Arts et culture
Par Loïc Gauthier-Le Coz – Contributeur
Ce quatuor musical est l’un des groupes canadiens les plus acclamés au pays, nommé à quatre reprises pour le prix Polaris, dont une victoire en 2007 pour l’album Close to Paradise. C’est le 19 janvier dernier au Centre National des Arts que le groupe Patrick Watson a animé la foule. Avant même la première note, chaque personne savait qu’elle allait vivre une expérience inoubliable, et cela se sentait.
Quand Patrick Watson s’est frayé un chemin devant la soixantaine de membres de l’orchestre symphonique sur les planches de la salle Southam du Centre National des Arts samedi dernier, une foule avide et attentive l’a accueilli avec une nuée d’applaudissements. Sa réputation le précède, et avec raison.
Orchestrer sa musique
Évidemment, ces attentes étaient fondées. Le groupe Patrick Watson est un ensemble maître de son art. Là où le répertoire de certains groupes se serait mal prêté aux arrangements orchestraux, la musique nuancée aux couches multiples de l’ensemble watsonien se mariait à merveille aux violons, aux cors et aux trompettes. Car c’est là que reposait tout l’attrait de cet événement : voir Patrick Watson au summum de sa forme, avec à sa disposition une soixantaine de musiciens de calibre mondial. On s’attendait tous à entendre nos pièces fétiches comme jamais on ne les avait entendues auparavant.
Le spectacle a titillé les spectateurs avec un premier morceau interprété seulement par l’orchestre symphonique. Puis, seize chansons ont suivi en frappant de plein fouet, avec une fidélité au monde musical de l’artiste qui ne peut être interprété à sa juste valeur que très rarement. Les iconiques Lighthouse et Good Morning Mr. Wolf ont résonné avec force, accueillies dans un silence quasi-religieux. Mais le spectacle ne s’est pas limité à une suite de crescendos incessants. Ce n’est pas parce que le band avait accès à une symphonie complète qu’il se sentait obligé de s’en servir à tout coup. On a aussi eu droit à des chansons interprétées toutes en douceur. Des chansons comme Wooden Arms, où le band chantait ensemble autour d’un micro, accompagné d’une seule guitare, ponctué ça et là des petits bruissements de l’orchestre. C’est à ce moment que le spectacle a pris fin, et que la véritable expérience a débuté. Patrick Watson n’était plus en train de donner un spectacle, il le partageait. Il partageait tout; de son énergie à sa sensibilité. Il partageait ses textes et son manège musical avec nous, armé de son parlophone.
Un processus non-conventionel efficace
On parle bien de parlophone, car Watson est reconnu pour son usage d’objets hétéroclites et insolites dans ses chansons. Le parlophone lui permettait à la fois de guider la foule dans un chœur enjoué, ou encore de percer à travers le chaos sonore de ses pièces en imitant une trompette avec sa voix. Et les excentricités ne s’arrêtaient pas là ! Ça a été toute une surprise d’entendre des dizaines de ballons de baudruche se dégonfler, marquant la note finale d’une prestation frénétique de Where the Wild Things Are, avant de les voir s’envoler dans tout l’amphithéâtre. Le tout a été conclu avec des prestations à en pleurer de joie de Broken et de To Build a Home, deux pièces magnifiques qui reflétaient la virtuosité des musiciens aussi bien que leur sensibilité.
La bête de scène nous a donné un spectacle mémorable ce soir-là. Le compositeur nous a guidé comme un maestro : sa salle, l’orchestre et surtout, son public. Cette expérience brise les stéréotypes des spectacles symphoniques, vus comme sérieux ou pesants. Malheureusement, cette expérience unique n’a eu lieu que l’espace d’un instant. Par contre, ce spectacle représente très bien la qualité et la magie que l’on retrouve dans les spectacles du CNA. Gardez l’oeil attentif pour les prochains concerts qui seront offert en collaboration avec l’orchestre symphonique du CNA, cela en vaudra la peine même s’ils n’arrivent qu’à la cheville de ce que Patrick Watson nous a fait vivre samedi dernier.