
Critique d’opéra : Die Fledermaus Vengeance vaudevillesque d’un rongeur volant
– Par Louis Jacques –
Le département de musique de l’Université d’Ottawa a présenté, la fin de semaine dernière, Die Fledermaus (La Chauve-souris) de Johann Strauss II, à l’Auditorium des Anciens.
Cette opérette s’est avéré un excellent choix pour la troupe et elle a réussi à en faire un spectacle de qualité. Sauf pour quelques dialogues en anglais, deux phrases en français, et un aria intrus en italien, le texte était majoritairement en allemand et peut-être seuls ceux qui ont pris le temps de lire le programme auparavant ont pu suivre l’histoire. Et parmi eux, la plupart ont réalisé que ce vaudeville n’avait ni queue ni tête et ne devait absolument pas être pris au sérieux. C’est cet esprit de légèreté avec une bonne complicité entre la foule et les chanteurs qui a fait le charme de la soirée. Pour ceux qui seraient intéressés par l’histoire : un homme doit aller en prison mais veut aller à un bal masqué avant, donc les policiers se trompent et amènent l’amant de sa femme en prison à la place. Au bal masqué, l’homme séduit sa femme déguisée, trompant ainsi sa femme avec sa femme. Tout cela parce que le meilleur ami de l’homme cherchait à se venger de s’être retrouvé l’année d’avant ivre et déguisé en chauve-souris au milieu de la rue, d’où le nom de la pièce. À la fin, la servante devient une actrice.
Au cas où la salle n’était pas assez confuse, John Avey, baryton de renommée internationale, interrompt la fête avec le thème de Godfather et offre une interprétation de Ol’ Man River qui a fait fondre dans leur chaise la moitié de la salle. Cette intervention a vraiment fait un contraste entre la voix du chanteur d’expérience et celles des étudiants, qui pourtant n’étaient pas en manque de talent.
La salle, mal adaptée pour des performances sans amplification, n’a pas su transmettre les voix des chanteurs de façon égale. Si certains ont pu être entendus sur toute leur tessiture, la plupart n’étaient entendus que dans les arias s’ils faisaient directement face à la foule. Malgré cela, à aucun moment la représentation n’a été pénible. En effet, la mise en scène occupait plus l’attention et éclipsait facilement le chant. Par exemple, quand, en avant-scène, la servante séduisait le quelconque figurant qui accompagnait celui qui chantait, personne n’écoutait.
Les productions de la troupe d’opéra de l’Université d’Ottawa sont souvent une grande réussite et permettent aux étudiants de se familiariser avec l’opéra sans trop dépenser. Cette production, en particulier la représentation du samedi soir, a vraiment su divertir. Quand on entend les gens se dire que c’était leur meilleur opéra, c’est que le spectacle était une réussite.