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Consumérisme, l’anti-utopie capitaliste. Partie 1 : Black Friday

2 Décembre 2013

– Nicholas DuBois et David Beaudin Hyppia –

« Je ris au nez des vendeurs d’ordre, des exploiteurs endimanchés, distributeurs de cochonneries, et de bonheurs préfabriqués » – Pis si au moins, Les Colocs.

Vendredi dernier se produisait l’aberrant Black Friday. Le consumérisme dépasse le lien entre les consommateurs et les vendeurs. Ce rapport se base sur une invocation constante d’une communauté absente ; les techniques des « vendeurs d’ordre » (communément appelées « marketing ») doivent persuader les consommateurs de participer non seulement à une simple transaction marchande, mais aussi à une collectivité branchée et avant-gardiste. Il ne s’agit plus de créer une illusion entourant le produit. Le tout est bien réel et prend forme dans l’interaction entre le consommateur et le sentiment de besoin. Le fameux design de Apple repose sur ce principe. Nous ne faisons donc plus affaire au fameux « acteur rationnel » de la Science Économique, mais à un être humain qui recherche un sens dans son monde social, dépassant le calcul matériel. Et ceci, les « exploiteurs endimanchés» le savent très bien.

C’est lors du Black Friday que ce phénomène de dépassement apparait le plus clairement. Nous ne présumons pas savoir les motivations d’achats de chaque personne, mais nous tentons plutôt d’en faire sortir le motif. Pourquoi magasiner? Magasiner, ce n’est pas nécessairement aboutir à l’achat, mais plutôt le processus de brouter, de ruminer le plaisir imaginaire de pouvoir, un jour, posséder les produits convoités. Alors que plusieurs se retrouvent dans des emplois précaires ou temporaires (la distinction est faible), l’économie en « santé » requiert une production croissante d’objets utiles mais brusquement inutilisables, due au développement technologique ultra-rapide. La satisfaction se perd donc dans le renouvellement. Le Black Friday vient défaire le lien imaginaire entre l’objet et sa possession, il devient donc possible de tout avoir pour presque rien.

L’anti-utopie capitaliste se révèle alors comme un système social qui ne peut gérer ses pouvoirs productifs (une question politique) sans liens affectifs ; le temps libre, le travail productif, la communauté active et enrichissante, se portent à nous. Mais nous nous tournons toujours vers ces bonheurs préfabriqués. (À suivre)

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