Arts et culture
Par Myriam Bourdeau-Potvin
Collectif du Mur des Mûres Mures
C’est derrière les tours enneigées de la rue Portage que se déroulait, dans le chaleureux local du Temporaire, le lancement d’un zine romantico-trashe du Collectif du Mur des Mûres Mures (MMM). En toute intimité, des photocopies couleurs de la création collective d’écrivain.e.s anonymes ont été distribuées gracieusement. Sur la couverture : deux énormes phallus en guise de doigt d’honneur au fantasme de promoteur du projet Brigil.
Mise en œuvre
David Beaudin-Hyppia, Antoine Simard-Legault et Benoit Deschamps sont les trois membres du MMM derrière le projet de zine. Le collectif éclectique existe depuis plus de deux ans et unit plusieurs membres, bien que des projets en petit groupe naissent de façon spontanée. « On s’ennuyait un peu, le temps d’un hiver, puis quelqu’un a proposé l’idée. On a saisi la balle au bond, puis ça s’est concrétisé », déclare Deschamps. Son collègue, Beaudin-Hyppia, détaille leur processus : « On a fait appel à des contributions pour obtenir des textes. L’idée, c’était que les textes qu’on recevait devaient être montés d’une certaine façon. » Une fois les textes reçus, ceux-ci ont été habilement montés en collage. Ainsi, « le texte perd sa forme purement littéraire pour devenir une image. Il y a plusieurs auteurs sur un texte, sur une image », renchérit Beaudin-Hyppia. « C’était ça l’idée : sortir l’auteur du texte. »
Carte métaphysique
Cette véritable exploration du territoire qu’est l’ile de Hull admet autant son architecture urbaine que ses enjeux sociopolitiques. On trouve en effet une impressionnante fresque, en plein centre de la reliure, illustrant le paysage urbain que forment le pont Alexandra et les tours gouvernementales du complexe Portage.
Se côtoient aussi divers poèmes, annonces bidons, courts textes sans titre et traits de crayon brut. Le titre se veut d’ailleurs volontairement dissocié de l’« autre thématique [qui] se révèle, dans le magazine », comme le mentionne Deschamps. Profondément encré, ce zine est la preuve flagrante que le Vieux-Hull vit encore de l’esprit de communauté qui traverse ses habitants.
Affiché sur un babillard derrière l’une des chaises de l’évènement se trouve une épreuve originale. C’est celle du spread présentant des « personnages qu’on trouve intéressants du Vieux-Hull, comme les maires, les développeurs immobiliers », présente Simard-Legault. Figure aussi, parmi les autres politiciens et antihéros du Vieux-Hull, « Michel Piccard, notre héro », dévoile Beaudin-Hyppia. Sans ironie, ce dernier poursuit en argumentant que « l’idée, c’est que ce soit une carte métaphysique. […] On voulait faire apparaitre la réalité des gens. »
Autel mésozoïque
Outre la lumière tamisée et les sofas dépareillés de l’espace d’artistes qu’est le Temporaire, un coin de culte est aménagé pour la soirée. L’aspect prestation de l’évènement prend la forme d’un autel que vouent les trois jeunes hommes. Sur une table basse, une typique étoile satanique emprisonne une figurine de dinosaure, symbole emblématique de leur pseudodocumentaire sur le Vieux-Hull. Beaudin-Hyppia déclare que « depuis la première représentation de notre pseudodocumentaire à l’Axenéo7, on avait fait ça dans le coin pour une raison étrange… pis on le fait tout le temps, maintenant ». Pour faire partie de la blague, vous pouvez consulter leur chaine Youtube.