– Par Samuel Lafontaine –
Mardi dernier avait lieu la conférence « Stephen Harper and the UN in a Time of Terror ». La salle était pleine pour entendre le conférencier, Scott Staring, PhD, parler de la vision du premier ministre du Canada vis-à-vis l’Organisation des Nations unies (ONU). La conférence se déroulait en anglais.
Patti Lenard est professeure à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales (ÉSAPI) de l’Université d’Ottawa et c’est elle qui a eu l’idée d’inviter Scott Staring pour faire une présentation. « Scott est mon ami depuis 15 ans. Il m’a demandé s’il y avait possibilité de venir ici. Il était intéressé de discuter de ses idées à Ottawa et d’échanger avec des gens de l’agenda de Harper [sur la politique étrangère] », explique-t-elle.
M. Staring est diplômé en sciences politiques de l’Université de Toronto et enseigne présentement un cours de philosophie et politique au Georgian College. Durant la conférence, il a tenté d’expliquer la perception qu’a Stephen Harper de l’ONU d’abord en tant que chef de l’opposition lors de la guerre en Iraq en 2003 puis à titre de premier ministre à partir de 2006.
La thèse de M. Staring est que Harper voit l’ONU comme une organisation bureaucratique neutre sensée remplacer les nations souveraines porteuses de morale. Pour le premier ministre, la tradition canadienne en matière d’affaires étrangères est donc contradictoire avec le besoin de défendre des principes moraux lors d’une période de terreur.
Une vision avec laquelle le conférencier n’est pas d’accord
Durant la conférence, M. Staring s’est dit inquiet pour l’avenir et a notamment déclaré : « J’enseigne à des gens assez jeunes. J’ai grandi sous l’époque Trudeau et eux ils n’ont rien connu mis à part Harper, donc je serais très préoccupé si un changement n’arrive pas prochainement ».
Lorsqu’on lui a demandé de préciser sa pensée, il a affirmé que ce qui le préoccupe est le manque de repère historique de ses étudiants. « Ils n’ont aucune conception pré-Harper de ce qu’était la politique étrangère », croit-il.
Selon lui, la politique étrangère actuelle des conservateurs prendrait racine à la fin de la guerre froide et se baserait en grande partie sur le rejet de la politique étrangère des libéraux depuis Lester B. Pearson. Une politique qu’avait pourtant continué le progressiste-conservateur Brian Mulroney.
« Mulroney s’est battu très fort contre l’apartheid en Afrique du Sud et croyait fermement au [rôle] des Nations unies », ajoute-t-il.
Voyant une rupture au sein même du mouvement conservateur, M. Staring décrit la politique étrangère canadienne actuelle en ces termes : « Je ne suis pas convaincu que la vision de Harper poursuit un objectif, je crois qu’elle vise plutôt à défaire cet historique d’implication avec l’ONU [que le Canada avait autrefois] ».
Il ne croit cependant pas que les changements apportés par Stephen Harper à la politique étrangère du Canada soient permanents. Selon lui, il serait possible de « retrouver certaines de nos bonnes positions sur l’ONU ».