Così fan tutte : Une interprétation transposée au cœur des années 50
– Par Élise Vaillancourt –
Sous la direction de Sandra Graham, la Troupe d’opéra de l’Université d’Ottawa débute son année 2013 en interprétant un des opéras les plus osés de Mozart : Così fan tutte. Pour l’occasion, ces derniers étaient accompagnés de l’Orchestre de chambre de l’Univeristé d’Ottawa, dirigé par Renni Regehr. Retour sur une prestation colorée et énergique.
Sur l’infidélité des femmes
Présenté pour la première fois en 1790, Così fan tutte est la dernière collaboration de Mozart et Lorenzo da Ponte, responsable de l’écriture du livret, soit le texte littéraire complétant l’œuvre musicale.
Le drame giocoso de deux actes vient questionner la fidélité des femmes. L’action débute lorsque deux hommes prennent un pari sur la loyauté de leurs conjointes respectives avec Alfonso, un cynique personnage plutôt sceptique quant à la fidélité des femmes. La gageure implique que ceux-ci devront se soumettre à la volonté d’Alfonso en se camouflant sous de pittoresques habits afin de séduire leurs fiancées. Croyant que leurs fiancés sont partis en guerre, Fiordiligi et Dorabella seront finalement charmées, grâce aux manigances d’Alfonso, par leur fiancés, vêtus d’habits de fortune. Remportant son pari, Alfonso chante au deux fiancés : Ripetete con me : «Così fan tutte » (Répétez après moi : «Elles le font toutes»). La combine sera dévoilée lors de la scène finale des noces dans lesquelles les deux jeunes filles devaient épouser leurs «nouveaux» amants. Somme toute, Alfonso s’avoue finalement responsable de l’imbroglio et s’efforce de réconcilier les deux couples, qui se pardonneront mutuellement pour cette double trahison.
«Apparemment, les événements qui ont lieu dans la pièce sont réellement arrivés à Vienne durant le temps ou Mozart y vivait. Deux hommes déguisés auraient flirté avec la fiancé de leur ami», raconte Sandra Graham.
Un classique à saveur moderne
Étant directrice du cours de production d’opéra, Sandra Graham est responsable de produire un opéra tous les deux ans. Son choix s’est arrêté sur Così fan tutte cette année pour plusieurs raisons, dont sa large expérience dans la présentation de la pièce : « J’ai joué le rôle de Dorabella au sein de l’Opéra Lyra, de l’Opéra de Calgary et de l’Opéra du Manitoba. Je connais donc la musique très bien. Je l’ai aussi dirigé deux fois précédemment. »
Pour l’occasion, cette dernière a choisi de transposer l’opéra au début des années 50 : « À l’origine, je voulais que l’action prenne lieu dans les années 20, mais les chanteurs étaient plutôt intéressés à ce qu’elle se tienne dans les années 50, en s’inspirant quelque peu du film Brillantine. C’est ce que l’on a fait ».
D’une durée de deux heures avec entracte, l’opéra est chanté en italien alors que les dialogues ont été traduits en anglais. La langue utilisée lors des chants constituait ainsi un bémol lors de la représentation, limitant la compréhension du public.
Une bonne utilisation de l’espace et de l’humour
Pour Graham, il importait d’ajouter son grain de sel à la mise en scène de la pièce : « Je pense que j’ai des idées assez originales et j’essaie en ce sens de faire en sorte que chaque seconde de l’opéra soit intéressante pour l’audience, particulièrement pour ceux qui croient que l’opéra est ennuyant. »
Le défi fut relevé. En jonglant avec l’humour, Graham a su tenir le spectateur en haleine durant les deux heures de la représentation. Le jeu des acteurs était impeccable, chacun des personnages étant très expressif dans sa façon d’être. De plus, malgré la taille réduite de la scène, Graham a su l’utiliser à son avantage, créant une proximité à la fois avec le public et l’orchestre, auquel les clins d’œil réguliers déclenchaient des éclats de rires chez le spectateur.
Deux représentations se tiennent cette fin de semaine à l’Auditorium des anciens : vendredi le 18 janvier à 19h ainsi que samedi le 19 janvier à 14h. Les billets sont disponibles en ligne sur le site de l’école de musique au coût de 5,65$ pour les étudiants et 11,30$ pour l’admission générale. Les billets restant seront vendus à la porte au coût de 15$ et de 10$ pour les étudiants.