Crédit visuel : Andrey Carmo – Directeur artistique
Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe de la section Arts et culture
Tourner en rond. Apprendre que les dauphins à Venise : c’est une fausse nouvelle. Me sentir conne. Regarder le téléjournal, alors que le nombre de cas est à la hausse, les émissions de gaz à effets de serre (GES) chutent.
Les mesures de confinement et d’isolation contribuent à réduire les GES de manière importante ; du 3 février au 1er mars, les émissions de CO2 de la Chine ont baissé de 25 %, selon une analyse menée par l’analyste du Centre for Research on Energy and Clean Air, Lauri Myllyvirta.
Les émissions de dioxyde d’azote (NO2), un gaz particulièrement important dans la prolifération des GES et du réchauffement climatique, ont, elles aussi, baissé particulièrement dans la province de Hubei, en Chine. On observe également une baisse de 10 % de vols commerciaux dans le monde.
Bonne nouvelle ? Ces statistiques m’encouragent amèrement. La crise climatique est un problème qui s’étend sur le long-terme, une maladie chronique pour l’humanité, les « symptômes » de cette dernière augmenteront-ils suite à la pandémie ?
Pétrole à la baisse, électricité à la hausse
J’apprends que le coût du baril de pétrole est maintenant à 22,75 $. Bonne nouvelle ? Pas vraiment.
La baisse du prix de pétrole ne coïncidera, quant à elle, pas nécessairement avec une mise en marché des voitures électriques, car ces dernières ne pourront pas nécessairement rivaliser avec le prix beaucoup plus bas, des voitures à essence.
À la base, une voiture électrique coûte, encore aujourd’hui, plus cher qu’une voiture à essence et ce, malgré les subventions gouvernementales. Les seules économies qui résultent de son achat découlent de l’impact du prix de l’essence. Or, le prix de l’essence a beaucoup diminué ces derniers temps suite à la crise sanitaire. Je grince des dents.
Les mesures qui serviront à relancer l’économie suite aux impacts majeurs de la pandémie, si elles ne misent pas sur la transition énergétique, aggraveront peut-être, elles aussi, le réchauffement climatique. Je ne trouve pas de quoi me réjouir.
La pollution : cause du Covid-19 ?
J’ai espoir, toutefois, que cette crise peut amorcer une prise de conscience collective sur la dangerosité des changements climatiques. La pollution aurait pu aggraver la transmission du Covid-19. Selon un article de France Info, la surexposition à la pollution aux particules fines peut favoriser la transmission du virus.
Pour cause, la pollution abîme les alvéoles des poumons qui sont ensuite attaquées plus facilement par des particules extérieures. La preuve, les foyers initiaux du virus se trouvent dans des régions très polluées comme Wuhan et Téhéran, par exemple.
Des poumons en meilleure santé, moins touchés par la pollution de l’air, peuvent aussi davantage résister à des virus et être moins affectés par ceux-ci. Par exemple, depuis que Tokyo a mis en place des politiques anti-diesel, dans les années 2000, visant à diminuer la pollution liée aux particules fines ; le taux de mortalité lié aux maladies respiratoires a chuté de 22 %.
Impacts à long terme
S’il est clair que la crise du coronavirus influence à court terme l’environnement, puis-je espérer des changements à long terme ? Du moins, elle nous aura permis de remettre en question la nécessité de se transporter pour aller au travail alors que le télétravail fonctionne bien pour plusieurs emplois.
Elle nous aura permis de comprendre que notre mode de vie nous handicape, nous surmène et qu’on peut faire beaucoup plus avec moins, en faisant moins aussi.
Je réalise aussi, à force de voir les points de presse des politicien.e.s, que face à une urgence directe ; leur réponse est rapide, massive et importante. Mais lorsque la menace prend son temps à émerger ; comme dans le cas du réchauffement climatique, les actions sont plus lentes et moins importantes.
Changements importants, pour l’environnement ?
Tout compte fait, j’espère que la crise du coronavirus forcera nos politicien.e.s à relocaliser, en partie, la production des biens, car cette dernière s’inscrit définitivement dans un contexte de globalisation importante.
Elle les forcera aussi, je l’espère, à croire en leur capacité d’action courageuse et importante en tenant compte des aspects multidimensionnels d’une crise. Je pense entre autre à la santé humaine, l’économie et le bien-être général d’une population.
Car, pour faire face aux changement climatiques, on a besoin de mesures à la hauteur de celles qu’on utilise pour contrer le virus.