
3 Questions pour comprendre – La crise électorale en République Démocratique du Congo (RDC)
3 Questions pour comprendre – La crise électorale en République Démocratique du Congo (RDC)
Yvon Muya Cimanga
Candidat au doctorat
École d’Études Politiques de l’Université d’Ottawa
1) Pourquoi parle-t-on de crise électorale en RDC ?
La RDC traverse une crise politique aiguë à la suite de l’absence des élections depuis la fin du second mandat du président actuel, Joseph Kabila, le 20 décembre 2016. Alors que la constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat, Kabila a multiplié des subterfuges pour rester à la tête du pays. Le président a obtenu un sursis lui permettant de rester en poste un an de plus. En contrepartie, il devait garantir l’organisation des élections en 2017. Alors qu’un nouveau calendrier fixe les élections finalement au 23 décembre 2018, rien ne garantit que ces scrutins se tiendront.
2) Quels sont les principaux acteurs impliqués dans la mobilisation actuelle ?
Depuis la mort de l’opposant historique Étienne Tshisekedi en février 2017, la coalition de l’opposition qu’il dirigeait, divisée, s’est beaucoup affaiblie et ne parvient pas à mobiliser. Présentement, le pouvoir fait face à l’Église Catholique, confession religieuse la mieux implantée dans le pays. À travers un Comité de coordination, une structure laïque regroupant des universitaires et membres de la société civile, l’Église catholique a réussi à rééquilibrer les rapports de forces par sa capacité de mobilisation.
3) Quels pourraient être les risques pour la stabilité de la RDC ?
Le pays court un gros risque de replonger dans une grave instabilité qui pourrait affecter toute la région. L’économie du pays, majoritairement basée sur l’exportation du cuivre, a été fortement affectée par les chutes des matières premières. Mais le plus inquiétant, c’est l’aide au développement des institutions financières internationales et de partenaires bilatérales comme l’Union européenne, qui risque d’être coupée. Plusieurs experts redoutent un conflit violent, voire le retour d’une guerre civile, si Joseph Kabila demeurait dans sa logique de rester au pouvoir en dehors de tout cadre constitutionnel.