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Sports et bien-être

Les constats du gris et grenat en temps de pandémie

14 janvier 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Entrevue réalisée par Aïcha Ducharme Leblanc – Journaliste

Les athlètes de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont dû faire face à de nombreuses incertitudes en raison de la COVID-19. Trois Gee-Gees, Adrian Fournier, coureur de longue distance, Malorie Kanaan, nageuse, et Alana Renon, arrière pour l’équipe de basketball, évoquent les hauts et les bas de la saison sportive 2020-2021.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous décrire comment la pandémie a affecté la pratique de votre sport, ainsi que votre santé mentale et physique ?

Adrian Fournier (AF) : Il y a beaucoup de facteurs à considérer. Aux mois de mars, avril, et mai, tous les entraînements en personne ont été annulés, ce qui a fait que l’entraînement en tant que tel était plus difficile parce qu’on [les coureurs] devait s’entraîner seul.e. Mais, même après ça, c’était encore difficile parce que comme tout.e athlète, on a des objectifs de compétition et presque toutes les compétitions ont été annulées. Les objectifs sont donc beaucoup plus difficiles à atteindre. […] Le manque de compétition enlève un peu de motivation. 

Aussi, pendant l’été, ce n’était pas si difficile de s’entraîner parce qu’il y avait beaucoup de lumière de jour, donc on pouvait faire des entraînements le soir sur des pistes de course. Par contre, pendant l’hiver, c’est très différent. Avant la pandémie, mon équipe avait accès au dôme intérieur Louis Riel […], mais aujourd’hui on ne peut pas s’entraîner à l’intérieur, alors on s’entraîne à l’extérieur, dans le froid, ce qui n’est pas idéal pour nos muscles. 

Malorie Kanaan (MK) : C’était un peu dur de se motiver au début parce qu’honnêtement, on ne savait pas comment la pandémie allait [nous affecter]. […] L’équipe pensait […] avoir une petite pause : c’était juste après les championnats et c’était notre hors-saison. Pendant le premier confinement, les entraîneur.euse.s faisaient des vidéos en direct sur Instagram, et je faisais partie de celles et ceux qui assistaient aux sessions souvent. […] Ça m’a motivé un peu. 

Toute l’équipe s’est ensuite mise à joindre Strava [un réseau social pour athlètes], et on faisait chacun.e de l’activité physique dans notre coin du pays. C’était motivant de voir que mes coéquipier.ère.s faisaient du vélo ou de la course, et qu’on continuait à faire de la musculation. 

Alana Renon (AR) : Je me suis blessée la saison passée en février, assez sévèrement, alors je ne pouvais pas jouer et je ne pensais même pas être capable de jouer cette saison. La pandémie m’a en fait aidée parce que j’ai eu plus de temps pour me concentrer sur mon rétablissement, afin de pouvoir revenir au jeu à 100 %.

Mais, c’était quand même vraiment dur parce que lors de la saison régulière, on a cinq entraînements par semaine, deux autres pratiques individuelles et des sessions d’entraînement de conditionnement, donc notre horaire est vraiment rempli. […] C’était vraiment difficile parce que [tout d’un coup] il n’y avait plus rien. 

LR : Votre état d’esprit en pratiquant est-il différent maintenant ?

AF : Je pense que je pratique de façon moins compétitive, c’est-à-dire moins pour gagner des courses et avoir de meilleurs temps, mais plus pour ma santé physique et mentale. Il y a très peu de compétitions à présent où je peux essayer de viser un certain temps, alors j’ai un plus grand focus sur mon bien-être. 

MK : C’est certain que quand tu t’entraînes en vue d’un championnat, t’es capable de te mettre dans cet élément où tu sais que t’es en compétition […]. [Par contre, cette année] tout a été annulé, et ça se peut que ce soit ma dernière année […] donc aux entraînements, je suis passée de penser aux championnats nationaux et provinciaux, à penser à la Ligue internationale de natation des Gee-Gees, l’IGGSL. 

Comme il n’y avait rien en vue présentement pour ma part, je me suis mise moins de pression aux entraînements. J’ai eu plus de plaisir à nager alors qu’avant, si j’avais une mauvaise pratique, je me sentais mal tout au long de ma journée et dans ma vie. 

AR : Oui, je dirais que mon état d’esprit en pratiquant est différent maintenant. Avant la pandémie, l’équipe se préparait pour jouer des matchs, et quand on pratiquait, tout le monde donnait son 100 % parce que tu es en compétition pour du temps sur le terrain. 

C’était vraiment compétitif et amusant. Maintenant, on fait des compétitions de lancers […] avec un système de points pour apporter un peu de compétitivité, mais ce n’est vraiment pas pareil. […] Les entraînements ne sont pas faits en vue d’un match ou d’un tournoi, mais plutôt pour s’amuser. 

LR : Considérez-vous qu’il y a un côté positif dans la pratique de votre sport en période de pandémie ?

AF : Puisque je dépends moins des compétitions, j’ai pu réfléchir à la raison d’origine pour laquelle j’aime mon sport. Je brise la routine et je réfléchis à  je fais ce que je fais, et je pense que c’est une bonne chose. Aussi, même s’il y a moins de socialisation en ce moment, avec des applications comme Strava on peut quand même se sentir comme faisant partie d’une plus grande communauté. 

MK : Je crois que la chose la plus positive qui m’est arrivée c’est de m’entraîner pour l’amour du sport. Quand on pratique notre sport depuis plusieurs années, c’est facile de le prendre pour acquis ; mais la pandémie m’a fait réaliser à quel point la natation est importante pour moi, et que c’est elle qui me garde en forme et saine d’esprit. 

AR : Le côté positif pour moi c’était, comme je l’ai dit, que je puisse réfléchir à moi-même et à ma santé pour me reposer. Je ne suis toujours pas à 100 %, ma blessure était importante et je sais qu’en temps normal, avec la saison régulière, je ne me serais pas donnée le temps pour me guérir parce que je ne voudrais rien manquer. La pandémie m’a appris que tout le monde doit ralentir parfois. 

LR : Qu’est-ce qui vous manque le plus dans la pratique de votre sport depuis la pandémie ?

AF : Je dirais que je continue à maintenir un bon régime, mais ce qui me manque c’est la socialisation à l’extérieur de mon groupe [de course]. Quand on se présentait à la piste de course, on n’était pas le seul groupe à s’entraîner, et en fait, beaucoup de personnes s’entraînaient en même temps […]. Alors, on pouvait voir toutes sortes de visages différents. Maintenant, on s’entraîne à différents endroits, ce qui fait en sorte qu’on voit beaucoup moins de visages. 

MK : Pour moi, c’est participer à des compétitions ; prendre la route les fins de semaine, l’esprit de compétition et le fait de se préparer pour un championnat. Ce sont vraiment les choses qui me manquent le plus.

AR : Ce qui me manque c’est de participer à des compétitions, et de jouer sur le terrain. Les pratiques me manquent beaucoup et les matchs réguliers de la saison aussi. Mes coéquipières également.

LR : Quels sont vos plus grands espoirs quant à l’avenir de votre équipe ?

AF : Le début de mon cheminement sportif à l’U d’O a été marqué par un échec dans les compétitions de course de fond. Notre équipe s’est classée en quatrième position aux championnats provinciaux du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), et il fallait se classer en troisième position pour se rendre au championnat canadien selon les règlements imposés par le RSEQ. Donc après la pandémie, j’aimerais un retour en force de notre équipe à l’automne prochain pour essayer de se rendre au championnat canadien. 

MK : Personnellement, je pense qu’on a une équipe de natation en expansion. Au dernier championnat national, l’équipe des hommes a terminé au cinquième rang et celle des femmes au septième rang. L’équipe a terminé avec un bon classement national. On a de bon.ne.s entraîneur.euse.s et de bonnes ressources et on doit beaucoup de crédit à notre entraîneur de conditionnement physique. Si nos circonstances d’entraînement reviennent à la normale, je crois que notre équipe a le potentiel de se classer au top trois du pays. 

AR : J’espère qu’on pourra bientôt s’entraîner dans le gymnase parce qu’on a des nouvelles recrues qui doivent apprendre toutes les techniques. J’aimerais que post-pandémie, l’équipe puisse se qualifier aux championnats nationaux. Dans ma première année, on s’est rendu aux nationaux, mais l’année dernière, on a juste manqué de se qualifier. Ce serait vraiment cool de pouvoir y aller encore avant de terminer mon diplôme à l’U d’O.

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