Par Myriam Bourdeau-Potvin
The Soul Jazz Orchestra – Resistance
Pour faire danser les convives, rien de mieux qu’une samba. Le dernier album du groupe, Resistance, est paru en automne 2015 et fait suite à leur imposante discographie. Cette dernière création leur a valu, pour la troisième fois depuis la formation du groupe il y a treize ans, une nomination aux prix Juno pour l’album de musique du monde de l’année. Les pointes de funk se marient librement aux sonorités latines du sextuor maintenant bien connu de la région. Les mélodies soul, jazz et caribéenne s’entremêlent avec force et offrent une combinaison gagnante de rythmes ensoleillés pour les chaudes journées d’été. Détendez l’atmosphère avec le groove d’ « It’s Gonna Rain », invitez indirectement vos voisins en faisant monter les décibels de « Greet de Dawn » ou chantez sans retenue par-dessus « Courage ».
Pony Girl – Foreign Life
À travers les douces mélodies de Pony Girl vibrent les voix brumeuses et enivrantes de Pascal Huot et Yolande Laroche. Même avec comme instruments principaux une guitare acoustique et un piano, les deux artistes parviennent à donner à leur musique plusieurs éléments électroniques qui s’immiscent dans la lente et langoureuse cadence de l’album. Reconnu pour leurs paysages musicaux, leurs influences folk et leurs progressions pop, Pony Girl présente avec Foreign Life une réflexion sur les tensions entre l’objet d’un désir et l’objet possédé.
Des mesures de silence qui pèsent lourds, des cris électrisants de guitare distorsionnée et des murmures féminins et masculins se côtoient à travers les pièces. Passant de regret à bonheur, de nostalgie à angoisse, ces quatorze pistes forment un ensemble déconstruit en tableaux individuels. Le paysage musical de « Candy » apaise les cœurs en peine et les rythmes presque rockabilly de « Theo » seront la trame sonore parfaite pour prendre la route cet été.
Fanny Bloom Solo
La pétillante Fanny Bloom, ancienne membre du groupe La Patère Rose, est passée par le campus de l’Université d’Ottawa tout récemment afin d’y présenter son nouvel album solo. Créé à la hâte pour accompagner sa tournée imminente, cet opus met de l’avant sa voix si particulière, mais est dépourvu de tous les arrangements électroniques auxquels l’artiste a habitué son public. Cette-fois ci, c’est son piano qui vole la vedette en l’accompagnant, avec l’appui de quelques discrets instruments à cordes. Le résultat est à couper le souffle. On y trouve deux pièces inédites, « Diachylon » et « ta salive », des reprises de ses propres chansons, ainsi que deux chansons-clin-d’oeil à Martine St-Clair et à Barbara.
Coups de cœur La Rotonde : « Blanc », reprise de son album Pan, et sa nouvelle interprétation de « Pacemaker », datant de ses années avec La Patère Rose.
Par Myriam Bourdeau-Potvin
Bleuets et abricots – Natasha Kanapé Fontaine
Poète et militante environnementale de nationalité innue, Natasha Kanapé Fontaine est surnommée la slameuse territoriale. Elle a notamment été une fervente activiste du mouvement « Idle no more » et admet ouvertement son rêve d’entendre les jeunes filles autochtones clamer qu’elles sont « femmes territoires ».
Ses textes sont publiés pour la première fois sous forme de recueil intitulé N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures à la fin de 2012 et remportera le Prix de poésie de la société des écrivains francophones d’Amérique. Bleuets et abricots, sa dernière parution, a vu le jour le 23 février dernier. Il s’agit, pour l’auteure, d’un retour aux sources. Native de la Côte-Nord, elle établit dès le prologue que « Tout est cercle. La terre. Les bleuets et les abricots. » La poète offre dans son troisième recueil un rapprochement flagrant avec la mer et les forces de la nature.
Par Marie-Pier Pernice
Coups de Soleil
Par un après-midi d’avril ensoleillé et glacé, La Rotonde s’est rendue à la Librairie du Soleil dans le Marché By afin d’y recueillir les suggestions estivales de littérature locale du libraire David Rousselle.
Contes inactuels de Jean-Louis Major
Orné d’une couverture accroche-l’œil au motif enfantin, ce recueil de 10 contes et d’un intermède observe la société et l’État d’un œil philosophique et humoristique. Major est professeur émérite du département de français de l’U d’O.
Retour au carré de sable de Christian Lapointe
Ce roman dépeint la gamme d’émotions engendrées par les retrouvailles de deux sœurs de 40 ans après leur adoption distincte, qui avait eu lieu en 1950. Lapointe, ancien diplomate, y explore cette époque où tabous et préjugés l’emportaient sur les naissances hors mariage.
Beaux et bêtes. Portraits en bestiaire de Michel-Rémi Lafond
Lafond transporte le lecteur de Gatineau à Blue Sea dans son premier recueil de nouvelles où 15 portraits se mêlent de façon à former un livre-totem.
Sans Terre Sans Destin : La Dayounak de Johanne Brodeur
Par Frédéric Lanouette
La science-fiction franco-canadienne est une bête tranquille. Si le fantasy a trouvé sa place sur les tablettes de la Librairie du Soleil, les livres traitant de robots, de planètes inconnues et de voyage dans le temps se font rares.
Sans Terre Sans Destin : La Dayounak, roman illustré de l’auteure québécoise Johanne Brodeur, est donc un incontournable pour les amateurs de sf francophone. Nous y suivons Ariane, une terrienne, qui est catapultée à des lunes de chez elle, dans un monde qui lui est hostile.
Les scènes d’action, quoi que relativement peu présentes, sont décrites avec fluidité, ce qui tranche avec le style un peu enfantin de l’auteure. Brodeur montre qu’elle connait bien les tropes propres au genre en en réutilisant plusieurs, dont les projections holographiques, les vaisseaux-cités et les noms imprononçables.
En somme, Sans Terre Sans Destin est un roman de sf qu’il faut lire au moins une fois pour explorer, avec un certain plaisir, le monde que nous présente son auteure.