– Par Alex Jürgen Thumm –
L’accès gratuit aux autobus et aux métros est usuel au Canada la veille du Nouvel an ou pendant un jour de la semaine pour les personnes âgées. Bien des municipalités en Colombie-Britannique ont proposé la gratuité de transport durant le jour du scrutin le 15 novembre dernier, de même que les électeurs du Minnesota, plutôt cette année. Cette idée marche-t-elle à grande échelle?
Plusieurs municipalités américaines n’ont plus de tarification dans leurs autobus, dont Island Country, dans l’état de Washington, qui a une population de 78 000 habitants et 13 parcours d’autobus. Après que Chapel Hill, en Caroline du Nord, ait offert la gratuité de transport à ses 60 000 habitants, il a rapidement connu une augmentation de 3 à 7 millions de projets par an.
Le concept est plus répandu en Europe. Les 455 000 habitants de Tallin, la capitale de l’Estonie, embarquent gratuitement dans les transports en commun depuis janvier 2013. Les non-résidents paient environ deux dollars. Bien que 12 millions d’Euros de revenus étaient ainsi disparus, on estime que la Ville a de nouveaux revenus d’impôts de 10 millions grâce aux citoyens de la périphérie qui auraient déménagé en ville pour profiter du programme.
Singapour tente l’expérience depuis juin 2013 en offrant un usage gratuit du métro avant 7 h 45 en semaine. À son exemple, un candidat à la mairie torontoise avait proposé que les transports en commun soient gratuits entre 6 h et 7 h.
Au Canada, la société des transports du Grand Vancouver a offert une journée sans tarification le 4 août dernier. L’idée était trop populaire : l’infrastructure était surchargée, avec des files d’attente durant plus d’une heure. La ville ontarienne de Milton a effectué une expérience plus réussite de sept mois en 2007 dans laquelle 99 % des usagers étaient satisfaits. Le volume de passagers a augmenté de 63 %.
Une étude américaine de 2012 sur ce régime a trouvé que la gratuité « a toujours augmenté » le volume de passagers de manière considérable. Ces systèmes bénéficient aussi de moins de dépenses administratives et d’un embarquement d’autobus plus rapide. Les communautés où ils se situent en ressentiraient aussi de la fierté et du rapprochement.
Pierre-Mathieu Le Bel, géographe et chargé de cours à l’Université d’Ottawa, juge que la gratuité n’est pas nécessaire pour améliorer les services de transport. Ce dernier rappel que l’« on préfère ne pas mentionner que l’usage des transports diffère selon les différents groupes sociaux. La société doit faire des choix selon qui a plus besoin d’aide ».
« Ce n’est qu’un choix de toutes sortes de modèles possibles. On peut aussi avoir un tarif à un dollar, ou payer selon l’heure de la journée, ou en fonction de son revenu », remarque-t-il.
Tel le choix de la première grande ville à avoir aboli la tarification, Hasselt, en Belgique, où le volume d’usage a augmenté par 1300 %. Pourtant, 16 ans plus tard, elle a introduit un tarif à 0,60 € pour les adultes. Les adolescents et les personnes âgées continuent à voyager sans frais.