Par Didier Pilon
À Londres, une chute de neige historique enterre la ville. Xavier, un représentant pharmaceutique, tente en vain de se laisser mourir dans un parc. À Montréal, c’est l’été à longueur d’année. Hollywood, un adolescent introverti littéralement sans cœur, plante des graines de haricot devant des pierres tombales. Mais dans des rêves, à la fin du monde, ils se rencontrent.
Le contexte semble défier la rationalité, comme si l’auteur souhaitait y échapper. En fait, Les corps extraterrestres de Pierre-Luc Landry se démarque plus par son regard introspectif que par ses péripéties. La quête de sens des protagonistes, victimes de leur inquiétude existentielle, sait trainer le lecteur dans la contemplation. Il accepte la magie de ce monde comme point d’Archimède pour examiner le sien.
Mais le roman n’est pas sans failles. Quoique le vocabulaire soigné de la narration soit la marque d’un auteur qui maitrise les mots, il semble parfois peu crédible de la bouche des personnages en question. L’ambiance existentielle frôle l’arrogance d’une angoisse d’adolescent. Les pages sont saupoudrées de name-dropping de contre-culture intello – Velvet Underground, Leonard Cohen, Joni Mitchell, sur vinyles, bien sûr; Annie Hall, Eternal Sunshine for the Spotless Mind, etc. – qui semble crier : « Si j’angoisse, c’est que je suis deep. »
Bref, moins plage que café à Saint-Germain-des-Prés, Les corps extraterrestres s’offre à tous les lecteurs qui se demandent : « C’est quoi la réalité de tout ça? »