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Conférence TEDx : Au supermarché des idées

– Par Clémence Labasse –

Des interventions émouvantes, d’autres plus surprenantes et d’autres plus convenues auront rythmé les conférences de TEDx à l’Université d’Ottawa le 29 mars dernier. On pouvait y trouver de tout, mais en bout de ligne, assez peu d’idées universalistes « pour changer le monde », comme suggéré par son fameux slogan.

« Je regarde couramment les conférences TED sur l’application. Venir aujourd’hui, ça m’a donné l’occasion de vivre l’expérience. J’ai acheté mon billet sans forcément connaître la liste des présentateurs, mais avec TED je savais que je n’allais pas être déçue », admet Andréa Vinet, professeure de français à l’Institut des langues officielles et du bilinguisme.

Ce sont moins les têtes d’affiche que la griffe TED qui auront rempli l’amphithéâtre des Anciens. Au menu du jour en effet, un nombre important de présentations, ou plutôt témoignages, d’étudiants, sur des thématiques sensibles ; agrémentés de quelques discours de professionnels plus inattendus.

Les auditeurs ne semblent pas regretter les 5 $ que leur a coûtés leur ticket. « C’était vraiment spécial d’assister à cette conférence parce que les présentateurs avaient notre âge et parlaient de choses que l’on peut rencontrer au quotidien. Nous pouvions facilement nous identifier quand on parlait de stress ou d’examens », explique Aybüke Özel, étudiante internationale en génie civile.

Au-delà de la satisfaction d’avoir participé à une conférence TED, difficile cependant pour elle de dire ce qui avait vraiment retenu son attention.

Était-ce le récit émouvant de Lareinaa Aloysious, cette jeune femme exprimant avec nervosité son combat contre l’anorexie, ou encore de Chelsea Ouellette, cette poétesse qui décria en termes vibrants son amour de la création, mais pas au point de livrer quelques vers de son cru? Était-ce l’hommage singulier de la leader algonquine Caitlin Tolley aux apprentissages ancestraux autochtones, ou encore la mise à nue d’Emma Harrison sur ses troubles mentaux et les difficultés qu’elle rencontre au quotidien? Était-ce le plaidoyer de Gabi Ghannoum pour l’abolition du mot terrorisme et de ses connotations malsaines ou encore la voix tremblante d’Hiba Elhaj s’attaquant ardemment aux micro-agressions quotidiennes auxquelles font face les personnes de couleur?

« Je ne peux dire que j’ai appris des choses vraiment nouvelles, mais ça m’a rappelé l’idée selon laquelle il ne faut pas se taire face aux injustices », continue l’étudiante. La volonté d’inspirer et de faire penser était de fait au rendez-vous. Une performance aura su détonner. Alors que les strictes règles de TEDx recommandent d’éviter de laisser place à la pseudo-science et à l’auto-promotion, le docteur Luke Michael avec ses souliers flamboyants – littéralement – et ses démonstrations éloquentes aura achevé de convaincre l’assemblée que l’hypnose est la solution aux tracas de la vie de l’étudiant.

Programmation diversifiée et pourtant uniforme

Cette journée de conférences était le fruit de la fusion un peu forcée entre le projet de l’initiateur premier du projet de cette année, Iman Hosseini, étudiant de deuxième année en droit, et celui de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). Celle-ci, ayant organisé les volets des années passées, n’entendait pas se laisser reléguer à l’arrière-plan.

« Avant l’implication de la FÉUO, j’avais commencé à approcher des professeurs et des juges, mais l’on m’avait dit « non, tout le monde doit passer par le processus d’application, que vous soyez étudiant, professionnel ou professeur », raconte M. Hosseini. « Nous avons reçu plus de 95 candidatures parmi lesquelles nous avons dû en choisir 10. Eux voulaient une discussion centrée sur les étudiants, je voulais beaucoup de professeurs, nous avons dû faire des compromis ».

Plusieurs conférences se démarquaient surtout comme des témoignages personnels en dépit des règlements annoncés par la vice-présidente aux affaires sociales, Ikram Hamoud, en entrevue avec La Rotonde en mars dernier. « Nous suivons certaines règles. Par exemple, une personne qui aurait proposé de ne parler que de son vécu personnel, on ne peut pas accepter », avaitelle alors précisé.

Alors que l’événement ne précisait aucun thème, les deux vidéos projetées portaient sur des sujets relativement similaires, la lutte contre le racisme et la nécessité de l’intersectionnalité des mouvements sociaux, thèmes récurrents de beaucoup d’événements organisés par la FÉUO de cette année.

« Pour les vidéos que l’on se doit de montrer, j’en avais d’autres à l’esprit, mais quand je suis arrivé ce matin, ils les avaient déjà sélectionnées », confie M. Hosseini, qui explique aussi avoir reçu les biographies des orateurs le matin même de la conférence.

Sur le site web mis en place par la FÉUO, les biographies des participants ne sont pas pas disponibles. Bien qu’au moment même de la conférence peu de gens se soient connectés au Livestream, les vidéos en ligne cumulent maintenant quelques centaines de visionnements. Aucun lieu de diffusion n’aura été installé en dehors de la salle pour permettre à une plus grande communauté étudiante de se rassembler pour visionner.

« C’était un peu précipité, mais bon, on peut espérer que la mécanique soit bien en place pour l’année prochaine » affirme M. Hosseini.

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