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Couvertures et Histoire

1 octobre 2018

Par Nonibeau Gagnon-Thibeault, journaliste

Une activité pour conscientiser les étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O) aux conséquences subies par les autochtones lors du colonialisme canadien s’est tenue à l’agora du Centre universitaire dans le cadre du Festival de la Paix. Des gens sur des couvertures représentant les diverses nations autochtones suivent les instructions d’un narrateur racontant l’histoire du Canada, pour finalement être isolés et décimés.

« On va raconter 150 ans d’histoire en une heure », résume John Henri Commanda, coordonnateur régional de l’exercice des couvertures avec le groupe KAIROS, qui milite pour les droits humains et la justice écologique.

Une quinzaine de participant.e.s sont debout sur des couvertures qui sont toutes connectées. C’est avant la colonisation, où les peuples autochtones avaient leurs propres systèmes politiques, interagissaient et échangeaient entre eux.

Raconter l’Histoire

Puis, les colons arrivent. « Au début, vous vous entendez bien avec les colons », raconte Commanda. La plupart des interactions sont cordiales et des échanges consentants se font, notamment avec la traite de fourrure.

Au fur et à mesure, la traite de fourrure se fait moins importante. De plus, après la guerre de 1812 contre les États-Unis, « les Européens n’avaient plus besoin de votre aide militaire », relate Commanda. Il se négocie alors des traités où les autochtones perdront une partie de leurs terres. Les couvertures sont alors partiellement pliées, réduisant la superficie où peuvent se tenir les participant.e.s et séparant certaines communautés.

Les contacts entre Européens et les Premières Nations auront également comme conséquence la propagation de nouvelles maladies mortelles chez les populations autochtones comme la variole et la tuberculose. La maladie sera alors utilisée pour tuer des autochtones. Après la guerre de la Conquête, le général britannique Jeffery Amherst donne des couvertures infectées de variole aux autochtones dans le but de causer des épidémies mortelles. À ce point-ci, la plupart des participant.e.s sont éliminé.e.s.

À titre de rappel, la Ville d’Ottawa et de Gatineau ont des rues à l’honneur de Amherst. Présentement, les maladies affectent toujours les communautés autochtones. Les Innus ont présentement un taux de tuberculose 183 fois plus élevé que les non-autochtones canadiens.

Confronter la réalité

« Notre langue et culture sont en voie d’extinction », continue Commanda. Les frontières entre le Canada et les États-Unis séparent des communautés. Des migrations forcées amènent des décès en raison des aux famines et des maladies.

« Nous ne sommes plus considérés comme partenaires, mais comme un problème à régler », expose le coordonnateur régional du groupe KAIROS. Il reste alors six participant.e.s entassé.e.s sur des petites couvertures, tous loin les uns des autres. Les communautés sont entassées et isolées.

Instaurés depuis 1820 jusqu’en 1996, les pensionnats autochtones, dont le but est de « civiliser » les enfants autochtones, comptent au moins 6 000 enfants morts. Le gouvernement canadien a arrêté de compter le nombre d’enfants morts dans ces institutions en 1920.

Pendant une heure et demie, la narration des événements de la colonisation canadienne continue, dans une lourde atmosphère. Les gens qui ont assisté à cette activité étaient choqués de constater l’ampleur du traitement qu’ont subi et continuent de subir les autochtones. « C’est frustrant d’entendre cette histoire et de se faire rappeler cette injustice qui continue toujours », partage Emily, une étudiante de l’Université de Carleton qui s’est déplacée pour l’activité.

John Henri Commanda suggère aux participants qui ont des émotions négatives face à cette histoire d’aller « participer aux ateliers qui se donnent dans les centres autochtones afin d’être dans un mouvement plus positif ». Au niveau politique, il exige des actions imminentes. « On a entendu de beaux discours, mais il faut que Trudeau et son gouvernement commencent à appliquer de réelles politiques », tranche-t-il.

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