimuler l’intérêt de toutes et tous et ce, pour toutes sortes de littératures », explique-t-elle, en soulignant l’importance que l’AAAO accorde à cet accès.

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